L’Odyssée – Fiction érotique – Première partie

Jake se cogna la tête contre son casier en métal et grogna.

« J’ai M. Hein en Santé. Le mec avec les dents jaunes. Quel gachis. Je vais encore progresser en gribouillages cette année… Tu as qui toi ? »

Mark parcourut son planning du semestre à venir.

« Mme Larson, juste après le dej. »

« Mme Larson ! Mec, t’as beaucoup trop de chance. J’en reviens pas. » Jake décocha un coup de poing dans le bras de Mark.

« Elle est bonne ? » demanda-t-il en rendant son coup de poing à Jake.

« C’est totalement injuste que tu l’aies. J’ai envie d’être dans sa classe depuis ma première année. Mais je ne l’ai jamais eue, pas même au cours de mon dernier semestre. Je jure que l’univers est contre moi. Il me déteste, il me déteste, il me déteste ! »

Jake regarda vers le haut et, levant les deux mains, il demanda : « Mais qu’est-ce que j’ai fait pour que tu me détestes à ce point ? »

Mark rit. « Elle est assez bonne pour te faire croire que l’univers t’a maudit ? »

« Mark, Mark, Mark. » Jake passa son bras autour de ses épaules, comme un père prêt à donner une leçon de vie à son fils. « Il est évident que tu n’y connais rien. Laisse-moi te dire qu’il y a des histoires – des histoires vraies – à propos de Mme Larson. J’ai entendu des récits de première main qui sortent de l’ordinaire. »

Voyant la nonchalance de Mark, il lui attrapa le devant de son t-shirt Metallica.

« Des choses incroyables ! Fantastiques ! Des choses qui n’arrivent que dans la fiction ! »

Mark retira la main de Jake de son t-shirt et entreprit de le lisser.

Jake s’appuya contre le mur froid de casiers abîmés. « Univers, tout ce que je demande, c’est de vivre ma propre aventure avec Mme Larson. De devenir un héros ici. Un demi-dieu dans cette école. »

« Mais l’univers a dit non », plaisanta Mark.

« C’est obligé, c’est obligé. » Il baissa la tête et tata son épaule au point de la douleur causée par le coup de poing de Mark.

« Quelles sont ces histoires dont tu as entendu parler ? Elles doivent être vraiment, vraiment bonnes pour que tu sois si déprimé. »

« Des légendes, mon ami, des sagas sans pareilles, des événements qui ne se produisent qu’une fois tous les mille ans. »

Marc roula des yeux. « C’est quand le cours d’art dramatique déjà ? »

« En toute fin de journée. »

« Gardez ton talent pour ce cours. Arrête ton spectacle et parle-moi d’elle. »

Jake jeta un coup d’œil autour de lui, comme si quelqu’un pouvait l’écouter, en particulier l’univers.

« On dit que Mme Larson se fait appeler « Mme Joy » ».

Le front de Mark se plissa, car les paroles de Jake n’avaient pas réussi à réellement traverser son cerveau. « Tu veux dire qu’elle est heureuse. Et alors ? »

« Non, non, non. Je parle d’elle-même comme dans… » Ses yeux se baissèrent une fraction de seconde, tentant à nouveau de faire passer un message.

Une lumière s’alluma dans l’esprit de Marc. « D’elle-même, comme dans cette elle-même ? »

Jake se contenta de hocher légèrement la tête, les coins de sa bouche se retroussant tandis que Mark, qui avait la tête dure, comprenait enfin le message.

Soudain, l’étonnement de Marc disparut de son visage et le scepticisme le remplaça.

« C’est un peu tiré par les cheveux, non ? Comment quelqu’un pourrait le savoir ? Quelqu’un l’a entendue le dire ? »

« Elle l’a dit, mec. Des gens l’ont entendue le dire – je veux dire, ils ont vraiment entendu le nom rouler entre ses lèvres. »

« Quelles lèvres ? » Mark rit.

