L’ombre et la mariée – Fiction érotique – 1ere partie

Dans la chaleur d’une après-midi de la mi-juin, le visage de Julia était brillant et rayonnait de toute sa beauté et de sa joie insaisissable. Son visage était douloureux parce qu’elle n’arrêtait pas de sourire. Elle était la pièce maîtresse de la journée, la mariée. Elle ne s’était jamais sentie aussi belle et rayonnante, depuis ses rêves d’enfant. Sa nouvelle robe n’avait jamais été portée. Elle avait été cousue par Mme Thelma Schumacher. C’était une robe de mariée qui tombait sur le sol avec un col bijou en dentelle. Ses cheveux bruns étaient relevés et ondulés, avec quelques mèches lâchées. Elle était couronnée avec un bijou de cheveux en forme d’étoile argentée étincelante.

Elle était elle-même, de son propre avis, le vrai bijou de cette journée. Elle s’accrochait au bras de son nouveau mari, Buzz Meadows. Un jeune homme fringant – aujourd’hui vêtu d’un smoking noir – qui travaillait dans l’agriculture à Williston Falls. Pas un agriculteur lui-même, mais un vendeur de silos.

Pendant la cérémonie et la réception, elle se répétait en silence son nouveau nom ; celui de Buzz qu’elle avait volontiers accepté. Son nouveau nom roulait sur la langue de façon merveilleuse.

Mme Buzz Meadows

Mme Buzz Meadows

Mme Buzz Meadows

La cérémonie de mariage était, à l’image de sa vie, pittoresque, proche de la terre, et s’était déroulée en présence de la famille et des amis proches au Louise Hollis Community Center. La petite réception comprenait des amuse-gueules, avec les demi-sandwichs à la salade d’œufs de Mme Schumacher, les biscuits au citron de Mme LeAnne Schantz et les petits gâteaux roses de Mme Ruth Latzke. Depuis la table d’honneur, Julia les regardait. Elles étaient assises avec leurs maris aux tables pliantes, et elle se réjouissait à l’idée qu’elle était maintenant l’une des leurs, une femme mariée comme elle l’avait tant souhaité et attendu. Mais sans l’expérience ou la frustration que chacune d’entre elles avait avec son mari. M. Schantz lui avait dit un jour de profiter des jours fugaces où elle n’avait rien à reprocher à Buzz, car les raisons allaient bientôt apparaître. En entendant cela, Mme Schantz avait grogné et s’était détournée en marmonnant : « Ça n’a duré que dix minutes me concernant. » « Vous voyez ? » lui avait dit M. Schantz alors que sa femme partait en trombe. Julia avait ignoré les hauts et les bas de leur vie conjugale racornie.

Aujourd’hui, le jour de son mariage, était le premier jour du reste de sa vie. Elle entrait dans une nouvelle vie de femme et d’épouse, de mère aussi probablement dans le futur. Elle n’était plus une petite fille que l’on pouvait chasser parce qu’elle n’avait pas d’alliance en or à l’annulaire de la main gauche. Cette nouvelle alliance lui donnait de la consistance. Elle lui permettait d’avoir son mot à dire parmi les femmes de Williston Falls.

À la fin de la réception du mariage, alors que Julia s’apprêtait à partir avec son mari, elle jeta son bouquet de pivoines blanches par-dessus sa tête. Il fut attrapé par Jane, sa plus jeune sœur, de dix ans sa cadette. Leur mère, Mme Margaret Busch, arracha le bouquet des mains de Jane, lui faisant comprendre fermement, bien que gentiment, qu’elle ne se marierait pas avant de très nombreuses années et qu’elle devait effacer de son esprit toute idée de ce genre afin de se protéger du désir croissant de porter une robe blanche et de considérer les garçons immatures comme de bons prétendants.

Julia et Buzz furent accueillis par une pluie de riz alors qu’ils sortaient du centre communautaire et couraient vers la Cadillac Coupé de Ville 59, rouge vif, qui tournait au ralenti. Buzz avait voulu rouler sur une moissonneuse à grain tout droit sortie du champ de M. Hamilton, mais Julia avait opposé son veto à cette idée, décidant qu’on se moquerait d’elle pour le reste de sa vie, et qu’on se souviendrait du mariage uniquement à cause du tracteur, et non pas pour sa personne. « Cela gâcherait ma journée », avait-elle dit à Buzz. Il avait répliqué, mais il avait suffi qu’elle caresse ses cheveux blonds pour qu’il se range à son avis. Elle avait adopté les manières féminines innées en elle.

