Histoires de vagin : le point sur la mouille

Comme le chante la grande Cardi B : « Now get a bucket and a mop, that’s some wet ass pussy » (Attrape un seau et une serpillère / Ça c’est une chatte bien trempée). Eh oui, les vagins savent se mouiller. C’est l’une des nombreuses merveilleuses choses qu’ils sont capables de faire. Si vous avez-vous -même un vagin, nous espérons que vous appréciez pleinement son humidité.

Si ce n’est pas le cas, sachez que vous n’êtes probablement pas la seule. Les personnes avec des vagins, les femmes se sont vu rabâcher sans cesse qu’il fallait cacher leur corps, qu’elles devaient en avoir honte. Alors que dans le même temps, le corps des femmes a été sexualisé à outrance… Inextricable !

Il existe beaucoup de gêne autour de l’humidité vaginale, alors même qu’il s’agit d’une fonction biologique basique. Pourquoi les vagins s’humidifient-ils ? D’où vient la « honte » sociétale qui lui est associée ? Comment profiter au mieux de cette humidité vaginale ? On espère que vous êtes bien venu(e)s avec votre seau et votre serpillère parce qu’on est bien décidé à vous partager tout ce que l’on sait sur le sujet.

Pourquoi et comment les vagins « mouillent-ils » ?

Nous allons vous apprendre quelque chose que vous n’avez probablement pas appris en cours de SVT. Qu’est-ce que la mouille vaginale ou la lubrification ?

La lubrification vaginale fait partie de l’excitation sexuelle physiologique chez les personnes ayant un vagin. La lubrification provient du col de l’utérus et des sécrétions des glandes de Bartholin. Lors de l’excitation, on assiste à une augmentation du flux sanguin dans la région pelvienne. Cela entraîne une fuite de 3 à 5 ml de liquide en moyenne à travers les cellules de la muqueuse vaginale. Ce fluide vaginal est très similaire au sang, à l’exception des globules rouges et d’autres structures qui sont filtrées.

Bien sûr, l’excitation est plus complexe et plus nuancée qu’une fonction physiologique. C’est pourquoi, on peut mouiller sans être excitée, et on peut être excitée sans mouiller.

Et disons-le franchement : à moins que vous n’ayez des pertes à forte odeur, des démangeaisons ou des douleurs, on en parle jamais d’un excès de lubrification lors d’une phase d’excitation.

À l’origine de la honte autour de la mouille

Vous avez probablement déjà entendu parler d’Hippocrate, médecin grec de l’Antiquité, considéré par beaucoup comme le père de la médecine. S’il a indéniablement contribué à l’évolution de la médecine, il avait néanmoins des idées bizarres sur les vagins.

Il comparait les structures gynécologiques à des lits de rivière, ce qui est plutôt cool, bien qu’anatomiquement incorrect, affirmant en substance que le corps féminin est un microcosme de terre, entouré de ses canaux d’eau.

En ce qui concerne l’excitation, il a dit que les femmes éjaculent à partir de leur corps (c’est vrai). Il arrive aussi qu’elles éjaculent dans leur utérus, ce qui a pour effet d’humidifier l’utérus. Non, ce n’est pas comme ça que ça marche Hippo.

Il a également déclaré que le corps féminin est spongieux, lâche et capable d’absorber beaucoup de liquide, pouvant provoquer un « excès » d’humidité. Cela a alimenté l’idée que les femmes étaient physiquement inférieures aux hommes parce qu’elles sont plus « mouillées ». On a longtemps cru que le but des menstruations était d’évacuer l’excès de liquide du corps afin d’éviter une accumulation dangereuse. Vous nous voyez lever les yeux au ciel ? Même s’il est évidemment plus facile de penser autrement aujourd’hui avec la somme des connaissances médicales accumulées au fil des siècles.