Il croisa ensuite les bras. « Je le croirai quand je l’entendrai moi-même le dire. Et seulement à ce moment-là. Ces histoires de professeurs peuvent durer des années. Un élève dit quelque chose et tous les autres le prennent pour la vérité de Dieu et le répètent. Ensuite, l’affaire prend des proportions démesurées. Mais tout a commencé par une « fausse vérité » ».

« Mon frère a dit qu’il avait entendu un ami d’un ami dire qu’elle l’avait dit en classe une fois. »

« Tu veux dire ton frère Robbie ? Ha ! » Il rejeta la déclaration de Jake. « Si Russell l’avait dit, je l’aurais peut-être cru. Peut-être. Mais Robbie ? Et quand était-il à l’école ? Il y a dix ans ? Est-ce que Mme Larson enseignait ici à l’époque ? »

« Tu fais comme tu veux, mon pote. Moi, je le crois quand même. » Il se frappa la poitrine avec son pouce.

Puis Jake regarda Mark en le suppliant du regard. « Vrai ou pas – pour moi, pour ton amie – sois attentif en classe, écoute chaque mot qu’elle dit, surtout quand le sujet est… »

La cloche située juste au-dessus de leur tête sonna bruyamment et résonna dans les couloirs et dans leurs oreilles.

« On en reparlera plus tard. »

Ils se séparèrent pour le premier bloc de cours.

Toute la matinée, l’évocation de cette conversation et de cette histoire intrigua Mark. Malgré son absurdité, et si l’histoire était vraie ?

Le premier cours se déroula lentement et le deuxième fut éternel. Le déjeuner était semblable à tous les déjeuners. Enfin, le troisième cours arriva.

Il s’assit au fond de la classe, un endroit stratégique d’où il pouvait voir tout ce qui se passait et éviter d’avoir derrière lui une salle pleine d’adolescents espiègles, avec des boules et des avions en papier.

Mme Larson entra après la sonnerie du début des cours. C’était une femme noire aux formes généreuses, avec une chevelure crépue aux reflets rouge foncé. Ses yeux minces donnaient l’impression d’une forte personnalité. Lorsqu’elle voulait quelque chose, elle devait l’obtenir. Pourtant, la nature stoïque qu’elle semblait dégager rendait l’histoire de Mme Joy encore plus farfelue. Cependant, tout en admirant sa professeure, Marc se dit que tout ceci était assez intrigant.

Ses lèvres brunes et brillantes s’entrouvrirent lorsqu’elle leur souhaita la bienvenue dans sa classe. Elle avait un large et beau sourire. Marc remarqua même sa langue rose dans la bouche, qui contrastait avec le reste de son corps.

Mme Larson parla brièvement d’elle, du programme de la classe et des sujets qu’elle aborderait au cours du semestre. Tandis qu’elle parlait, Mark remarqua ses longs doigts et les bagues en or qu’elle portait, dont un anneau serti d’un gros diamant au quatrième doigt. Il en conclut que Jake avait un fantasme fou à propos de cette enseignante. Néanmoins, Mark l’écoutait avec attention, juste au cas où quelque chose d’inattendu et d’improbable sortirait de ces lèvres.

Plus tard dans la journée, Mark annonça la mauvaise nouvelle à Jake. « Bon sang de bonsoir ! Elle ne l’a pas dit. » Il claqua des doigts d’un air sardonique.

« Nous avons tout un semestre devant nous. » Jake montra ses doigts croisés.

« Je pense que tu es stupide. »

« Tu ne crois toujours pas à ces histoires. Tu as besoin de l’entendre de la source. »

« Robbie l’a seulement entendu d’un ami qui avait un ami qui l’a entendu – qui est supposé l’avoir entendu d’ailleurs – dire « Mme Joy ». Qui sait si cela a été dit dans le bon contexte ! »

« Allons parler à Robbie. »

Quelques heures plus tard, Jake et Mark étaient assis par terre dans la chambre de Robbie. Elle était plongée dans une lumière noire et des posters et des couvertures bizarres brillaient dans l’obscurité. Le frère aîné de Jake était détendu dans son fauteuil. Il sourit en entendant le sujet qui intéressait les deux garçons.

