auprès de mon arbre

Auprès de Mon Arbre – Partie 2

 

Le vieux chêne ne parvenait pas à se remettre de cette rencontre féérique. Cette femme et cet homme qui s’étaient unis contre son écorce avec une puissance fusionnelle inouïe hantaient son esprit. Pour la première fois de sa longue existence, il aurait voulu pouvoir se déraciner, s’éloigner de son point d’ancrage et partir à leur recherche. Il se souvenait des moindre détails des courbes de leurs corps, la façon dont ils s’étaient emboités l’un dans l’autre, et comment ils en avaient ressenti un plaisir indicible.

auprès de mon arbre

Et puis il y avait eu cette petite phrase qui avait conclu leur union, ce « je t’aime » qu’il lui avait murmuré à l’oreille et aussitôt la femme avait frémi. Il avait immédiatement compris de quoi il retournait, toute la beauté et la force de cette déclaration. C’était tellement superbe, tellement exceptionnel.

Chaque fois qu’il revoyait des humains se promener dans les environs, il attendait plein d’espoir qu’ils se déshabillent et s’aiment à ses pieds… Mais il ne croisait plus que des familles et des promeneurs sages.

L’été passa sans visite érotique, puis l’automne arriva avec sa météo peu propice et le vieux chêne comprit qu’il ne verrait plus d’humains s’embrasser nus sous ses branches avant plusieurs mois.

Il en était désespéré et tâcha de reprendre goût à sa vie d’avant, cherchant à se convaincre sans y parvenir qu’il n’avait pas besoin des hommes pour être heureux. Mais rien n’y faisait, il attendait le printemps et les beaux jours avec une impatience fiévreuse. Il passa l’automne à trépigner, l’hiver à se morfondre, et quand enfin arriva le printemps, le bel arbre avait pris un coup de vieux. Ses branches étaient moins belles, moins solides, ses feuilles un peu terne, il avait tout juste conservé la majesté de son âge.

Et tandis qu’il dépérissait, un an jour pour jour exactement après avoir été témoin de l’union charnelle des deux amants, il les vit réapparaître. Le vieux chêne crut d’abord qu’il rêvait, que le désir de les revoir influençait son jugement, mais c’étaient bien eux.

Ils riaient, courant dans sa direction, joyeux, insouciants, et la jeune femme s’esclaffa :

— Tu as raison, c’était bien ici ! Je reconnais l’arbre… C’est un souvenir tellement beau… Merci mon amour.

Et elle se jeta sur lui pour l’embrasser. Le jeune homme déposa ensuite son sac à dos sur le sol et en sortit une grande nappe, des sandwichs et une bouteille de champagne.

— Et maintenant, on célèbre !

La jeune femme applaudit et embrassa à nouveau le jeune homme, heureuse et excitée. Le vieux chêne débordait de joie. Comme ils lui avaient manqué… Ils s’allongèrent sur la grande nappe à ses pieds et burent une coupe de champagne en silence. La jeune femme caressa son écorce et il se souvint de sa peau nue et tiède. Il nota cependant un léger changement. Sur son doigt, il y avait un nouvel anneau, fin et doré. Il remarqua le même bijou au doigt de l’homme. Ils partageaient ainsi une nouvelle chose dont il ignorait la teneur, mais il savait au fond de lui que c’était en lien avec cet amour qu’ils avaient l’un pour l’autre.

Ils restèrent un long moment sur leur couverture, à siroter leur champagne, à évoquer leur bonheur, leurs projets d’avenir, et le vieux chêne les observait, heureux, subjugué, et la sève afflua de nouveau plus vivement à travers son tronc et ses branches. Sans que les jeunes mariés ne le perçoivent, les branches au-dessus de leur tête devenaient plus vertes, plus belles…

Et ils recommencèrent.

La femme se leva et retira sa robe d’un mouvement lent et précis. Elle était en sous-vêtement et l’homme déglutit. Il vérifia autour d’eux que personne ne les regardait, puis il retira sa chemise. Elle se blottit contre lui et leurs langues se mêlèrent. Il caressa son dos jusqu’à ses fesses et glissa sa main dans la culotte de la jeune femme. Elle frémit.

