Des vacances pas très joyeuses

Le compteur à zéro – partie 1

Les yeux fixés sur l’horizon azur, les pieds dans le sable, un cocktail à la main et dans un silence ambigu, nous fêtions nos vingt-neuf ans. À tous les deux. Nous partagions entre autre chose une date d’anniversaire commune, année comprise. Vingt-neuf ans, mais aussi quatorze années en couple puisque nous nous étions embrassés pour la première fois le jour de nos quinze ans respectifs. Cette date d’anniversaire autour de laquelle s’enchevêtraient nos vies nous avait longtemps amusé, mais ce soir plus tellement.

Des vacances pas très joyeuses

Nous étions silencieux parce que sans doute il n’y avait plus grand chose à dire. Dans exactement un an, encore et toujours à cette même date d’anniversaire, nous aurons passé exactement autant de temps en couple que célibataires. Quinze ans d’un côté et autant de l’autre. Du moins si nous tenions jusque là.

L’affaire que nous avions montée au sortir de notre école de commerce, une fois de plus commune, avait eu un succès qui avait dépassé nos espérances ; si bien que nous étions aujourd’hui des quasi retraités profitant oisivement de notre vie de rentiers aux contraintes discrètes.

Alors nous avions décidé que nous fêterions nos vingt-neuf ans sur une plage de Thaïlande, là où le soleil brille toute l’année. Et donc sur la plage privée de notre hôtel de luxe, un cocktail haut de gamme à la main, nous regardions la mer turquoise les pieds dans le sable.

Elle était toujours aussi belle, des cheveux d’or légèrement ondulés recouvraient ses épaules bronzées. Sa peau aux teintes caramel ressortait merveilleusement avec son maillot de bain deux pièces rose fluo. Son corps svelte, musclé, dont elle prenait soin tous les jours à la salle de musculation à mes côtés, montrait des courbes parfaites. Elle était sublime. Nous l’étions tous les deux. On nous enviait. On jalousait notre réussite, notre beauté, notre couple, notre vie. Et pourtant quelque chose était cassé.

Je posai ma main sur son dos et dans un réflexe elle se cambra. Je la retirai aussitôt et cherchai son poignet, mais elle se dégagea. Elle tourna la tête vers moi et me regarda un instant avec un sourire triste qui me figea. Puis elle contempla à nouveau la mer. A quel moment tout avait basculé ? Pourquoi n’avions nous rien vu venir ?

Elle se leva, son cocktail à peine entamé toujours à la main. Et elle m’annonça qu’elle retournait dans la chambre. Je la suivis, ne sachant si c’était ce qu’elle attendait de moi. Mais je n’avais aucune envie de rester seul à contempler le vide devant moi.

Arrivés dans notre suite immense, elle arpenta la pièce les yeux au sol. Je connaissais cette attitude par cœur, ces cent pas des grandes décisions. Alors j’attendis. Et elle parla enfin.

«  Je t’aime, je veux que ça continue de fonctionner nous deux. Mais je crois que nous avons pris de mauvaises habitudes. Depuis nos quinze ans, nous faisons tout ensemble, notre travail, notre vie sociale, même nos séances de sport… Il faut qu’on se laisse respirer pour éviter que notre couple nous étouffe. On doit parvenir à vivre autrement que pour nous deux. Nous manquons d’égocentrisme. »

Elle s’était exprimée dans un souffle, en regardant parfois au plafond, parfois devant elle et parfois en s’adressant à moi…

J’encaissai les informations sans répondre. Elle avait sans doute raison, mais je sentis la colère me gagner. C’était le sentiment d’impuissance qui m’agaçait. Comment pouvait-on chambouler nos habitudes ancrées depuis tant d’années ? Il faudrait nous forcer à ne pas voir nos amis ensemble ? Nous obliger à faire du sport à des horaires séparées ?

Elle sut à mon regard que je n’étais pas ravi de ce qu’elle venait d’exprimer.

« Je ne dis pas que ça va être simple, mais nous n’avons pas le choix. Soit nous faisons des efforts, soit c’est la fin de notre couple. »

Des larmes me montèrent aux yeux quand elle évoqua cette possibilité. J’avais beau ressentir de la colère et de la tristesse, je savais au fond de moi qu’elle avait raison, et que nous nous apprêtions à traverser une épreuve dont il faudrait que nous sortions plus forts.

Elle enfila une robe d’été légère tandis que je mettais un tee-shirt et on se mit en route. Nous avions prévu de fêter notre anniversaire dans un restaurant du coin qu’on nous avait conseillé et on s’y rendit sans plus prononcer un mot.