« Ah, oui, Mme Larson, Mme Larson, » dit-il en se caressant le menton, « Quelle femme. Elle enseignait la santé mieux que n’importe quel autre professeur. »

Son sourire s’élargit. « Je ne savais pas dans quoi je m’embarquais lorsque j’ai pris place dans sa classe. »

« Elle enseignait déjà ici quand tu y étais ? » demanda Mark.

« C’était sa première année, oui. »

« Où as-tu entendu parler de « Mme Joy » ? » demanda Jake.

« Il s’appelait Barry Windell. Un beau gosse, les filles l’adoraient, elles lui tournaient autour. Il avait qui il voulait. Il ne se posait pas de questions. »

Mark secouait déjà la tête, mais il écoutait.

« Un jour, Barry a rencontré Mme Larson. Il lui a dit qu’il la voulait, qu’elle l’excitait depuis qu’il était dans sa classe. Et qu’il ne pouvait pas le supporter plus longtemps. »

Robbie tira une bouffée sur son joint et laissa la fumée s’échapper par ses narines.

« Elle était choquée, mais elle lui a dit : « Je savais que je t’excitais. C’est pour ça que je porte des jupes courtes et que je tourne le dos à la classe, pour que tu puisses mater mon gros cul » ».

Jake donna un coup de coude à Mark, tandis que son frère déroulait l’histoire de Mme Larson.

« C’est là que tout a commencé entre Barry et Mme Larson. Elle lui a dit : « Tu veux rencontrer Mme Joy ?  » Barry lui a répondu qu’elle devait d’abord rencontrer son homme. Alors elle s’est agenouillée derrière son bureau et l’a sucé. Ouais, c’est comme ça que ça s’est passé. »

« Tu dis qu’elle s’est agenouillée dans sa classe avant que tout le monde s’en aille pour la journée ? N’importe quoi. » Mark se prend la tête dans les mains. « C’est un peu trop exagéré pour que je le croie. Sans compter qu’un type qui peut avoir toutes les filles qu’il veut quand il le veut ? Aucun mec n’est aussi doué, même les hommes les plus riches du monde ne peuvent pas avoir accès à une chatte n’importe quand avec n’importe quelle fille. »

« Je n’arrive pas à croire que tu doutes encore de nous, » dit Jake. « Mec, c’est l’odyssée de notre école. »

« L’Odyssée n’est qu’un poème démesuré. Rien n’y est vrai, » répondit Mark.

Soudain, Jake eut une révélation. « Je comprends maintenant ! Mark, l’univers t’a permis d’avoir Mme Larson pour que tu deviennes croyant. »

« Quoi, et toi tu ne l’as pas eue pendant toutes ces années justement parce que tu es croyant ? »

« L’univers me rend perplexe. »

« Ouais, mec, c’est… » Robbie prit une longue taffe. « C’est tordu, mec. »

Le lendemain, Mark décida de s’asseoir plus près de l’avant de la classe. Il ne croyait toujours pas Robbie ou Jake. Il ne croyait pas que cette femme, qui distribuait des feuilles de travail, était l’héroïne de l’Odyssée des vestiaires de l’école.

Mme Larson passa dans l’allée de bureaux et heurta le coude de Mark.

« Je suis désolée, chéri », dit-elle gentiment en lui touchant le bras.

Le corps de Marc réagit immédiatement. Il sentit la chaleur de sa main, sa force, ses ongles. Il vit aussi de tout près le diamant à son doigt.

Pendant les cours, il examina son pantalon blanc en polyester. Sur sa peau, il put distinguer le léger contour des poches. Malgré un examen attentif bien que discret, il ne discerna pas de ligne de culotte à travers le pantalon moulant. Il imagina une fine bande d’élastique au fond du sillon inter-fessier de la jeune femme. Ou pas de culotte du tout. Avec toutes ces pensées, il ne pouvait plus se lever. Heureusement, à la fin du cours, il s’était calmé.

