Quand les neurosciences se penchent sur l’orgasme féminin

Des sensations de picotement qui prennent de l’ampleur, le sang qui afflue dans les zones les plus sensibles de votre corps, un débordement d’hormones comme une vague, la plus grande poussée de « fièvre » connue de l’homme. Vous l’aurez compris, nous parlons bien de l’orgasme !

Vous avez sans doute une bonne compréhension de ce qui se passe dans votre corps pendant un orgasme. Vous avez probablement même pu observer les nombreux effets de l’orgasme sur votre cerveau, comme le fait de vous sentir moins stressée, de mieux dormir et d’avoir plus d’énergie. Mais que se passe-t-il exactement dans votre cerveau lorsque vous avez un orgasme ?

Le cerveau féminin est bien plus complexe que le soi-disant mystère de l’excitation sexuelle féminine. Penchons-nous sur les recherches en neurosciences afin d’essayer de comprendre un peu plus précisément ce qu’il y a derrière l’orgasme féminin, qui fait couler beaucoup d’encre et continue d’interroger.

Une symphonie de plaisir sexuel

Avant de parler des orgasmes eux-mêmes, il faut parler de ce qui se passe avant. De la montée de l’excitation sexuelle chez les femmes. Imaginez votre cerveau comme le compositeur d’une grande symphonie. Le nom de cette symphonie ? Le cycle du plaisir sexuel.

L’excitation provient d’un mélange entre informations sensorielles externes, comme un baiser ou la vue d’une personne qui vous attire, et notre état interne, c’est-à-dire ce qui se passe dans notre esprit. La stimulation sexuelle, en dehors de la stimulation génitale, peut provenir d’à peu près n’importe où : odeurs, sons, vues et pensées.

De nombreux chercheurs divisent l’excitation provoquée par des stimuli en deux groupes : l’excitation innée et l’excitation acquise. Le consensus général est que l’excitation génitale est innée. Selon les personnes interrogées, l’odeur des phéromones ou d’autres formes d’excitation tactile comme la stimulation des mamelons ou les baisers peuvent également faire partie de ce groupe. Les stimuli appris recouvre à peu près tout le reste de ce qui peut vous exciter.

Ce que le cerveau enregistre comme étant sexuellement excitant peut changer avec le temps (pensez à un ou une crush qui vous donnerait aujourd’hui la nausée). Une étude a demandé à des femmes de se stimuler le clitoris tout en regardant un stimulus visuel neutre. Après 8 à 10 essais, ce « stimulus neutre » a commencé à déclencher chez elles une excitation sexuelle sans stimulation clitoridienne.

Le cerveau orchestre ensuite ces informations sensorielles, en tissant doucement des notes à partir des hormones, tout en faisant intervenir les pensées qui traverse votre esprit pour synthétiser tout cela en une symphonie du plaisir sexuel.

Il s’agit d’une explication simplifiée du cycle de récompense qui s’enclenche dans un contexte d’excitation sexuelle, mais elle montre à quel point le cerveau est une créature complexe. De plus, la symphonie de l’excitation sexuelle change et évolue constamment et semble encore plus nuancée chez les femmes.

De telles recherches soulèvent des questions comme : Pourquoi l’excitation sexuelle des femmes semble-t-elle plus dépendante de leur état mental que celle des hommes ?

Quel est le rôle joué par les hormones dans l’excitation sexuelle des femmes ?

Que se passe-t-il exactement dans le cerveau pendant l’orgasme féminin ?

Un climax clinique

Une étude a observé l’activité cérébrale de femmes pendant un orgasme à l’aide d’une analyse IRM. Les chercheurs ont constaté que l’activité cérébrale augmentait progressivement à l’approche de l’orgasme, atteignait son maximum pendant l’orgasme, puis diminuait par la suite. Les régions du cerveau activées sont le cortex frontal, les zones de récompense, motrices, sensorielles et le tronc cérébral. Les chercheurs observent peu de différences entre les orgasmes provoqués par la masturbation et ceux provoqués par un partenaire.

