Congés Payés – Partie 2

 

Noelly ne s’en remettait pas. Comment avait-elle pu se retrouver dans une situation pareille ? Une sensation sourde, enivrante, envahissait progressivement son bassin et toute son énergie se déployait à l’ignorer. Un peu comme son Chef face à elle semblait ignorer l’expresso qui refroidissait, à l’inverse de la température sous sa jupe plissée. Sa main tendue vers lui restait désespérément vide. Il attendait sa réponse, si elle ne trouvait rien de convaincant à lui dire il passerait sans vergogne et sans s’en apercevoir au « niveau 3 » qu’elle n’était même pas sûre de pouvoir endurer debout. L’échelle des possibilités sur laquelle elle se tenait en précaire équilibre se déployait depuis la perspective de la faire jouir à celle de la faire virer…

Charlie n’avait pas rêvé : le regard perdu de sa désarmante collègue venait d’effectuer un aller-retour rapide jusqu’à l’arme du crime ! A court de sang froid et de bonnes manières, elle envisageait sérieusement de la lui arracher des mains. Cela le fit sourire, tout en lui fournissant un indicateur du degré de détresse qui la submergeait.

« Dites-moi ce qui se passe, et je vous la rends. » promit-il. Noelly sembla peser ses mots avec soin :

« J’ai un problème, d’ordre confidentiel, avec cet objet. Une explication partielle pourrait-elle vous convenir ? ». Il hocha la tête et l’écouta attentivement tandis qu’elle lui en disait assez pour abreuver sa curiosité, sans l’étancher toutefois.

« En résumé, tout en travaillant sur vos dossiers ce matin, vous testez ce… dispositif ? » énonça Charlie en réemployant fidèlement les termes qu’elle avait utilisés. Noelly acquiesça.

« Vous le testez en ce moment même ?» reprit-il, insistant. Nouvelle approbation muette. Elle avait sincèrement l’air au désespoir, il était à deux doigts de lui remettre l’objet du délit. Mais de quel délit exactement ? Quelque chose lui disait qu’il ne le saurait jamais s’il ne lui arrachait pas la réponse. Rivant son regard sombre au sien, il pressa une nouvelle fois le bouton.

La surprise la privant de toute forme de défense, elle ne put ni retenir le gémissement, ni garder l’équilibre. Appuyée au bureau de son supérieur, Noelly s’interrogea en relevant les yeux vers lui : qui, de l’incrédulité ou de l’ironie, dessinait l’ombre de sourire qui passa sur ses lèvres… Game Over. Il avait compris. Impuissante, elle attendait simplement le verdict en luttant contre le plaisir encombrant qui la dérobait au bon sens.

« Sachez que je n’apprécie pas, du tout… » commença-t-il, en appuyant bien sur les deux derniers mots. « Ce n’est pas une attitude tolérable au sein de mon équipe. Vous faites ce que vous voulez en dehors, mais entre ces murs, j’attends un comportement, une éthique, d’un niveau plus élevé que celui que j’ai sous les yeux en ce moment ». Noelly plantait ses ongles dans le bois, ses reins se cambraient malgré ses efforts pour les maintenir sous contrôle et sa respiration avait des ratés. Il attendait quoi pour tout arrêter ?

« Pouvez-vous l’éteindre s’il vous plait  » articula-t-elle essoufflée.

« Comment faut-il s’y prendre… est-ce que j’appuie sur moins ? » La question fut posée d’un ton si gratuitement narquois qu’elle lui donna le courage de le regarder en face. Ses yeux semblaient s’obscurcir à chaque nouveau regard qu’ils échangeaient, elle n’était pas certaine de sortir indemne de la déception qu’elle lui avait causée. Comme pour confirmation, il appuya sur +.