« Désolé, Jake, » dit Mark en voyant son ami dans le couloir, « elle ne l’a toujours pas dit. »

« Qui n’a pas dit quoi ? » demanda Derrick qui était avec Jake.

« Mme Larson et Mme Joy, » dit Jake avec désinvolture. « Mark, ici présent, n’est pas croyant. »

« Pas croyant ? Crois, parce que dans la vie, il n’y a rien d’aussi grisant qu’un monde avec des femmes coquines. »

Mark regarda les deux garçons d’un air sceptique.

« Derrick est en philosophie, » répondit Jake.

« Et toi, tu es en art dramatique, » dit Mark.

« Et toi, tu es dans le déni ! » rétorqua Jake.

« Derrick, voici une idée à méditer. L’homme véritable veut deux choses : le danger et le jeu. Pour cette raison, il veut la femme, comme le jouet le plus dangereux. »

« Friedrich Nietzsche ! Je l’adore. » Il donne un high five à Mark.

« Si tu crois sans preuve, alors Nietzsche te considérerait comme un imbécile. »

« Il faut que tu rencontres Harry Gosstold, » dit Derrick. « Il te donnera des preuves. Il connaît beaucoup de gens. Il a eu un cours de santé pendant les cours d’été une année. »

« Tu le connais, Jake ? » demanda Mark.

Harry Gosstold roula de sous la camionnette en panne.

« Les histoires de Mme Larson ont touché votre classe aussi, hein, » dit-il.

Il se tenait droit dans son treillis de garagiste et sentait l’huile brûlée.

« Je n’étais pas dans le cours d’été de Mme Larson. Mais l’ex de ma meilleure amie était aux cours d’été – plusieurs fois – mais pas avec Mme Larson. Je n’ai pas eu les détails parce que quand Ernie et elle ont rompu, elle ne parlait plus à aucun d’entre nous. Des années plus tard, elle continue de nous ignorer. Une salope. L’ex d’Erin, pas Mme Larson. »

Il essuya ses mains grasses.

« Mais j’ai entendu parler d’un jeu qu’elle a inventé. Ça s’appelle le Strip Dodgeball. Si vous êtes touché par la balle, vous devez enlever un vêtement. J’aurais adoré jouer à ce jeu. »

« Strip Dodgeball ? C’est stupide. »

« Les histoires sont vraies, Mark, vraies. Crois-les. » dit Harry.

Dans l’air frais du garage Gosstold, Mark était encore moins convaincu.

« Comment pouvez-vous tous y croire si personne n’a eu de témoignage de première main ? Vous avez à peine assez de preuves pour vous branler. Vous comprenez ça ? »

Jake haussa les épaules, rejetant le commentaire.

Le lendemain, Mark s’assit au premier rang du cours de santé. Il observa Mme Larson dans son chemisier boutonné. Mark compta trois boutons défaits. Pendant le cours, Mark fut fasciné par la profondeur du décolleté qui apparaissait peu à peu avec les boutons défaits.

Il fut tiré de ses réflexions lorsqu’une fille à côté de lui leva la main. « Mme Larson, j’ai une question. »

La grande femme passa dans l’allée et se pencha pour regarder la feuille de la jeune fille. Mme Larson écouta la question et parcourut le document. Pendant ce temps, Marc avait fixé ses yeux sur les seins de la jeune femme, compressés dans son soutien-gorge chair. Les boutons offraient une vue parfaite pour enflammer l’imagination.

Soudain, Mme Larson bougea et Marc ne put détourner les yeux assez vite. Elle remarqua son regard. Elle rajusta son chemisier et le reboutonna d’un cran.

