Des vacances pas très joyeuses

Le compteur à zéro – Partie 2

 

J’étais redescendu de la mezzanine de l’immense bar et je m’étais installé exactement à la même place, en face de ma copine et de l’Australien. Ils s’étaient décollés entre temps et j’en venais à me demander si je n’avais pas rêvé. Si je n’avais pas vu un autre duo s’embrasser follement et que les vapeurs de la bière m’avaient fait prendre pour ma copine et ce jeune Australien.

Des vacances pas très joyeuses

Je ne pouvais m’empêcher de dévisager ma copine avec un air de reproche. Je regardais ailleurs autant que possible pour qu’elle ne voie pas ma mine renfrognée, mais j’avais du mal à ne pas les regarder tous les deux. J’avais un doute nourri surtout par les circonstances. J’avais du mal à croire que mes yeux m’aient joué pareil tour, mais j’avais tout autant de mal à imaginer que ma copine avec qui je fêtais ce soir nos quatorze ans d’amour puisse embrasser un autre homme presque sous mes yeux.

Au bout de longues minutes durant lesquelles je me torturais l’esprit, cherchant à me convaincre que je m’étais trompé, ma copine se pencha par dessus la table pour me crier :

— Apparemment, il y a une boite de nuit sympa à côté, on y va ?

Je n’en avais aucune envie, mais comme elle m’avait fait comprendre l’après-midi même que notre couple avait besoin d’un nouveau souffle, je ne voulais pas lui donner l’impression que j’étais déjà de mauvaise volonté. Et puis j’avais un mauvais pressentiment, celui qu’elle irait malgré tout danser sans moi, avec cet Australien sorti de nulle part.

Alors j’acceptais en exagérant mon enthousiasme. Et on se mit en route tous les trois. Une fois dans le calme relatif de la rue où la chaleur écrasante me fit curieusement du bien, ma copine vint me prendre le bras.

— J’espère que ça ne te dérange pas.

— De quoi ?

— Je sais que tu nous a vus nous embrasser.

Mes jambes me lâchèrent et je me retins à elle pour ne pas tomber. Je jurais en regardant par terre, pour faire croire que ma perte d’équilibre provenait d’un obstacle qui m’avait fait trébuché. Elle posa la tête sur mon épaule, dans un geste tendre.

— C’est toi que j’aime, mais comme je t’ai dit, il faut que nous trouvions un moyen de secouer notre routine qui nous tue.

Je ne savais quoi répondre. Ma gorge était sèche, aucun son ne sortait. La colère, l’humiliation, la rage étaient les sentiments qui me submergeaient en cet instant, mais d’un autre côté… Tout au fond de moi, ensevelie sous ces ressentis négatifs, une forme d’excitation tentait de poindre. L’image de ma copine embrassant l’Australien me revint et aussitôt mon sexe durcit. C’était incontrôlable, déroutant, à la fois désagréable et doux.

La boite de nuit était effectivement toute proche. Comme beaucoup de lieux de sorties sur l’ile, elle était à l’air libre, la piste se trouvant à l’intérieur d’un immense patio au centre duquel un DJ contrôlait les musiques qui déchainaient la foule.

L’Australien proposa de nous offrir à boire et se dirigea vers le bar. Ma copine resta près de moi, commençant à se déhancher sur la musique. Mon esprit était maintenant dans une brume qui me convenait parfaitement. Je tachais de ne pas réfléchir aux implications de cette soirée. Je ne pensais à rien d’autre qu’à l’instant présent et je me servais de la musique pour fixer mes pensées sur un terrain sans réflexion.

L’Australien me sortit de ma torpeur en me tendant une bière, tout sourire. C’est à cet instant que je réalisai à quel point il était beau. Il devait avoir quelques années de moins que nous, je lui donnais dans les vingt-cinq ans. Et il avait un corps indéniablement avantageux. Sans être une armoire à glace, on sentait que sous sa chemise était dissimulé le torse d’un homme sportif. Ma silhouette chétive de Lyonnais amateur de charcuterie ne faisait pas le poids.