Il voulait lui dire combien il était déçu. Que jamais il n’aurait imaginé la voir en une pareille situation. Mais quelque chose de plus exigeant que les reproches, de plus dominant que la contrariété, avait pris le contrôle. Tout en lui adressant son discours de supérieur hiérarchique, le champ de vision de Charlie déviait. Les jointures blanches de Noelly accrochée à sa table, ses cuisses qui froissaient les plis de sa jupe, crispées l’une contre l’autre, sa poitrine qui se soulevait sous le voile de coton blanc, mettant à rude épreuve les premiers boutons de sa chemise… et lui avec. Il poursuivit sa tirade moralisatrice, tentant de reprendre ses esprits tant qu’il le pouvait.

« Nous pourrions effectivement en rester là. Mais comment être sûr alors de vous avoir fait efficacement passer l’envie de recommencer ? » Par-dessus tout, comment se dérober au spectacle de Noelly aux portes de l’orgasme sur son propre bureau… Une tentation déloyale lui posait de perverses questions. A qui donner un peu d’aisance en le déboutonnant en premier : à son chemisier à elle ? A sa braguette à lui ? Les deux étaient tendus à bloc. Charlie se rapprocha. Il lui suffit de frôler ses lèvres des siennes pour que Noelly l’embrasse voracement.

« Putain de baguette magique …» souffla Charlie en effectuant la pression ultime.

Noelly abandonna la partie, laissant le ravageur « niveau 6 » l’emporter tout contre la bouche de son patron, qui la regardait jouir rien que pour lui sans avoir eu seulement besoin de poser la main sur elle. Les vibrations faiblirent rapidement puis disparurent. Charlie avait trouvé le bouton off finalement … Où poser ses yeux à présent, pour éviter son regard d’encre ? Elle les baissa sur son t-shirt blanc, ses bras bronzés, marqua enfin une hypnotique pause sur l’érection que peinait à contenir son pantalon. Ses cuisses encore hors de contrôle s’écartèrent toutes seules au passage de la main gauche de Charlie, qui avait enfin lâché la télécommande. Il parvint sans résistance jusqu’à sa culotte trempée, dont il la débarrassa d’un mouvement brusque. Ses doigts trouvèrent le petit vibreur qu’il lui retira plus doucement.

« Minuscule », commenta-t-il, en l’aidant à se redresser, avant de conclure « J’ai vraiment hâte de lire votre prochaine chronique ».

« Je crains que la chute soit un tant soit peu négligée » tempéra-t-elle, « lorsque l’auteur reste sur sa faim, ses lecteurs aussi ».

« J’oubliais votre conscience professionnelle », s’excusa-t-il. Demi-tour imposé face au bureau. Noelly n’eut d’autre choix que de s’y soutenir à nouveau. « Je m’en voudrais si par ma faute, vous manquiez de matière ». Quand il se colla à ses reins, elle le sentit bander à travers leurs vêtements.

Puisque « foutu pour foutu » demeurait le mantra sans appel de ce lundi matin, Charlie se résigna à l’appliquer à ce que l’ultime provocation de Noelly venait de déchaîner chez lui.

Les boutons de son pantalon cédèrent, il se dégagea de son caleçon. Sous le fin tissu de la jupe, Noelly ne portait plus rien. Il plaqua sa queue contre ses fesses. « C’est ce que tu veux ? » lui souffla-t-il à l’oreille. Il se raidit davantage en la sentant se cambrer doucement. Le scintillement de l’alliance à l’annulaire de son assistante le retint un quart de seconde alors que ses mains glissaient plus loin, plus en avant sur la table. Il tira sur le voile qui le séparait vainement de sa peau nue. Plus il dévoilait sa chute de reins, plus il recouvrait ses remords. Il savourait la vue de son sexe durci par l’anticipation se frottant à ce cul, auquel il n’avait jamais jusqu’à ce jour accordé la moindre attention. Il adora l’insinuer entre ses cuisses, la sentir se mouiller sous ses caresses. Sa main à lui aussi avait beau porter un anneau, elle s’apprêtait pourtant à concurrencer l’électronique…

Etourdie par ce second orgasme offert par la direction en guise de prime de congés d’été, Noelly s’inclina au propre et au figuré, les avant-bras en appui sur ce décidément fabuleux bureau. Le Test Produit avait viré au comparatif entre l’homme et la machine. Niveau mensurations, Charlie l’emportait sans problème. Niveau performances, elle n’en pouvait plus de savoir si son engin valait le sien. Celui du Chef, dépourvu de télécommande, tiendrait-il la distance ?