Après coup, il dit à Jake : « La classe a commencé avec trois boutons défaits, mais a fini avec deux. »

Jake gémit de ne pas avoir vu le spectacle. Tout ce qu’il a pu dire, fut : « C’est bien ça comme gribouillage ? »

« C’est digne de Hein. »

 

Un soir, Mark est monté dans son pick-up pour se rendre au Supercenter afin d’acheter des côtes de porc et un sac de charbon de bois pour le grill. En traversant le rayon des viandes, il remarqua une femme aux fesses rondes, penchée dans le rayon des surgelés. Il ne pouvait s’agir que d’une seule femme.

« Bonjour, Mme Mower. Comment allez-vous ce soir ? »

La femme se redressa. « Mark, bonjour. Mon Dieu, tout le monde est sorti ce soir. J’ai vu Mme Larson tout à l’heure. »

« Nous sommes tous pareil. On se voit en classe demain. »

Elle fit un signe de la main et se replongea dans le bac de produits surgelés.

Marc était intrigué par l’idée de voir Mme Larson en dehors de l’école. Il n’hésita pas à ralentir son rythme et à s’enfoncer dans les allées.

« Attends un peu que Jake l’apprenne. Si l’univers est contre lui, il est définitivement avec moi. »

Amusé par cette pensée, il se dirigea vers le rayon des produits laitiers. Et la femme aux formes généreuses était là.

Marc eut envie de reculer et en espérant ne pas être vu. Mais il était trop tard.

« Mark ? »

C’était la voix qu’il avait appris à trouver caressante et excitante. Sa prof tenait un bidon de lait dans chaque main.

« Bonjour, Mme Larson. Tout le monde est de sortie ce soir. Je viens de croiser Mme Mower. »

« Le principal Simmon et sa femme, Laura Beth, sont là aussi, » dit-elle. « DeWayne, voici Mark, un de mes élèves. Mark, voici DeWayne, mon…, mon mari. »

Mark fut troublé par la façon dont Mme Larson qualifia maladroitement l’homme qui l’accompagnait. Son mari.

Il était aussi épais qu’un chêne et dépassait Mark de la tête et des épaules. Il avait aussi une forte poignée de main qui correspondait à ses mains géantes.

Mme Larson tendit les deux bidons à DeWayne, puis s’est amusée à essuyer l’humidité froide qu’elle avait sur les mains sur la chemise de DeWayne. DeWayne la repoussa.

« Il n’aime pas les mains mouillées, » dit-elle. En se retournant, elle vit à nouveau les yeux de Marc fixés sur elle.

« Mark. » Elle le sortit de sa stupeur en claquant des doigts.

Il secoua la tête, comme s’il cherchait à se débarrasser de ses globes oculaires.

« Tu es venu chercher du lait pour ta maman ? »

Sa question brouilla le fil des pensées de Marc. Que voulait-elle dire par « acheter du lait pour sa mère » ?

« Euh, oui, » balbutia-t-il. « Du lait et du charbon de bois pour le grill. »

« Du lait écrémé, je suppose, » dit Mme Larson. Elle ouvrit la porte vitrée et attrapa une brique fraîche d’un litre et demi.

« Non, pas de lait écrémé, » répondit Mark. « Nous buvons du lait entier. Nous n’aimons même pas le lait à 2 %. Maman n’en boit pas. »

« Du lait entier, DeWayne, tu entends ? Le lait entier, c’est ce que recherchent encore certains hommes. »

Elle adressa un clin d’œil à son mari et son visage s’éclaira. « Nous aussi, nous buvons du lait entier. »

Mark saisit le bidon qu’elle lui tendit. Il empêcha son regard de glisser vers le bas. Il ne voulait pas être surpris à regarder deux fois la femme d’un homme de la taille de DeWayne.

« Ravi de vous avoir rencontré, Mme Larson, et M. Larson. »

« Pas de M. Larson. Appelle-moi DeWayne, s’il te plaît, » corrige le grand homme. « Je ne suis pas professeur. »

Ils se firent leurs adieux et partirent chacun de leur côté.