Je sirotais ma bière en continuant de danser. Je transpirais abondamment à cause de l’effort mais aussi de la chaleur. Le ciel étoilé offrait un toit haut de gamme à la boite de nuit et je me laissais aller quelques instants à la contemplation agréable de ce décor exotique. J’avais envie de me perdre dans les étoiles, de partir loin, d’oublier cette soirée…

Puis je les vis à quelques mètres de moi. Ils dansaient face à face, se dévorant du regard, les corps se rapprochant comme si rien d’autre n’existait autour d’eux. Ma copine et l’Australien se prirent les mains, dansant de plus en plus proches l’un de l’autre. Et ils s’embrassèrent. Avec la même sensualité torride que plus tôt au bar. Je ne l’avais donc pas rêvé. Leurs bouches se collaient à nouveau, leurs langues se mêlaient avec fougue. Et je la vis glisser sa main vers ses fesses, sous l’élastique de son short où elle alla tâter directement à même la peau la fermeté de son postérieur musclé.

A nouveau ce sentiment ambivalent, cette envie d’hurler de rage et en même temps qu’ils continuent, qu’ils aillent encore plus loin pour nourrir mon excitation que j’avais rarement connue aussi violente. Alors je ne fis rien, happé par la musique, ma bière et ma copine caressant des fesses qui n’étaient pas les miennes. Et l’Australien glissa à son tour sa main sous la jupe de ma copine où il put agrippé lui aussi cette zone du corps tellement érotique.

Je connaissais parfaitement la sensation de ces fesses superbes dans mes mains, mais c’était lui qui en profitait, jamais je n’aurais imaginé qu’un autre puisse connaître la texture divine de cette peau si douce que j’avais crue mienne pour toujours. Ils s’embrassèrent et se caressèrent encore un long moment, comme si plus rien d’autre n’avait d’importance autour d’eux. Et moi-même, j’avais la sensation que nous n’étions plus que trois sur cette terre. Les danseurs survoltés autour de nous ne prêtaient aucune attention à la tornade émotionnelle que je traversais. Ils semblaient danser au ralenti, ne servant que de décors à l’essentiel qui se tramait sous mes yeux.

Puis, sans même me jeter un regard, ils traversèrent la foule, main dans la main. Je les suivis jusqu’à un canapé en osier isolé où ils s’assirent collés l’un contre l’autre. Ma copine m’aperçut et me fit signe de les rejoindre. J’hésitai avant de me décider à m’installer dans le fauteuil qui leur faisait face.

Ma bière toujours à la main, je les observais comme si j’avais été simple spectateur d’une pièce de théâtre dans laquelle je ne tenais aucun rôle. Excepté celui de faire le public, une mission par ailleurs essentielle puisqu’un spectacle de théâtre n’existait pas réellement s’il n’y avait personne pour y assister. Je me réfugiai dans ces réflexions sur le théâtre pour contenir ma colère qui montait parfois. L’Australien contemplait ma copine, caressant sa joue en lui susurrant des mots qui la faisaient rire. Et quelques fois, ils se taisaient pour s’embrasser encore à pleine bouche.

Les mots devinrent rares, les pauses sensuelles plus prononcées. Leurs langues étaient irrémédiablement attirées l’une contre l’autre. Je ne savais pas depuis combien de temps il avait glissé sa main sous sa robe, j’avais à nouveau égaré mes pensées, mais il lui caressait maintenant les seins et elle se mordait les lèvres de plaisir. Il commença à l’embrasser dans le cou, elle ferma les yeux, respirant toujours plus fort. Je détournai le regard, mes yeux s’embuaient de larmes. Ce n’était pas seulement de la voir avec un autre, c’était aussi ma propre lâcheté qui me faisait craquer. Comment je pouvais laisser faire ce type ? Qu’est-ce qui me retenait de mettre fin à cette humiliation ? Quel genre d’homme étais-je pour éprouver du plaisir à observer ma copine avec un autre ?

Je risquais un nouveau coup d’œil dans leur direction. Sa bouche était tordue de plaisir. Son regard errait dans le vide. L’australien n’était plus en train de lui caresser les seins. Il avait plongé la main sous le bikini de ma copine. Il caressait sa toison douce à peine bouclée, son mont de Vénus sublime… Son index et son majeur étaient en ce moment même en train de la pénétrer fiévreusement et elle n’allait pas tarder à jouir. Et je découvris alors que le bras de ma copine allait et venait doucement : elle était en train de masturber l’Australien. Ils se masturbaient mutuellement, submergés par un plaisir tel qu’ils en avaient oublié la foule autour d’eux. Jamais elle n’aurait accepté ce comportement de ma part, ce dérapage en public. Il était temps que j’agisse.

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