Étude IFOP pour LELO : Les Français font-ils moins l’amour ?

Une étude réalisée par l’IFOP pour LELO interroge la sexualité des Français. L’une des conclusions de cette enquête réalisée auprès de 1 911 personnes au mois de décembre 2023 est que les Français connaîtraient actuellement une « sex-recession ». Que se cache-t-il sous ce terme ? Les Français font-ils moins l’amour ? Que nous apprend l’enquête ? Découvrez les résultats détaillés dans cet article.

Le phénomène de récession sexuelle

Il n’est pas nouveau et est observé dans bien des pays depuis plusieurs années (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne…). Les causes sont diverses : on parle du temps passé devant les écrans mais également d’une forme de désintérêt pour la bagatelle.

Un phénomène sans précédent depuis 15 ans

Jamais les Français et les Françaises n’ont aussi peu fait l’amour. On estime que 76 % d’entre eux ont eu un rapport sexuel au cours des 12 derniers mois (ce qui correspond à une chute de 15 points depuis 2006 – étude CSF). Le taux d’activité sexuelle dans l’Hexagone serait plus bas que celui de 1970.

Il semble que cette montée d’inactivité sexuelle concerne en particulier les populations les plus jeunes : plus d’un quart des jeunes de 18 à 24 ans, initiés sexuellement (28 %) admettent ne pas avoir eu de rapport en un an, soit 5 % plus qu’en 2006. Mais c’est également le cas chez les 50-59 ans (+ 25 points d’inactivité sexuelle) et les 60-69 ans (+ 16 points d’inactivité sexuelle). Un phénomène assez généralisé.

En parallèle de ces données, il semble que l’activité sexuelle de la population perde également en intensité. Pour preuve : la baisse de la fréquence hebdomadaire des rapports sexuels des Français (es). En 2009, 58 % de la population interrogée déclarait avoir en moyenne un rapport sexuel par semaine. En 2023, seuls 43 % de la population reconnaît tenir ce rythme.

Comment l’expliquer ?

Une des pistes évoquées par l’enquête est celle d’une dissociation croissante entre conjugalité et sexualité à laquelle vient s’ajouter un désintérêt de plus en plus marqué pour le sexe. Par exemple, 62 % des Françaises accordent aujourd’hui de l’importance à la sexualité dans leur vie contre 82 ‰ en 1996.

Le rapport au consentement a beaucoup évolué ces dernières années (on s’en félicite). D’après cette étude, les Françaises accepteraient moins de se forcer à faire l’amour lorsqu’elles n’en ont pas envie. Ainsi 52 % des femmes âgées de 18 à 49 ans déclarent qu’il leur arrive de faire l’amour sans en avoir envie contre 76 % en 1981. On assiste à une lente – mais certaine – déconstruction de la notion de devoir conjugal.

Autre fait marquant de cette étude : plus de la moitié des femmes adultes (54 %) et 42 % des hommes, déclarent qu’ils pourraient continuer à vivre avec quelqu’un dans une relation purement platonique (plus de 14 points de plus pour les femmes par rapport à l’année 1981).

La concurrence d’activités sexuelles numériques

50 % des jeunes hommes de moins de 35 ans vivant en couple sous le même toit et 42 % des jeunes femmes dans la même situation reconnaissent avoir déjà évité un rapport sexuel pour regarder un film ou une série à la télévision ou sur une plateforme (Netflix, OCS…)

Cette concurrence des écrans sur le sexe pour d’autres loisirs comme les jeux vidéo – préférés au sexe par 53 % des hommes de moins de 35 ans vivant en couple – ou les réseaux sociaux de partage de photos ou de vidéos (préférés au sexe par 48 % des hommes de moins de 35 ans vivant en couple).

Des résultats qui tordent le cou aux clichés véhiculés par les fictions et les magazines au sujet d’une vie sexuelle épanouie impliquant des relations sexuelles frénétiques et nombreuses au sein du couple.

De plus en plus de Français(es) se déclarent par ailleurs asexuels (15 % des femmes et 9 % des hommes interrogés).

Le plaisir en solitaire

L’étude démontre également que 30 % des interrogés ont déjà évité un rapport sexuel pour se faire plaisir en se masturbant avec leur main (32 % des hommes et 26 % des femmes) ; 32 % en se masturbant devant des images pornographiques ; et 34 % en se masturbant avec un sextoy.

 

Les chiffres présentés dans cet article sont tous issus de l’étude évoquée : « Étude Ifop pour LELO réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 29 décembre 2023 au 2 janvier 2024 auprès d’un échantillon de 1 911 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus ».