Ivresse de l'altitude

Ivresse de l’Altitude – Partie 1

Il avait fallu quatre heures de marche éreintante pour que je sois enfin coupée du monde mais l’effort en valait la peine. Devant moi, à perte de vue, il n’y avait plus que montagnes, herbes et arbres et plus aucune âme qui vive. Je m’assis sur un rocher pour admirer cette vue et jouir de la solitude bienvenue. Je n’entendais rien d’autre que le vent et le souffle de ma respiration. Je fermai les yeux et ne pus retenir un sourire de satisfaction.

Ivresse de l'altitude

Il y avait bien longtemps que je n’avais pas souri. L’année avait été difficile. J’avais rompu avec mon copain après quatre ans d’une relation fusionnelle et je venais de terminer mon école de commerce, sans que ces cinq années d’étude ne m’aient donné envie de poursuivre dans cette voie. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire de ma vie alors je ne prenais mes décisions qu’au jour le jour. Une excursion en montagne en solitaire d’abord, on verrait pour la suite.

En repensant au visage de mon ex au moment où je lui avais annoncé que c’était fini, un frisson me traversa. Il était triste, sûrement, mais il y avait eu autre chose. Une lueur de reproche teintée de haine dans le regard. Il avait prévu de faire sa vie avec moi et j’avais contrecarré ses plans. C’était plus terrible encore à ses yeux qu’un éventuel chagrin d’amour. Tout le monde planifiait sa vie, attachait une importance considérable dans la fixation des choses. C’était une façon de ne pas prendre de risque, de se rassurer, mais c’était une forme de lâcheté aussi. Je voulais choisir mon destin sans être influencée.

Je bus une gorgée d’eau dans ma gourde et me focalisai sur le paysage de montagne magnifique pour chasser mes angoisses. Je croquai ensuite dans une pomme avant de me remettre en marche.

J’aimais sentir les herbes caresser mes jambes tandis que je m’enfonçais dans la plaine entre les collines verdoyantes. Je marchai ainsi deux heures, l’esprit apaisé, totalement en symbiose avec la nature environnante. Alors que je m’apprêtais à faire une nouvelle pause, après avoir contourné la petite colline que je longeais, j’aperçus des petits points noirs clairsemés sur le versant d’en face. Des dizaines de moutons étaient en train de paitre dans ces herbes en altitude.

Je fronçai les sourcils. S’il y avait des moutons, un berger ou une bergère était également dans les parages pour les surveiller. Ma solitude allait donc déjà prendre fin ? Je ris en pensant à ce soudain élan misanthropique. Je n’étais même pas prête à partager des hectares de montagne avec une autre personne. Qui était par ailleurs bien plus chez elle que moi.

Le soleil commençait sa descente et j’hésitais à passer la nuit au bord du petit chemin ou à continuer encore ma marche. Le bruit régulier d’une rivière vint alors à mes oreilles et me décida à m’installer dans les parages. Je sortis du chemin balisé en avançant dans l’herbe en direction de la rivière. Elle était en contrebas de ma position, au pied du flanc de colline sur lequel les moutons de déplaçaient lentement. A une quarantaine de mètres du cours d’eau, je trouvai un endroit plat idéal pour m’installer pour la nuit. Le ciel était sans nuage, je pourrais dormir à la belle étoile. Cette idée me réjouissait. Allongée sous un ciel étoilé, au chaud dans mon sac de couchage…

Je sortis de mon sac une casserole, un réchaud, un paquet de pâtes et des saucisses. Un repas de reine. Pour ne pas gaspiller l’eau de ma gourde, je descendis vers la rivière avec ma gamelle. Le soleil avait continué de descendre mais on voyait encore correctement sans avoir besoin de lampe de poche. Je m’assis donc au bord de l’eau, dans cette luminosité superbe qui diminuait et c’est alors que je la vis.

A une quarantaine de mètres en amont du cour d’eau, une jeune femme se tenait debout au milieu de la rivière. Elle était de profil et ne m’avait sans doute pas vue. Malgré la lumière faible, je sus immédiatement que c’était une femme. A cause du dessin de ses seins. Elle était entièrement nue.

A l’aide d’un petit bac, elle se douchait avec l’eau de la rivière. Son corps était fin, sa silhouette parfaite se découpait dans la faible lueur. Ses seins étaient généreux, sa taille fine et ses fesses parfaitement rondes. Elle versait de l’eau dans ses cheveux qui tombaient jusqu’en bas de son dos. Elle était magnifique. J’en avais le souffle coupé. Certes il y avait le cadre merveilleux, la beauté des lieux, le coté improbable de de cette rencontre qui n’aurait pas dû se produire… Mais il y avait autre chose. La beauté de son corps nu caressé par l’eau de la rivière m’électrisait complètement.

Je n’osais plus bouger de peur qu’elle ne me voie. Je m’allongeai doucement pour être encore plus invisible et continuai de l’observer, allongée dans l’herbe, le visage tourné vers elle.

Elle me faisait face maintenant, frictionnant son corps pour le nettoyer. Je pouvais voir ses seins se soulever sous ses mains tandis qu’elle frottait son ventre. Elle s’assit ensuite dans l’eau pour nettoyer entre ses cuisses. Je me sentis rougir en la voyant frotter son intimité. Je commençais à avoir chaud. Ma gorge était nouée et ma bouche complètement sèche. Des frissons parcouraient mon corps, la sensation était étrange…

La jeune bergère se releva finalement et sortit de l’eau à pas lent vers la berge. Avec ses jambes élancées, elle paraissait flotter dans les airs. Elle attrapa une serviette dans l’herbe, se sécha consciencieusement le corps puis elle enfila sa culotte. Elle resta seins nus un moment. Elle regardait dans ma direction. J’étais certaine qu’elle ne pouvait pas me voir, mais je n’osais pas bouger. Je ne savais pas ce qu’elle attendait, peut-être qu’elle s’était sentie observée…

Elle finit finalement par se rhabiller et monta vers le sommet de la colline où l’attendaient ses moutons. Elle disparut dans l’herbe et la nuit tomba presque en même temps. J’étais toujours allongée au bord de l’eau, ma casserole près de moi. J’observais le ciel et ses premières étoiles le cœur toujours battant. Je ne pouvais pas m’enlever l’image de cette femme caressant son corps parfait dans cette rivière. Les bouffées de chaleur continuaient de m’assaillir, je sentais un picotement dans mon bassin jusqu’à mon sexe.

Je savais au fond ce que je ressentais même si cela me semblait complètement improbable. Plus j’essayais de m’en défendre plus l’évidence revenait encore plus puissante. Du désir. Pour la première fois de ma vie, j’éprouvais du désir pour une femme. Un désir d’autant plus inédit qu’il était d’une intensité encore jamais ressentie.

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