Mark se précipita dans la section extérieure du Supercenter pour s’éloigner des Larson. Il avait besoin de se remettre les idées en place, car cette rencontre l’avait complètement déstabilisé. Mme Larson ne devait pas avoir d’autre intention que de signifier qu’il achetait du lait pour sa famille à la demande de sa mère. Il n’y avait aucun sous-entendu, bien sûr. Ils s’étaient rencontrés au rayon des produits laitiers.

Mais prendre du lait écrémé ? Et semblant surprise qu’il boive du lait entier ? Puis précisant à DeWayne que les gens aimaient encore le lait entier. Insinuait-elle quelque chose ? Si elle pensait plus que ce qu’elle disait et qu’elle était si naïve à ce sujet, Mark commença à s’interroger sur les légendes à son sujet.

Il mit un grand sac de Kingsford dans son caddie, laissa le pot de lait sur une étagère vide et se dirigea vers la caisse.

DeWayne apparut. « Tu m’as donné une bonne idée avec les grillades. »

Il vit le géant jeter un grand sac de charbon de bois sur son épaule.

Mark sentit son cuir chevelu chauffer et ses joues rougir. Il avait rapidement concocté des excuses directes pour l’impolitesse de son regard sur Mme Larson et essayait de le convaincre qu’il ne regarderait plus jamais sa femme. Il abandonnerait même son cours si cela s’avérait nécessaire.

DeWayne marchait à côté de lui.

« Yvonne t’aime bien » dit-il en tapotant le dos de Mark de sa main libre. « Quand elle se met à papillonner avec un élève comme elle l’a fait avec toi. Elle est généralement très coincée quand elle croise un de ses élèves en dehors de l’école. »

« Papillonner ? »

« Ses blagues sur le lait entier. Et elle s’est essuyée les mains sur moi. »

« Elle aurait dû essuyer ses mains mouillées sur moi. »

DeWayne tourna la tête.

« Je veux dire, vous portez une plus belle chemise, et je n’ai qu’un simple t-shirt. »

DeWayne se fendit d’un sourire. Puis il donna à Mark un conseil qui le surprit.

« Ne sois pas timide avec elle. Entre dans son jeu, taquine-la à ton tour. Elle en a besoin pour rester amusante à mes yeux. Je n’aime pas les Yvonne de mauvaise humeur. »

Mme Larson arriva au coin du rayon. « Vous voilà. Qu’est-ce que vous faites ici ? »

DeWayne jeta un coup d’œil à Mark. « Il faut que je la sorte de là. »

Mme Larson tira sur la manche de la chemise de DeWayne. « Je dois faire bouger mon mari. Le temps est compté. »

« On se parlera une autre fois, Mark, » dit-il alors qu’on l’éloignait.

« Ne faites pas brûler votre viande, » dit Mark en faisant un signe de la main.

« N’oublie pas ton lait, » répondit DeWayne.

Mark regrettait d’avoir laissé le lait derrière lui. « Je suppose que je dois aller chercher une autre cruche. »

« J’ai oublié de vérifier la date de péremption du lait. »

L’expression de Mme Larson se détendit.

« Ne contrarie pas ta maman, » dit-elle. « Il faut toujours rendre les mamans heureuses. Je sais combien j’aime être satisfaite, n’est-ce pas, bébé ? »

DeWayne regarda Mark. Ce dernier acquiesça.

Mme Larson tira sur la chemise de DeWayne pour attirer son attention. « De quoi parliez-vous tous les deux ? »

« De l’heureuse Yvonne » dit DeWayne.

« Du fait qu’il vous rende heureuse. »

Elle ne sembla pas très convaincue par leurs propos. Ils se saluèrent une nouvelle fois.

 

 

* La suite la semaine prochaine !

** Cette fiction a été écrite en anglais par Claire Woodruff. Pour la lire dans sa version originale, c’est par ici.