Le rouge-gorge à poitrine orange – Fiction érotique

Roger Westinghouse inspectait les jumelles de son grand-père qui dataient de la Seconde Guerre mondiale. Il retira le couvercle des lentilles oculaires, porta les jumelles à ses yeux, mais la seule chose qu’il vit fut une obscurité totale.

Son père, Lewis Westinghouse, lui donna un coup de coude. « Enlève le cache des lentilles. Ça aide. »

Roger regarda l’extrémité des lentilles. « C’est logique. »

Roger retira les couvercles des grandes lentilles et remit à nouveau les jumelles devant ses yeux.

Au début, sa vision était floue, à l’exception de deux lignes noires placées à angle droit. Chaque ligne était marquée par de petits tirets et des chiffres. Il tourna les lentilles jusqu’à ce que la pièce devienne moins floue, mais toujours sans mise au point. Il se tourna, regardant à travers les jumelles. Lorsqu’il s’aligna sur la fenêtre, il remarqua à quel point il pouvait voir loin. Un rouge-gorge à la poitrine orange gazouillait sur une branche tordue du chêne de la cour.

Il interrogea son père : « À quoi servent les lignes ? »

« C’est l’échelle du télémètre stadimétrique », répondit son père, sans regarder, mais en continuant à décharger des cartons. « Tu peux utiliser les chiffres sur ces lignes pour calculer la distance entre l’objet que tu observes et toi, la hauteur de l’objet ou même l’angle auquel l’objet est placé. Il suffit de savoir comment le calculer. C’est assez utile. Enfin, je veux dire, ça peut l’être. »

« Quelle est l’équation ? »

Le doigt de son père griffonna brièvement un problème mathématique invisible dans l’air. « Ah, c’est ça », se dit-il et il se tourna vers Roger. « La taille de la cible en mètres est multipliée par 1 000 et divisée par la mesure en mils. »

Roger regardait son père fixement, abasourdi.

« Donc, si une cible d’un mètre quatre-vingts par exemple, mesure 3 millièmes – ces encoches sur les lignes – la formule serait 2 multiplié par 1 000, divisé par 3 égale 667 yards. »

« Tu connais ça par cœur ? »

« Il y a des choses qu’on n’oublie jamais. »

« Tu étais tireur d’élite ? »

Il rit. « Pas exactement, non. »

« Observateur d’oiseaux ? »

« Pas dans le sens formel, bien que j’aie observé un rouge-gorge il y a quelques années. »

« Un seul ? »

« Hein ? » Lewis fit comme s’il ne l’avait pas entendu.

« Les rouges-gorges sont partout par ici, » dit Roger. « Je pense que ce sont des oiseaux ennuyeux. »

« Regarde la poitrine des rouges-gorges. Ils sont magnifiques. »

Roger regarda son père. Cette réponse était aussi bizarre que de connaître par cœur l’équation du télémètre. « Tu es bizarre, papa. »

Son père sourit. « Les pères sont toujours bizarres à un moment ou à un autre de la vie de leurs enfants. Aujourd’hui, c’est mon jour. »

Et Lewis continua à sourire pendant qu’il déballait l’appareil. Il ne souriait pas à cause de son fils ou parce que c’était son jour était venu d’être bizarre aux yeux de son enfant. Au contraire, il pensait à Robin. Lorsqu’il était plus jeune, elle vivait à deux pas de chez lui et c’est la première fille qu’il avait observée avec cette paire de jumelles datant de la Seconde Guerre mondiale.

Robin était rousse et avait des seins qui faisaient saliver Lewis, même des années plus tard. Lewis n’avait pas réalisé tout cela à propos de Robin avant d’avoir posé ses yeux sur les jumelles pour la première fois. Il s’intéressait d’abord aux oiseaux. Il y en avait beaucoup dans son jardin. Il s’asseyait, les jambes croisées, devant les portes coulissantes qui donnaient sur le patio arrière et observait les cardinaux, les geais bleus et le rouge-gorge omniprésent.

Lewis établissait une liste d’oiseaux et prenait ensuite le guide des oiseaux de son père, publié par la National Audubon Society. Il effectuait des recherches sur les oiseaux de la région et les comparait à sa liste d’oiseaux.