Il descendit plus profondément le long de la ligne de ses fesses et sa main s’immobilisa après avoir complètement disparu sous le tissu. Puis elle remua doucement et la jeune femme ferma les yeux. Elle profitait de l’instant et le vieux chêne faisait de même.

La main remuait dans un mouvement plus ample et la jeune femme gémit. Sans ouvrir les yeux, elle dégrafa son soutien gorge et plaqua ses seins lourds et fermes sur le visage de l’homme qui les dévora. La jeune femme bascula ensuite sur le dos et son mari la débarrassa de sa culotte. Elle était totalement nue, au pied du veux chêne, attendant sur la couverture de pique-nique, les yeux fermés, que son amant s’occupe d’elle.

Il l’embrassa dans le cou, puis descendit avec une langueur sensuelle le long de son épaule, de ses seins durcis par l’excitation, il caressa ses côtes et dessina des cercles sur son ventre avec sa langue. Le corps de la jeune femme se cambra et elle écarta ses cuisses tout en soulevant son sexe à peine velu. L’homme comprit l’appel et engouffra son visage entre les jambes de la jeune femme qui attrapa les cheveux de son amant pour appuyer son visage contre ses lèvres intimes ouvertes. Elle gémit de plus belle tandis que la tête de l’homme remuait entre les cuisses nues.

Le chêne ne voyait pas le visage de l’homme mais il se souvenait que la femme appréciait qu’il glisse sa langue dans cet endroit. Et s’ils procédaient de la même façon que l’année passée, il ne tarderait pas à sortir la branche dissimulée sous ses habits entre ses jambes et à l’enfoncer en ce même endroit.

Et effectivement, il ne s’écoula pas longtemps avant que l’homme ne délivre son pénis en faisant glisser son short et caleçon d’un seul mouvement et sans cesser son cunnilingus. Ils étaient à nouveau parfaitement nus et cela ravissait le vieil arbre. Il les observait avec le même régal que l’année passée. Tout cet amour le rendait parfaitement heureux.

La femme supplia l’homme de la prendre sauvagement et l’arbre observa attentivement les gestes de l’homme afin de saisir le sens de cette demande. C’était le fameux coup de la branche. Décidément, il était fasciné et réjoui par ce point commun qu’il partageait avec les humains. L’homme enleva sa tête d’entre les cuisses de la femmes, laissant le sexe de celle-ci trempé de salive et de sécrétions intimes et il remonta son visage jusqu’au sien. Et il usa de sa branche pour s’immiscer dans le corps de la jeune femme qui poussa un cri satisfait.

Il s’enfonçait en elle lentement, en la dévorant du regard et l’arbre sentait qu’elle avait envie de rire mais que le plaisir ressenti la figeait. Il lui murmura des mots doux au creux de l’oreille puis il entama de longs et délicieux va-et-vient entre ses jambes. Le chêne observait la branche entrer et sortir et le visage des deux amants qui se métamorphosait au fur et à mesure de cette étrange ondulation.

Il ne changea pas de position comme l’an dernier et il poussa assez rapidement un cri rauque. Son corps se raidit en même temps qu’il gémissait et il effectua encore un ou deux va-et-vient plus lents et s’écroula sur elle.

Le chêne comprit tout de suite que quelque chose n’allait pas.

— Je suis désolé…

Pourquoi l’homme s’excusait-il ? Y avait-il eu un problème avec sa branche ?

— C’était quand même un peu rapide, mais bon…

— C’est quand même pas ma faute si tu m’excites autant.

— Au début de notre relation, tu n’avais pas l’air moins excité et la durée était honorable.

— Comment ça « honorable » ? C’est quoi le problème ?

— Tu sais très bien c’est quoi le problème, tu t’es même excusé… Allez, n’en parlons plus.

— Je t’emmène là où on a fait l’amour il y a exactement un an, au pied du même arbre et tu me prends la tête ! C’était un jour spécial, c’est pour ça aussi que j’ai pas pu me retenir.

— Laisse tomber je te dis.

Sans un mot, les deux amants rangèrent le pique nique et s’en allèrent dans un silence glacial. Pas de mots doux, pas de démonstration amoureuse ou affective. Le vieux chêne était effondré.

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