Hantise – Partie 2

Une minute plus tard, nous étions entièrement nues derrière le bureau, tête-bêche, j’avais sous les yeux un cul magnifique, rond et plein, que je pétrissais comme un boulanger pétrit amoureusement sa pâte. Ma langue paraissait se nourrir de son clitoris désormais gonflé tandis qu’à mon tour, je l’enculai d’un doigt. Elle se tendait vers moi, haletante, s’offrait avec fougue à cette langue qui la savourait, à ce doigt qui l’ouvrait toujours plus profondément.

J’aurais aimé avoir un sexe mâle à cet instant pour pouvoir l’investir de toute ma raideur, pour lui rendre l’hommage sensuel auquel elle aspirait sans doute alors qu’elle tentait de s’empaler toujours plus.

J’allais tenter de la satisfaire en introduisant également mon index plein de ses sucs quand la porte de la pièce s’ouvrit brusquement.

Je poussai un petit cri, Annie se contenta de retirer sa langue de mon sexe impatient et de lever la tête vers l’apparition.

– Zut, Erwan ! Je t’avais oublié ! Entre vite et ferme !  À clé ! » précisa-t-elle.

Le nouveau-venu, la joue érubescente, claqua la porte derrière lui et donna un tour de clé. Il huma l’air d’une narine suspicieuse. Une lueur d’inquiétude illumina son œil bleu.

– Ce parfum, c’est…

Sans gêne ni changement de position, Annie le coupa et fit les présentations, me gratifiant dans la foulée de quelques excuses.

De mon côté je trouvais la situation amusante et terriblement sexy.

– Erwan, je te présente Nelly, la journaliste qui, heu, couvre la réouverture du théâtre. Nelly, voici Erwan, l’un de nos deux ingénieurs du son. Je crois que j’ai zappé notre rendez-vous !

– Bonjour ! fis-je alors dans un grand sourire que l’apparition ne put voir puisque perdu quelque part dans la toison d’Annie.

Il répondit timidement, ses yeux n’osaient courir sur nos corps et je vis qu’il tentait désespérément de fixer mes pupilles rieuses. « Assieds-toi et profite ! » lança Annie, mutine.

Erwan s’assit sur la chaise de sa patronne. Très vite, sa main se perdit derrière sa fermeture Éclair et je vis croître, sous le tissu délavé de son jean, une déformation caractéristique.

– Vous devriez vous mettre à l’aise, dis-je en laissant une traînée de salive sur la fesse ronde de désir d’Annie. L’homme ne se fit pas prier et ôta ses fringues.

Je vis apparaître un sexe palpitant, bien tourné, émergeant d’une forêt de poils bruns. Deux couilles gonflées de semence et d’envie s’équilibraient au-dessous, ballottant lentement. Il s’approcha de nous et s’agenouilla.

Sa main allait et venait autour de sa hampe qui avait pris d’agréables proportions. À chaque mouvement, je voyais son gland presque violacé grossir entre ses doigts.

Il s’accroupit au-dessus de moi, présentant son sexe raide aux portes du calice d’Annie. Aussitôt, je délaissai cul et con pour m’emparer des couilles qui pendaient, altières, au-dessus de mes lèvres. Tandis qu’il pénétrait sa patronne et entamait une série de va-et-vient, ma langue courait le long de la couture émouvante de ses bourses. De la main, j’encourageai le membre dressé d’Erwan à foutre le con d’Annie toujours plus profondément, Annie qui, la bouche sur ma chatte, râlait et ahanait dans mes chairs gorgées de miel.

J’embrassai sans vergogne le cul du mâle surexcité, traçant des sillons de salive entre ses poils d’une douceur infinie.

Je voyais les muscles d’Annie se contracter, je pouvais suivre la progression de son plaisir et tandis qu’Erwan la pénétrait de plus en plus profondément, de plus en plus vite, je gobai son clitoris, le front caressé par une paire de couilles battant la mesure d’une valse à deux temps. Ma langue courait du membre roide d’Erwan aux lèvres gonflées d’Annie, titillait et salivait sur le bouton de rose gonflé de désir.

Je perçus à quelques contractions désordonnées la promesse du plaisir qui envahissait peu à peu la directrice du théâtre. Elle se donnait totalement, avec fougue, à la queue qui l’écartelait, à la langue qui la fouillait.

Erwan le sentit également qui enfonça brusquement un doigt humide dans son cul.

Cette ultime contraction déclencha une onde de plaisir qui foudroya Annie, Annie qui de son côté enfouit ses doigts dans mon ventre et dont le cri résonna contre mon clitoris affolé.

Je sentis la vague mouvante de l’orgasme m’emporter et je criai à mon tour, ruant sous les salves salvatrices de la jouissance. Erwan se retira brusquement du ventre d’Annie et me tendit son gland gonflé. J’osai les lèvres vers lui mais n’eus pas l’occasion de m’en saisir ! Son membre parut exploser et se vida en épais jets brûlants sur ma langue, emplissant ma bouche grande ouverte, coulant dans ma gorge. J’eus un instant le sentiment que toute la force de l’homme m’emplissait jusqu’à la moindre de mes cellules.

Quand un peu plus tard l’entretien fut terminé, Annie se tourna vers Erwan.

– Nelly peut visiter tout ce qu’elle veut. Tu peux l’accompagner si tu en as le temps. Par contre faites attention, certains endroits sont restés en l’état ! Gare où vous mettez les pieds ! me prévint-elle.

J’acquiesçai, me demandant s’il n’y avait pas là quelque sens caché. Je passai la majeure partie de la journée à déambuler dans l’attachant théâtre, parfois seule, parfois accompagnée d’Erwan et d’Annie. Nous déjeunâmes de sushis au pied de la scène.