Un jour, cependant, il remarqua un mouvement d’une fraction de seconde dans la pièce du deuxième étage de la maison voisine. Il recentra ses jumelles pour avoir une vue plus longue que les branches près du patio. Comme il n’y a pas eu de mouvement pendant un certain temps, il pensa qu’il s’agissait d’un oiseau qui passait trop près pour qu’il puisse faire la mise au point.

Cependant, à partir de ce moment-là, une intuition l’incita à rester attentif à cette fenêtre. Il devait se forcer à regarder les oiseaux. Les jumelles remontaient systématiquement vers la fenêtre carrée. Le « et si » et le « peut-être » pesaient trop lourd.

Un jour, alors qu’il observait les oiseaux à travers les portes vitrées, il vit les rideaux de cette fenêtre s’agiter. Puis une lumière s’était allumée ! Il recentra ses jumelles. Robin était alors apparue à la fenêtre.

Lewis vit qu’elle brossait ses longs cheveux roux. Ses épaules étaient nues. Son cou était maigre. Puis elle disparut de la fenêtre. Un instant plus tard, elle réapparut avec ses cheveux comme dans un souffle. Lewis sentit son corps réagir. Puis l’inquiétude et l’envie s’installèrent.

Qu’est-ce que je fais là, aux yeux de tous à espionner ma voisine ? Sa réponse fut l’action. Il n’avait pas l’intention de se faire prendre.

Il partir en courant à la recherche d’une autre fenêtre.

Il se précipita dans sa chambre et s’accroupit au pied de la fenêtre.

Il s’assit, le dos voûté, de façon que seule sa tête soit visible. Il se convainquit que sa tête pouvait passer de loin pour un objet difficile à identifier – un globe, peut-être – posé sur le rebord de la fenêtre. Même si c’était complètement absurde, ce garçon excité n’y réfléchit pas davantage.

Malgré tous les efforts déployés pour l’observer depuis sa chambre, Robin n’était plus là. La lumière était allumée, lui laissant encore une lueur d’espoir. Maintenant, Lewis était dans un jeu d’attente – un jeu que n’importe quel garçon excité était capable d’endurer.

Lewis était assis là, les jumelles à la main. Il aperçut deux cardinaux et un roitelet. Bien sûr, plusieurs rouges-gorges à poitrine orange. Mais pas de Robin.

Ses espoirs sensuels s’envolèrent.

Le soleil se coucha. La visibilité dans la chambre s’améliora. Sombre à l’extérieur et claire à l’intérieur, Lewis vit des ombres sur le mur. Les ombres s’assombrirent, puis s’éclaircirent sur les murs. L’ombre se mit à se déplacer rapidement, dans un sens et dans l’autre, à droite et à gauche, de haut en bas.

Lewis ne pouvait qu’imaginer ce qui se passait. Une danse ? Une crise de rage ? Une séance d’entraînement ? Du sexe sauvage ? Il resserra les jumelles sur ses yeux lorsque le sexe lui vint à l’esprit. La possibilité – et la probabilité – de cette idée était faible et sans doute irréaliste.

Soudain, Robin apparut. L’espoir renaquit.

On aurait dit qu’elle chantait avec une brosse à cheveux comme micro. Son esprit tourbillonnait rien qu’en imaginant le « et si ». Le manche de la brosse était devant sa bouche et elle se comportait comme une sauvage. Elle avait, d’après ce qu’il pouvait voir, de fines bretelles sur les épaules. Peut-être une petite chemise de nuit. Peut-être seulement un soutien-gorge.

Il continua à regarder.

Elle chanta et dansa jusqu’à ce qu’elle continue à le faire hors de son champ de vision. Son ombre bougeait toujours. Lewis continuait à regarder à travers les jumelles, émerveillé. L’espoir de voir quelque chose s’était pleinement éveillé. Cependant, elle ne réapparut jamais cette nuit-là, et l’ombre s’estompa. Bientôt, elle disparut pour la nuit. Il abandonna son poste une heure plus tard. L’espoir s’était envolé. Cette expérience s’avéra un événement unique – pour un temps. Trop longtemps pour lui.

Il avait abandonné quand, un après-midi, il aperçut Robin qui prenait le soleil dans son jardin. Il fut pris de vertige.

Il courut à l’étage jusqu’à son poste devant la fenêtre.

Le haut du bikini de Robin peinait à retenir ses jeunes seins. Les globes de chair paressaient langoureusement, retenus par le haut bleu clair. Son ventre était nu, et un bas de bikini à taille basse ne couvrait qu’une petite partie de son corps. Elle portait un bandeau pour maintenir ses cheveux en arrière.