Différentes thérapies ont été créées pour aider les femmes à « se débarrasser de leur humidité », ce qui a probablement causé des dommages à long terme. Les choses se sont améliorées pour les personnes ayant un vagin, mais cette honte a tendance à persister.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les choses ne se sont pas arrêtées après Hippocrate. La honte liée à l’humidité vaginale est partout. Dans les médias, dans les rayons des magasins et même dans nos relations.

De nombreuses personnes pensent encore que leur vagin est trop humide, qu’il sent mauvais ou qu’il est sale. Des choses aussi banales que feuilleter un magazine féminin, scroller sur les réseaux sociaux ou regarder la télévision peuvent alimenter ces croyances. Le nombre de contenus (et des soi-disant challenges qui leur sont associés) sur la propreté des sous-vêtements n’est qu’un des nombreux exemples qui montrent que les gens ont honte des pertes et de l’humidité vaginales – pourtant normales.

L’industrie de l’hygiène féminine a perpétué la honte liée à l’humidité et aux sécrétions vaginales en vendant des produits comme les déodorants intimes ou les lingettes nettoyantes. Le vagin possède son propre microbiote et il est autonettoyant. Ces produits d’hygiène féminins sont totalement inutiles et peuvent entraîner des déséquilibres et des infections vaginales et, comble de l’ironie, avoir un impact sur votre vie sexuelle.

Votre relation actuelle ou vos expériences précédentes peuvent être à l’origine d’un sentiment d’insécurité face à ces questions d’humidité vaginale. Si un partenaire vous a déjà fait des commentaires ou s’est plaint de votre mouille, que ce soit sur votre corps ou sur le lit, vous risquez d’en garder des séquelles et d’en avoir honte.

Quid si vous ne mouillez pas ?

Si les femmes ont pu avoir honte de leur production vaginale, il a également pu leur être reproché à l’inverse d’être trop sèches. Comme dans bien des domaines, il est une fois de plus reproché aux femmes tout et son contraire.

S’il est normal d’avoir un vagin humide, il est également courant de souffrir de sécheresse vaginale. La sécheresse vaginale est le plus souvent causée par les changements hormonaux au moment de la ménopause, mais elle peut aussi être due à une baisse des niveaux d’œstrogènes après une grossesse, ou bien encore à la prise de certains médicaments ou à certaines pathologies.

Si vous souhaitez remédier à votre sécheresse vaginale, vous pouvez envisager de prendre des médicaments hormonaux, de changer – en accord avec votre médecin- les médicaments qui pourraient la provoquer.

Le lubrifiant est également un outil formidable ! L’utilisation de lubrifiant peut vous aider à profiter de votre vie sexuelle, quel que soit votre niveau de lubrification naturelle.

Même si vous avez tendance à mouiller naturellement, il se peut que vous ressentiez une sécheresse vaginale après avoir eu des rapports sexuels réguliers pendant un certain temps, ou qu’il vous faille un certain temps pour que votre vagin s’humidifie. N’hésitez pas dans ce cas à vous procurer un tube de lubrifiant. Que vous pratiquiez avec un partenaire ou en solo avec votre sextoy préféré. Vous nous remercierez.

Vive les vagins !

Après des siècles d’idées bizarres (et fausses) à propos du corps féminin qui ont su perdurer jusqu’à nos jours, il peut être difficile d’accepter son corps, et encore plus de l’aimer. Apprendre à aimer son vagin et son humidité (ou son absence d’humidité) peut se résumer à deux choses :

  1. Comprendre qu’il s’agit simplement d’une partie du corps et que tout ce qu’il fait ou ne fait pas est simplement une fonction biologique.
  2. Le vagin est une partie incroyable du corps qui possède son propre microbiote, qui peut porter et donner la vie si vous le souhaitez, et qui est capable de vous procurer d’infinies quantités de plaisir.

Il n’y a pas lieu d’avoir honte de l’humidité vaginale. Vous n’êtes pas sale, vous ne manquez pas d’hygiène et vous n’êtes pas moins bien. Vous êtes un être humain normal dont une partie du corps fait ce pour quoi elle a été conçue. Normalisons tout ce qui a trait au corps.