Charlie la pénétra lentement, en la tenant fermement par les hanches. « Intensité 1 » jugea Noelly, soulagée qu’il se tienne derrière elle pour ne pas avoir à justifier son sourire. Elle le sentit se pencher sur son dos : « Combien de fois appuyez-vous sur + ? ». Ce n’était pas la première fois qu’il lui donnait l’impression d’être un livre ouvert.

« Faites le maximum » hasarda-t-elle, lui empruntant volontairement ces trois mots sur lesquels il concluait généralement les entretiens individuels ou réunions qu’il animait.

La brutalité du coup de rein qu’elle reçu en réponse à son trait d’humour lui coupa le souffle. De « 1 » à « 6 », sans s’encombrer des intermédiaires. Sur la réactivité Charlie marquait un point.

Il devinait les jambes de Noelly faiblir sous le rythme agressif et régulier de ses assauts. Il prenait le temps de les regarder, tendues sur ses talons hauts, quand il se retirait pour la reprendre encore plus profondément. Une position dans laquelle il n’aurait jamais songé avoir la satisfaction de la contempler, et moins encore de la pilonner… Maintenir le niveau sonore du plaisir sans retenue de la plus discrète de ses collaboratrices exigeait de tenir une cadence inattendue. Habitué à du sexe tendre, généreux, nu et dans un lit, Charlie était un garçon attentionné. Il constatait qu’une formule levrette brutale- pantalon tout juste baissé-jupe à peine relevée confirmait agréablement ses capacités d’adaptations. Cette baise dans les règles de l’art lui faisait un bien fou à lui aussi.

Noelly, qui dans ses articles prêchait en faveur des hautes sphères de plaisir assuré que procurait sans faiblir les divers jouets qu’elle avait eu à l’essai, sentait ses opinions défaillir. Mises à mal par la queue prête à exploser de Charlie, qui lui donnait précisément ce qu’aucun sextoy n’avait à offrir. Elle aurait voulu ignorer qu’il savait si bien s’en servir. Un sentiment sans précédent dans ses divertissements érotiques.

Elle s’en voulait d’aimer ça, mais se rendait à l’évidence de l’attraction du contexte, sans parler de son talent pour la prendre par derrière. Son Chef avait une façon remarquable, virile et puissante de la lui mettre. Ce que Noelly aurait préféré ne jamais savoir… Elle jouit pour la troisième fois sur le bureau.

Avant de la suivre de près, Charlie eu la présence d’esprit de noter mentalement le score : sauf erreur de sa part, 1 pour la machine, 2 pour lui. Sa victoire se répandit puissamment, en un long spasme extatique.

Conclusion

Charlie devait admettre que le surprenant passe-temps de Noelly venait de spectaculairement enrichir la liste de ce qui lui faisait prendre son pied au boulot.

Pour sa part, Noelly devait admettre l’effet surprenant produit par Charlie qui, spectaculairement doué avec sa queue, venait d’une façon non négligeable d’enrichir son article.

Fin

La Plume et le ScarabéeArticle écrit par La Plume et le Scarabée

« Elle ne cherchait pas le plaisir d’autrui. Elle s’enchantait égoïstement du plaisir de faire plaisir » (Simone de Beauvoir).
L’encre est une muse délicieuse que j’aime voir couler et se répandre sur le papier.

L’écriture est un guide… Cédez à la tentation par le plaisir des mots.

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