Le corps de Lewis réagit comme à l’accoutumée. C’était tout à fait émoustillant. C’était à en perdre la tête. Il déglutit et modifia sa position. Les lentilles des jumelles lui écrasaient les yeux. Cependant, aucun inconfort n’aurait pu lui faire manquer le bain de soleil de Robin. Et cela ne durerait peut-être pas longtemps, d’autant plus que la peau claire des roux était connue pour ne pas très bien supporter le soleil.

Robin se redressa. Elle passa la main dans ses cheveux, les nouant en queue de cheval. Ses seins rebondirent lorsqu’elle se déplaça, luttant contre le morceau de tissu qui les retenait.

Puis elle roula sur le ventre. Elle tendit la main vers l’arrière et détacha son haut de maillot, exposant tout son dos nu au soleil.

Lewis fit glisser son regard le long du dos de la jeune femme jusqu’à ses jolies fesses, recouvertes par la culotte bleue. Chacun de ses fesses rebondies lui mettait l’eau à la bouche.

Tout en la regardant, Lewis sortit sa bite. Elle surgit une fois libérée de son pantalon.

Sous le coup de ses caresses glissantes lui revint en mémoire une vision de la fille entièrement nue telle qu’il se l’était imaginée. Ses mains pressant ses seins. Sa langue traînant sur ses aréoles de pêche. Ses dents mordillant ses mamelons. Sa bouche embrassant son ventre jusqu’à ce qu’il trouve une chatte rasée de couleur pâle. Sa langue léchant ses lèvres extérieures, puis taquinant ses plis intérieurs rougissants.

Il ne pouvait pas tenir les jumelles et se branler en même temps. Il était prêt à poser les jumelles pour terminer sa branlette par une énorme explosion de sperme blanc et gluant, mais il s’arrêta. La porte du porche venait de s’ouvrir et une autre fille en bikini était apparue.

Elle était maigre, beaucoup plus mince que Robin la rousse, mais il émanait d’elle une sorte de puissance lorsqu’elle marchait. C’était une force que peu de filles possédaient.

Elle s’assit sur une chaise à côté de Robin. Toutes deux se mirent à parler tout en profitant du soleil.

Lewis se trouva soudain face à un dilemme. Il avait tellement envie de prendre son pied et sa paume était déjà glissante. Si, en mettant de côté les jumelles, il manquait quelque chose d’inattendu, il s’en voudrait terriblement. C’est sa bite qui pourtant l’emporta. Il se caressa et fit jaillir son sperme chaud. Il expira. Il se pencha en arrière pour reprendre possession de ses esprits et de son corps. Il se sentait soulagé. Les sensations intenses s’étaient dissipées.

Lorsqu’il avait une nouvelle fois porté les jumelles à ses yeux, Robin et son amie n’étaient plus là. Elles avaient plié bagage.

Il l’aperçut seulement une autre fois à la fenêtre de l’étage. Mais elle ne dansait pas, ne chantait pas, ne mettait rien devant sa bouche. Quelques fois, il vit une faible lumière grise et constante dans la pièce. Il rêva qu’elle regardait la télévision avec le son à fond afin de couvrir ses gémissements alors qu’elle caressait délicatement sa jolie chatte. Ce n’était qu’un mirage, comme une oasis d’eau à l’horizon dans le désert du Sahara. Et il n’y aurait jamais rien de plus. Robin déménagea cet hiver-là. Un vieux couple s’installa. Lewis n’oublia jamais la jeune fille.

« Certaines choses rendent les hommes étranges. La question est de savoir à quel point quelqu’un l’est », dit Lewis.

« Tu es fatigué, papa ? » demande Roger.

« Pourquoi ? »

« Tu as arrêté de bouger. »

« Ah, j’étais perdu dans mes pensées. »

« Tu es étrange. Et ce sont les jumelles qui t’ont rendu comme ça », dit Roger en le taquinant. « Qui ça intéresse d’observer les oiseaux ? Je pense que tous les ornithologues sont bizarres, si tu veux mon avis. »

« Certains oiseaux sont magnifiques », dit Lewis. « Et d’ailleurs, qui t’a demandé ton avis ? »

 

* Cette fiction érotique a été écrite en anglais par Claire Woodruff. Pour la lire dans sa version originale, c’est par ici !