Le plaisir d'être vu

Plaisir Avec Vue

Un soir, rue de l’Odéon, je croisai un couple saoul d’une vingtaine d’années. Bien habillés, joyeux et titubants, ils avaient ri d’eux-mêmes en me demandant, puisque je passais justement par là, si je ne pouvais pas leur ouvrir la porte de leur immeuble. La jeune fille blonde riait aux éclats, sa jupe remontée trop haut dévoilait deux jambes fines et élancées. Son copain était tout autant hilare et au-dessus de sa barbe de trois jours impeccablement taillée, deux yeux verts lui donnaient un charme saisissant. Ils étaient jeunes, beaux, sympathiques et saouls.

Le plaisir d'être vu

Le garçon me demanda donc de l’aider à ouvrir la porte de l’immeuble car ses bras étaient occupés à soutenir son amie encore plus titubante que lui. Il me donna le code à cinq chiffres, je poussai la lourde porte en bois et les aidai à entrer dans le hall. Leurs rires communicatifs qui ne cessaient pas me plongèrent bientôt avec eux dans l’hilarité. La jeune fille s’arrêta quelques instants de rire pour me dire qu’elle me trouvait jolie. Je rougissais et la remerciais. Le garçon entraîna la jeune fille dans le petit ascenseur après m’avoir chaleureusement remerciée et ils disparurent derrière la porte de métal. J’entendais leur rire monter en même temps que l’ascenseur.

L’immeuble appartenait à ces magnifiques architectures parisiennes qu’on trouvait dans les quartiers cossus de la capitale et comme je me retrouvais seule dans l’immense hall aux dorures superbes, j’en profitais pour admirer l’endroit. Après avoir fait le tour de cette immense entrée, je m’aventurais dans les escaliers. Tout était silencieux. Le couple avait rejoint son appartement et on entendait juste la vie parisienne trépider au loin. J’aimais l’odeur de ces vieux bâtiments, l’histoire qu’ils dégageaient.

Je montai les escaliers en profitant de la magie du lieu et me retrouvai bientôt en haut des marches, au dernier étage. Une petite fenêtre donnait sur le toit de l’immeuble voisin. Je poussais le loquet, remontais ma jupe et enjambais la fenêtre. Le toit était enserré entre quatre murs, mais je découvris une échelle contre l’une des façades et je grimpais sans hésitation. Arrivée tout en haut, j’en eus le souffle coupé. Paris s’offrait à moi. Dans la nuit tiède de juin, la Tour Eiffel brillait au milieu de mille autres scintillements de la ville. Je m’assis sur une large cheminée en béton et contemplais ce tableau splendide.

Emplie de bienêtre, je profitais sereinement de l’instant et sentis monter doucement un picotement dans mon corps. Une pointe de désir grimpait tranquillement mais surement, un émoustillement facilité par la plénitude de l’instant et la beauté du jeune couple que j’avais aidé.

Devant le spectacle de Paris la nuit, j’écartai doucement les cuisses et effleurai mon sexe à travers les tissus de ma jupe et de ma culotte. Je fermais les yeux un instant pour sentir le vent tiède sur mon visage. Je relevai ma jupe jusqu’à la taille pour poursuivre mes caresses à travers le tissu en dentelle de ma culotte. Je fus sortie de ma douce torpeur par un petit cri que je lâchai malgré moi. J’ouvris les yeux et en regardant pour la première fois autour de moi, je vis un homme qui fumait une cigarette à sa fenêtre, de l’autre côté de la rue. Ou plutôt, c’était une ombre que j’apercevais car l’homme était dans l’embrasure, la pièce derrière lui à peine éclairée.

Je fus d’abord pétrifiée de honte à l’idée que cet homme m’avait vue me caressant sans pudeur sur ce toit où je n’aurais pas dû venir. Puis ma honte se dissipa en songeant qu’il ne pouvait voir mon visage, qu’il ne me reconnaitrait jamais. Et comme je n’habitais ni cet immeuble, ni même le quartier, je n’avais aucune chance de le recroiser un jour ou alors sans qu’aucun de nous ne se reconnaisse.

Petit à petit, la honte se transforma en excitation et je repris mes caresses. Avec son regard toujours posé sur moi, je fus d’abord maladroite dans mes gestes, puis l’excitation m’encouragea. Je glissais ma main sous le tissu et faisais pénétrer un doigt dans mon sexe. Il s’agitait autour de mon clitoris, et les vagues de chaleur ne tardèrent pas à monter. J’écartais les cuisses en accélérant la cadence, puis les serrais au contraire sur ma main pour retenir le plaisir. Au bout de quelques minutes, j’enlevais complètement le sous-vêtement qui me gênait et orientais mon corps tout entier dans la direction de l’homme qui ne pouvait se décoller de ce spectacle. Mon sexe ouvert était orienté dans sa direction et malgré la pénombre, je savais qu’avec la lumière tamisée des réverbères, il avait de quoi largement se rincer l’œil. Je m’allongeai sur la cheminée en pierre, les yeux au ciel et mes cuisses toujours écartées dans sa direction, puis j’insérais deux doigts dans mon vagin. Je les faisais entrer et sortir d’abord doucement, puis de plus en plus vite, tandis que de mon autre main je saisissais un de mes seins que je serrais comme pour retarder encore le plaisir. Je poussais bientôt un long gémissement, espérant de tout cœur qu’il l’entendrait, qu’il saurait que je lui offrais cet orgasme qui me saisissait dans tout le corps. Je sortis de la brume extatique quelques minutes plus tard. L’homme était toujours à sa fenêtre, contemplant mon sexe qu’il avait vu jouir. Avant que la honte ne me saisisse à nouveau, je remettais ma culotte et ma jupe et descendis l’échelle grimpée une heure plus tôt sans oublier de jeter un dernier coup d’œil vers Paris.

Arrivée dans la cage d’escalier, je dus retenir un rire en réalisant ce que je venais de faire. Je ne pourrais raconter cette histoire à personne tant elle me semblait ridicule. Et pourtant, j’avais joui avec une intensité rare sur mon toit parisien, épiée par cet homme mystérieux. Après avoir rejoint la rue, je me rendis du côté de mon voyeur inconnu, sans trop savoir ce que je ferais une fois en bas de son immeuble. Mon cœur battait à tout rompre en m’approchant du bâtiment en question. Est-ce que c’était une bonne idée ? Et si je le croisais, qu’il venait à ma rencontre, comment je réagirais ? C’est peut-être un psychopathe, un tueur en série, un pervers ? Après tout, il n’avait pas décollé les yeux de mon intimité pendant que je me masturbais… Et pour cause, songeais-je en arrivant finalement devant l’immeuble. Il était toujours dans la même position, regardant depuis la fenêtre du showroom. Un mannequin en plastique. Quatre étages plus haut, je le distinguais très nettement, fixant toujours le toit où je me trouvais quelques minutes plus tôt. Une paillette rouge collée à la fenêtre m’avait donné l’impression qu’il fumait… Certains homme prennent leur pied en serrant des poupées gonflables dans leur bras, j’avais pris le mien grâce à un mannequin de vitrine immobile à une trentaine de mètres de moi.

Fin