Partagez ses sextoys avec son ou ses partenaires : bonne ou mauvaise idée ?

Partagez-vous vos sextoys avec votre partenaire ? La possession et l’utilisation de jouets sexuels sont aujourd’hui définitivement populaires – 52,5 % des femmes et 44,8 % des hommes déclarent avoir utilisé des jouets sexuels au moins une fois dans leur vie.

Alors que les sextoys étaient autrefois réservés à un usage solitaire, de plus en plus de personnes n’hésitent pas à les utiliser avec leur partenaire. C’est une excellente nouvelle car l’utilisation de sextoys pendant les rapports sexuels avec un partenaire présente de nombreux avantages, en particulier pour les femmes.

Est-il prudent de partager ses sextoys avec son ou ses partenaires ? C’est ce que nous allons voir.

Comment partager ses sextoys en toute sécurité

Les risques pour la santé

Si vous avez tendance à partager vos sextoys avec votre partenaire ou si vous avez plusieurs partenaires avec lesquels vous utilisez les mêmes jouets sexuels, il est important de comprendre les risques pour la santé.

La recherche montre que le partage de jouets sexuels entre partenaires sans méthode de protection (préservatifs internes ou externes, digues dentaires, etc.) débouche fréquemment sur la présence de papillomavirus, de vaginose bactérienne et d’infections à candida chez les femmes. Le risque d’infections urinaires est également plus élevé.

Une étude portant sur 326 femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes a révélé que 25 % des participantes souffraient de vaginose bactérienne. Les chercheurs pensent que cela pourrait être dû au fait que les femmes ne nettoient jamais ou seulement de temps en temps un jouet d’insertion entre deux utilisations avec une partenaire.

Une autre étude datant de 2014, publiée dans la revue Sexually Transmitted Diseases, se demande si le papillomavirus humain (HPV) peut vivre et survivre sur les jouets sexuels insérés par voie vaginale. Les chercheurs ont comparé des jouets sexuels fabriqués en silicone, matériau non poreux, et en élastomère thermoplastique (ou TPE), qui lui poreux.

Analysés immédiatement après leur utilisation et leur nettoyage, 56 % des sextoys en élastomère thermoplastique et 44 % des sextoys en silicone présentaient des traces de HPV. Les traces de HPV sont restées sur les jouets jusqu’à 24 heures après leur utilisation et leur nettoyage.

On le voit ici le partage de jouets sexuels avec votre ou vos partenaires présente de sérieux risques pour la santé, même si vous désinfectez et nettoyez vos jouets sexuels.

Comment partager ses sextoys en toute sécurité ?

Le fait qu’il existe des risques pour la santé liés au partage des jouets sexuels ne signifie pas que vous devez acheter de nouveaux sextoys pour chaque partenaire ou en avoir une réserve pour chacun.e de vos partenaires si vous êtes dans une relation non monogame consentie.

Certaines personnes engagées dans une relation polygame choisissent de séparer leurs jouets et d’en utiliser des différents avec chaque partenaire, il existe des moyens d’accroître la sécurité de l’utilisation des mêmes jouets sexuels.

Encourager une communication honnête

Bien entendu, une communication honnête avec votre (vos) partenaire(s) sur l’utilisation et le partage des jouets sexuels est essentielle. Veillez à discuter de vos limites et de ce qui vous convient, à vous et à votre (vos) partenaire(s), en matière d’utilisation de jouets sexuels.

Chacun a des préférences différentes, et certain.e.s peuvent ne pas aimer l’idée de partager des jouets sexuels insérables, alors que le partage d’autres jouets comme les fouets ne leur posent aucun problème. Soyez honnête et direct.e, et demandez à votre (vos) partenaire(s) de faire de même.

Il est également bon de parler tests de dépistage des IST et de leurs résultats. Si vous êtes dans une relation non monogame avec plusieurs partenaires, il est essentiel que tous les partenaires impliqués se protègent à chaque rapport. Si vous n’êtes pas à l’aise avec le fait qu’une personne n’utilise pas de méthode de contraception avec l’un.e de ses partenaires, faites le savoir à la personne en question.

Faites attention aux matériaux de vos sextoys

Si vous souhaitez partager vos jouets sexuels, vous devez vous concentrer sur le choix du bon matériau. Il est toujours préférable d’acheter des jouets sexuels fabriqués à partir de matériaux de qualité et non poreux, tels que le silicone de qualité médicale, l’acier inoxydable et le verre borosilicate.

Ce n’est pas parce que l’étiquette d’un jouet sexuel indique qu’il est « sans danger pour le corps » qu’il peut être partagé. Des matériaux comme l’élastomère thermoplastique (ou TPE) sont poreux, mais portent la mention « sans danger pour le corps ». Les matériaux poreux abritent les bactéries et sont plus difficiles à nettoyer.

Si vous optez pour du silicone de qualité médicale, de l’acier inoxydable et du verre borosilicate, vous réduisez les risques de transmission de bactéries entre partenaires.

Désinfection et lavage soigneux

Des études montrent que 60 % des femmes nettoient leurs jouets sexuels avant et après chaque utilisation, mais que 14 % d’entre elles ne lavent jamais leurs vibromasseurs. Le nettoyage de vos sextoys est important lorsque vous les utilisez seule mais il est vraiment crucial lorsque vous les partagez avec votre (vos) partenaire(s).

Le silicone de qualité médicale, l’acier inoxydable et le verre borosilicate peuvent être lavés à l’aide de nettoyants spécialisés pour jouets sexuels ou à l’eau chaude avec un savon doux. Si vos jouets en silicone ne vibrent pas (comme un gode par exemple), ils peuvent également être bouillis dans de l’eau chaude, ce qui permet d’éliminer les odeurs (utile pour les jouets comme les plugs) et de les désinfecter. Les jouets en acier inoxydable et en verre borosilicate peuvent être bouillis en toute sécurité.

Si vous lavez correctement vos jouets sexuels et que vous le faites souvent, cela devrait également contribuer à réduire les risques de transmission de bactéries entre votre partenaire et vous-même.

Attendez 24 heures

Les études montrent qu’après 24 heures, il subsiste plus de traces de HPV sur les jouets sexuels. Si vous partagez des jouets sexuels avec votre (vos) partenaire(s), il peut être utile d’attendre 24 heures entre chaque partage de sextoys.

Une méthode protective

Si vous êtes dans une relation au sein de laquelle vous n’utilisez plus de moyens de contraception barrière (préservatifs internes ou externes, de digues dentaires, etc.), l’utilisation d’une méthode dite de barrière sur vos sextoys ne vous semble peut-être pas nécessaire. Cependant, cela peut valoir la peine d’y réfléchir si vous êtes dans une relation non monogame consentie et que vous n’êtes pas sûr des antécédents sexuels de chacun.

L’utilisation d’une méthode de barrière minimise les risques de transfert de bactéries et de contraction d’IST. En outre, elle protège contre la grossesse. Même si vous partagez un jouet sexuel avec un seul partenaire, dont vous connaissez les antécédents sexuels, il peut être utile d’utiliser une méthode de barrière avec vos jouets sexuels si vous utilisez un jouet sexuel inséré dans le vagin et dans l’anus.

Comme vous le savez, la microflore vaginale est très sensible et le fait d’introduire les bactéries de l’anus dans le vagin peut perturber l’équilibre et augmenter les risques d’infection. L’utilisation d’une méthode de barrière dans ce cas permet de protéger la microflore vaginale.