Des vacances pas très joyeuses

Le compteur à zéro – Partie 3

 

Il s’était écoulé une minute, peut-être dix, ou même davantage, c’était difficile à dire. Le temps s’était arrêté. Cet Australien que nous ne connaissions pas quelques heures plus tôt avait la main dans la culotte de ma copine, il la caressait en même temps qu’elle le masturbait et ce spectacle aussi douloureux qu’excitant m’avait fait perdre toute notion du temps. Dans ce recoin d’une boite de nuit quelque part en Thaïlande, notre vie de couple sans histoire était en train de prendre une tournure qui nous changerait pour toujours.

Des vacances pas très joyeuses

Il fallait que j’intervienne. Dans un réflexe instinctif bien que tardif, je criai :

— Stop !

Au milieu du brouhaha musical, les gens autour de nous n’y prêtèrent pas attention, mais ma copine ouvrit aussitôt les yeux. Elle cessa de masturber l’Australien et ce dernier retira doucement la main de dessous sa jupe. Je vis glisser furtivement sur le visage de ma copine un petit rictus de plaisir au moment exact où il se retirait. La colère montait, je me sentais humilié.

Ma copine s’approcha de moi, me prit par le bras et m’embrassa sur la joue en même temps qu’elle murmurait :

— Je comprends. Merci de m’avoir laissé si longtemps.

Ses lèvres étaient brulantes. Si je n’avais pas lu le désir dans son regard quelques minutes plus tôt, j’aurais pu croire qu’elle était malade. Puis sans un mot, on quitta tous les trois la boîte de nuit, nous faufilant à travers la foule. Tout était calme et apaisé maintenant dans mon esprit. Ses mots m’avaient rassuré. Elle m’aimait, j’en étais certain, elle n’avait fait que chercher un renouveau. Elle m’avait expliqué son désir de renaissance dans notre couple, elle voulait que les choses se bousculent, que notre routine prise depuis nos quinze ans explose.

Et là, au milieu de la Thaïlande, loin de nos amis, de notre famille, de nos repères, elle avait trouvé cet Australien en train de faire le tour du monde, un bel étudiant choisi au hasard ou parce que nous ne le reverrions jamais. Il représentait la charnière, l’élément qui constituerait la limite entre notre première vie de couple et la seconde. Ma copine avait besoin de se sentir vivre pour ne pas dépérir.

Alors quand l’Australien nous dit au revoir devant la boite de nuit, avec un sourire chaleureux qui témoignait de l’excellente soirée qu’il avait passée, c’est moi qui pris les choses en main. Je rassemblai tout mon courage et mon anglais et je lui proposai de venir boire un dernier verre dans notre bungalow.

Il fut aussi étonné que ma copine et accepta avec empressement. Nous restâmes encore silencieux pendant que nous avancions vers notre cabanon de grand luxe. Ma copine marchait entre nous deux, et nous lui tenions chacun la main.

Le bungalow était sur la plage, et on commença par boire une bière, assis dans le sable, en échangeant quelques mots rares. Nous savions tous comment cela risquait de se terminer et personne n’avait vraiment envie de faire semblant. Ma copine posa finalement sa tête contre l’épaule de l’Australien qui la serra contre elle. Puis il attrapa délicatement son visage et l’embrassa.

Comme plus tôt dans le restaurant, ils s’embrassèrent langoureusement un bon moment, leurs langues prenant le temps de se rencontrer. Mais je n’avais plus de colère. Je me sentais bien. Serein, sûr de moi, avec l’impression que c’était moi qui, d’une certaine façon, menais la dance. J’avais invité l’Australien à venir, j’étais celui qui dirigeait les opérations.

— Rentrons.

Notre chambre était immense, et au milieu, un lit à baldaquin gigantesque trônait, orné d’une élégante moustiquaire. L’Australien s’assit sur le lit. Ma copine l’embrassa à nouveau puis elle s’interrompit pour se diriger vers moi. Elle posa ses lèvres sur les miennes et dans un murmure d’une délicieuse douceur, elle chuchota :

— Merci.

Je souris. Je m’assis dans un fauteuil confortable face au lit, et je terminai tranquillement ma bière en les regardant s’embrasser. Je fus à nouveau saisi de ce petit doute douloureux quand ma copine retira sa robe et qu’elle se retrouva habillée simplement de son maillot de bain deux pièces rose fluo. L’excitation se mêlait encore au pincement. Mais je respirai profondément et un sentiment de fierté vint finalement prendre la place du doute : l’Australien contemplait ma copine comme un véritable trésor. Et c’est ce qu’elle était. Son corps sculpté et bronzé était d’une beauté à couper le souffle.

Et quand elle dégrafa le haut de son maillot et que deux seins durs et tendus en sortirent, je le vis déglutir. Il approcha doucement son visage et les embrassa tour à tour tandis qu’elle lui collait la tête pour l’encourager. Elle ferma les yeux pour profiter des plaisirs de ses baisers. Puis tout en léchant ses seins, il retira son tee-shirt. Elle le poussa sur le lit et embrassa à son tour ses pectoraux musclés et sa bouche, collant ses seins durcis par le désir contre son torse.

Elle se redressa et tira d’un coup sur le short de l’Australien qui se retrouva entièrement nu. Son pénis était dressé d’excitation, bien droit vers le ciel. Ma copine ouvrit la bouche et engloutit doucement le sexe durci. L’Australien émit un râle de plaisir et moi-même je sentis l’excitation monter d’un cran. Je libérai mon sexe de mon short et me caressai doucement en regardant ma copine faire une fellation à l’Australien.

Au bout de quelques instants, elle se redressa et revint l’embrasser. Il fit alors descendre le bas de maillot de ma copine tandis qu’elle attrapait un préservatif sur la table de nuit. Jamais je n’aurais imaginé que l’un de ces bouts de latex servirait à un autre…

L’Australien plongea sa tête entre les cuisses de ma copine qui se cambra aussitôt, agrippant les draps de toutes ses forces. Je voyais la chevelure de l’Australien remuer et ses mains presser les seins de ma copine avec fougue. Puis elle le tira vers elle, l’embrassa encore, et doucement, elle déroula le préservatif sur son pénis. Elle leva la tête vers moi, me fit un clin d’œil, sourit, et aussitôt je fus empli d’un sentiment de bienêtre. Je l’aimais comme jamais.

Elle s’allongea sur le lit, entièrement nue, les jambes légèrement écartées, offerte. Elle était prête à le recevoir en elle. Lentement, avec humilité, comme conscient de l’honneur qu’on lui faisait, l’Australien se pencha vers elle et dirigea son sexe entre ses cuisses. A son expression comblée, je sus à l’instant exact où il la pénétra. Un voile lumineux s’était abattu sur son visage.

L’Australien commença de langoureux va-et-vient et elle se mit à gémir d’abord timidement puis avec de plus en plus d’assurance. Ils étaient maintenant totalement en osmose. Elle s’accrochait à sa nuque, savourant chaque coup profond en elle. Puis il la retourna sans ménagement et lui fit l’amour en levrette. Elle criait maintenant son plaisir et son visage empourpré rayonnait. Elle entrouvrit les yeux et nos regards se croisèrent. Elle me sourit dans une demi-brume et murmura :

— Je jouis…

Et moi, j’entendis « je vis ».

Fin