En arrivant sur place, l’endroit nous fit oublier un instant notre moral au plus bas. Il y avait du monde partout, des gens hilares qui parlaient fort pour couvrir le son de la musique. L’endroit était empli d’une gaieté spéciale, d’une bonne humeur générale que rien ne semblait pouvoir ternir.

Les gens mangeaient debout, serrés les uns contre les autres, accoudés à d’immenses tablées en hauteur. Chacun piochait avec les mains dans des barquettes de poissons, fruits de mer et légumes grillés qu’on commandait à l’immense bar situé au centre du restaurant. On se fraya un chemin et on finit par trouver une petite place l’un en face de l’autre, coincés entre d’autres joyeux clients.

On salua poliment les gens qui nous entouraient et je proposai à ma copine d’aller nous commander à manger pendant qu’elle gardait notre bout de place. J’allai donc jusqu’au bar, fasciné par l’endroit, souriant devant l’étendue de joie à perte de vue… Mais son discours dans la chambre me revint d’un coup et ma mine s’assombrit. Mon esprit se perdit dans des pensées désagréables et je fus tiré de ma torpeur par un barman me demandant ma commande. Je lui commandai deux bières et quelques spécialités et j’attendis encore une dizaine de minutes qu’il me les apporte.

Lorsque je retrouvai ma copine, elle était en grande conversation avec son voisin de tablée. Je retrouvai ma place, face à elle, et déposai bières et nourritures entre nous. Elle remarqua alors que j’étais là et fit les présentation avec son voisin. Avec le bruit environnant, je compris à peine qu’il était Australien et qu’il était étudiant en vacances, un tour du monde peut-être. Je tentai de suivre leur conversation, mais le brouhaha associé au fait que la conversation était en anglais m’empêchait de rester concentré. Je continuai d’observer les alentours. L’endroit était immense, il y avait des mezzanines avec des gens partout.

Je retournai quelques fois à la conversation, en hochant la tête pour acquiescer et montrer mon intérêt à ce que l’Australien ou ma copine racontait, même si je ne comprenais définitivement rien.

Mais mon regard fut bientôt attiré par deux jeunes femmes qui discutaient contre la rambarde d’une mezzanine plus haut. Elles se parlaient les yeux dans les yeux, leurs visages très proches, elles se dévoraient littéralement du regard. Elles étaient jeunes et magnifiques. L’érotisme qu’elles dégageaient eut un effet immédiat sur moi.

J’annonçai à ma copine mon intention de nous recommander des bières et je quittai notre table bien décidé à partir à leur rencontre, pour les observer de plus près. Ma copine voulait que nous ayons plus d’indépendance, alors je me lançai. Je me promènerais dans cet antre merveilleux à contempler toutes les filles que je voulais…

Après avoir trouvé comment accéder à la mezzanine, il me fallut encore quelques minutes pour retrouver mon joli couple de femmes. Elles étaient encore plus sublimes de près et je tâchai de me rapprocher au maximum sans attirer leur attention. Elles dégageaient une sensualité exceptionnelle… Je parvins finalement à trouver une place contre la rambarde juste à côté d’elles. Je pourrais ainsi écouter leur conversation et les observer au plus près sans être remarqué.

Avec mon verre à la main, je parcourrai des yeux la salle du restaurant en zyeutant du coin de l’œil les jolies femmes. Et j’eus le souffle coupé.

En contrebas, j’avais une vue imprenable sur ma copine. Elle était en train d’embrasser à pleine bouche l’Australien. Avec une lenteur lascive, leurs langues se mélangeaient l’une à l’autre. Je pouvais apercevoir parfois ces deux langues sortir de leur bouche et se caresser doucement. Leurs yeux étaient fermés et leurs corps se rapprochaient toujours plus. Je dus me retenir au balcon lorsque je le vis serrer sa main contre les fesses de ma copine qu’il caressait avec force. J’était incapable de bouger, pétrifié par ce spectacle. Ils semblaient ne pas vouloir se détacher l’un de l’autre.

Je vis alors ma copine prendre l’autre main de l’Australien et la coller contre son sein. Il ne se fit pas prier et il le serra tandis qu’elle se collait encore d’avantage contre lui sans cesser de l’embrasser. Elle même promenait maintenant sa main sur le torse musclé du jeune homme avec une fougue que je ne lui connaissais pas. Je pouvais presque entendre leur respiration tant le désir qui montait en eux était visible.

Et malgré la colère qui m’avait empli dès la seconde où je les avais vus s’embrasser, je ne pouvais m’empêcher de ressentir une forme d’excitation étrange, à la fois désagréable et extrêmement puissante. Mon sexe était dur sous mon maillot de bain. La vue de ma copine de toujours aspirant la langue d’un autre homme qui lui tripotait les fesses et les seins m’excitait au plus haut point…

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