Les mêmes chercheurs ont créé une animation de ce qui se passe pendant un orgasme, réalisée par l’une des principales chercheuses elle-même, Nan Wise, Ph.D. Quel dévouement pour la science ! Ils ont utilisé une échelle de couleurs « métal chaud » pour montrer l’activation dans les différentes parties du cerveau en utilisant une échelle de couleurs allant du rouge foncé au blanc – ce dernier représentant le niveau d’activité le plus élevé.

L’animation réalisée à partir des IRM montre que l’activité cérébrale commence dans la zone dite génitale du cortex sensoriel, puis se déplace vers le système limbique, qui est impliqué dans la mémoire à long terme et les émotions. À mesure que Nan Wise approche de l’orgasme, le cortex frontal et le cervelet présentent une activation accrue, avec un pic d’activité dans l’hypothalamus au moment où l’orgasme atteint son apogée.

L’hypothalamus est situé au plus profond du cerveau et est responsable de la liaison entre le système endocrinien (hormones) et le système nerveux. Il joue plusieurs rôles, notamment dans la gestion du comportement sexuel, la libération d’hormones et la régulation des réponses émotionnelles. Pendant l’orgasme, l’hypothalamus libère de l’ocytocine.

Vous connaissez peut-être celle que l’on qualifie souvent d’« hormone de l’amour », mais elle est également responsable de la stimulation des contractions de l’utérus – pendant l’accouchement et l’orgasme féminin. Les sensations révélatrices de l’orgasme ? Vous les devez en grande partie à l’ocytocine.

Une autre partie du cerveau dont l’activité est maximale pendant l’orgasme est ce que l’on appelle le noyau accumbens. Cette structure située au plus profond du cerveau joue un rôle clé dans le système de récompense et intervient dans le trajet de la dopamine, un neurotransmetteur qui induit des sensations de plaisir. L’activité de cette région diminue ensuite après l’orgasme.

Sortir du labo pour entrer dans la chambre

On le sait, la recherche sur le plaisir féminin a longtemps laissé à désirer. Ce n’est qu’en 2005 l’anatomie complète du clitoris a été découverte ! Les femmes sont sous-représentées dans la science en général et plus particulièrement dans les études sur la santé et l’excitation sexuelles.

Cela s’explique en grande partie par l’hésitation des chercheurs à prendre en compte des variables comme l’attitude à l’égard de la stimulation sexuelle visuelle, les règles, les réactions vaginales ou encore la différence entre l’excitation sexuelle mesurée et l’excitation sexuelle déclarée. Il semble que les scientifiques et la société ne comprennent pas ou ne veulent pas faire de place aux nuances du corps féminin. Nous tenons également à souligner que les recherches menées l’ont été sur des femmes cis et que la recherche en matière de santé sexuelle est très peu diversifiée sur le plan du genre.

Cela nous ramène à l’une de nos autres questions : « Pourquoi l’excitation sexuelle des femmes semble-t-elle plus dépendante de leur état mental que celle des hommes ? »

Il semblerait que des facteurs comme les croyances toxiques sur le plaisir féminin, un manque d’éducation sur la nature de l’orgasme féminin et des problèmes avec les partenaires sexuels aient un impact sur la capacité du cerveau à créer son chef-d’œuvre orgasmique.

Il y a encore beaucoup à apprendre et à comprendre vis-à-vis de l’orgasme féminin, et encore beaucoup de choses à tirer de toutes les recherches neuroscientifiques qui l’étudie. Comprendre ce qui se passe pendant l’orgasme féminin n’est pas seulement fascinant pour les passionnés de science, cela mais a également des applications pratiques et cliniques.

L’objectif de la plupart de ces recherches est d’apporter des réponses et des solutions aux personnes souffrant de dysfonctionnements sexuels tels que l’anorgasmie (incapacité à atteindre l’orgasme). S’il est amusant d’étudier la neuroscience des orgasmes, il faut espérer qu’elle puisse aussi aider à changer la vie des personnes qui ne parviennent pas à ressentir le le plaisir sexuel qu’elles recherchent et qu’elles méritent.

 

 

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