Les murs craquelés par endroits avaient conservé le souvenir subtil des répliques fameuses déclamées par Sarah Bernhardt, Mademoiselle Nathalie, Saint-Fal ou Louis Jouvet. Malgré les travaux récents, la vénérable bâtisse restait effectivement en partie vétuste.

La nuit était tombée quand Erwan me proposa de me « rapprocher du paradis ». Un lieu considéré comme un véritable enfer par les comédiens car c’est là, au plus loin, au plus haut de la scène, que s’entassait jadis le peuple désargenté, lequel n’hésitait pas à accompagner son mécontentement de cris et de projectiles en tout genre.

Il avançait avec précaution sur les cintres grinçants, je lorgnai son joli petit cul moulé dans son jean.

– C’est dangereux, demandai-je ?

Il renifla.

– Non, c’est pas ça, c’est que…

– Oui ?

– Non, tu vas rigoler, on évite d’en parler ici. Je ne voudrais pas que tu écrives quelque-chose là-dessus, il paraît que ça porte malheur !

– Allez, quoi ! Je le garderai pour moi, promis.

– Bin, c’est rapport à la dame blanche !

– La dame blanche ?

Il secoua la tête. Son regard était fixe comme celui d’une statue grecque. Quel beau mec, quand-même ! Je revis son corps nu, les derniers soubresauts de son sexe quand sa semence épaisse et odorante s’était échappée de son corps tendu à l’extrême. Je me demandais s’il était de nouveau en condition, car après-tout, si j’avais été comblée par notre petite partie à trois bandes, j’aurais aimé qu’Erwan m’enfilât comme il avait fourré Annie.

Je n’eus pas le temps de m’attarder sur quelque lancinante image.

– Il paraît que les soirs de première, une dame blanche, un spectre si tu préfères, se promène dans le théâtre, expliqua Erwan. « On ne la voit pas vraiment, mais elle est précédée par un fort parfum de roses fanées, de citronnelle, de menthe et de verveine. »

Je songeai aussitôt à Albine, morte d’une overdose d’essences florales et à cette bouffée d’arômes qui m’avait saisie quand Annie m’avait tendu le recueil au portrait.

Je frissonnai. C’est alors que je sentis quelque chose contre mes fesses.

Tous les fauteuils avaient trouvé preneur, même les plus inconfortables strapontins nichés derrière les rondes colonnes sur lesquelles grotesques et cariatides se livraient à un immobile combat depuis l’érection du lieu. Les plus mauvaises places situées au paradis s’étaient achetées à prix d’or.

Sur la scène enfumée, des hommes et des femmes grimés de couleurs agressives, entièrement nus, se livraient à d’imaginaires bacchanales tirées d’un Mystère médiéval dépoussiéré par une troupe d’art contemporain. Une fumée aux âcres effluves était projetée par intermittence depuis les cintres.

L’opérateur qui s’y collait ne perdait rien du spectacle. Enfin, pas de la pièce qui se déroulait plus bas sur la scène mouvante, mais de celle plus intime qui se jouait là, à quelques pas de lui, dans les cintres, sous le chiche éclairage d’une ampoule presque aussi nue que moi.

Les mains crispées sur la rambarde de bois branlante, la jupe relevée sur les reins, la culotte oubliée quelque part dans l’obscurité, je m’offrais à un membre curieux de visiter mes coulisses.

Les dents serrées pour ne pas crier, enfin pas trop, je tendais mes fesses vers Erwan qui n’avait pas assez de mains pour parcourir mon corps. Son sexe allait et venait, écartant mes chairs en un indocile combat, sa chemise s’en venant me caresser les fesses à chaque mouvement, ses couilles me percutant le con à chaque étreinte. Ses doigts, après s’être glissés sous mon soutien-gorge, malaxaient leurs pointes roides.

Le nez contre la rambarde, je respirai ce parfum subtil du bois ciré et des exhalaisons entêtantes de deux corps transpirant d’amour.

Le bois grinçait et je craignais à tout instant qu’un empalement trop appuyé nous projetât, l’homme et moi, dans les airs.

Contrairement aux angelots qui, depuis le dôme peint au-dessus de nos corps enlacés, nous jetaient flèches et regards complices, nous n’étions ni l’une ni l’autre dotés d’ailes jaunies par le temps, et nous nous serions pitoyablement écrasés sur la scène, jambes emmêlées, au milieu de la foule agitée des comédiens vociférants.

D’où j’étais, j’avais vue sur une partie du public et, à travers les lumières d’un bleu irisé offrant une vue d’ensemble stroboscopique, je pus m’assurer que le spectacle ne manquait pas de susciter des réactions chez quelques spectateurs et spectatrices. Je pus surprendre ici et là en effet, des mouvements révélateurs sous les pantalons de ces messieurs et sous les jupes de ces dames.

Un antique miroir oublié-là par quelque accessoiriste négligent me renvoyait l’image mouvante de deux corps en fusion. Derrière mon reflet, le grand brun aux yeux bleus et au nez busqué s’activait, sous l’œil écarquillé de cet autre technicien qui finit par sortir son engin et se caresser fébrilement.

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Nelly BerteenArticle écrit par Nelly Berteen

Auteure multi-genres, entre ésotérisme et érotisme, thriller et polar, Nelly Berteen est journaliste de presse écrite. Passionnée de sciences occultes et de paranormal, bibliophile, collectionneuse d’ouvrages qui voici quelques siècles l’auraient conduite au bûcher, elle met sa plume au service d’enquêtes aux confins du surnaturel.

Elle s’attache également à faire connaître des auteurs et auteures qui évoluent dans ses domaines de prédilection.

Parce que l’écriture n’est pas une souffrance, bien au contraire!