En sortant du centre communautaire, Julia remarqua le soleil couchant et les ombres allongées.

M. Achenbach leur tint la porte de la voiture ouverte, comme un valet. Il était le seul vendeur de voitures à Williston Falls, et il leur avait offert la voiture pour un prix de location bon marché. Elle avait espéré obtenir la voiture gratuitement pour un jour comme celui-ci. Cela aurait pu être considéré comme un cadeau. Les Achenbach leur avaient offert des bougeoirs à la place. Buzz fir le tour de la voiture et se glissa derrière le grand volant. Julia s’assit sur la longue banquette, saluant par la fenêtre passager et souriant à la foule de gens qui criaient, hurlaient, applaudissaient et chantaient. Parmi tous ces visages excités, Julia remarqua celui de Mme Latzke. Elle regardait ailleurs et avait le même sourire dédaigneux et les mêmes yeux sombres que le jour où elle avait révélé son histoire aux femmes à propos de la Silhouette. Julia interrompit son mouvement de la main lorsque Mme Latzke se tourna vers elle. Il y avait une grande ombre qui se profilait. C’était le grand chêne, mais une présence plus sombre se trouvait parmi les branches supérieures. Mme Latzke savait. Julia avait conscience de cette présence. Revenant à elle, Julia se remit à saluer ses invités. Les visages étaient brillants, excités et ravis pour les nouveaux M. et Mme Meadows.

Buzz s’éloigna du trottoir, les boîtes de conserve attachées au pare-chocs s’entrechoquèrent et rebondirent sur la route.

« Nous sommes mariés, Julia ! Enfin, nous sommes mariés ! » cria Buzz et frappa le volant avec sa main dans son excitation.

« C’est tellement merveilleux. Nous avons attendu si longtemps », lui répondit-elle.

« Je veux te mettre dans le grand bain tout de suite. » Buzz passa son bras autour du cou de Julia et l’attira sur la banquette près de lui. Il embrassa son front. Elle posa sa tête sur son épaule, respirant le smoking noir chauffé par le soleil et l’odeur boisée et virile de l’eau de Cologne Stetson.

« Tu es prête ? Prête pour passer un bon moment ma petite femme ? » lui demanda Buzz.

« Bien sûr », répondit Julia. Elle était excitée à l’idée d’être enfin à Buzz, l’homme qu’elle aimait. Elle allait pouvoir lui faire plaisir et s’offrir entièrement à lui, le laisser faire ce qu’il voulait, pour son plaisir à lui et le sien. Elle avait attendu cette occasion de faire plaisir. Ils étaient restés séparés tout au long de leur relation, mais elle pouvait maintenant dire simplement : « Prends-moi. »

Buzz gara la voiture devant Harrow House, un petit motel à quelques kilomètres de la ville.

« Installe-toi dans la chambre. Je vais nous enregistrer et j’apporterai ensuite nos valises », dit Buzz. Il embrassa sa toute nouvelle femme et lui donna la clé de la porte à laquelle était attaché un ruban rose.

Elle regardait Buzz. Il était beau dans son smoking sombre avec ses cheveux bien coupés. Ses yeux restaient fixés sur lui parce qu’il était à elle. Finalement, elle se détourna lorsque la porte du hall fut refermée.

Julia déverrouilla la chambre n° 23. La chambre était petite, avec un lit au centre et un fauteuil près de la fenêtre. Sur la table de nuit se trouvait une bouteille de jus de raisin pétillant avec une carte à côté.

Elle se dirigea vers la bouteille et la carte mais ressentit comme une gêne. La porte s’était refermée derrière elle.

« Buzz, chéri ? » lança-t-elle.

Pas de réponse. La pièce lui semblait étrange. Elle s’était assombrie.

« Buzz ? », chuchota-t-elle. « S’il te plaît, ne te moque pas de moi. »

Elle retourna jeter un coup d’œil à travers le lourd rideau sombre. Il n’y avait personne. Elle l’ouvrit complètement, à la fois pour avoir l’esprit tranquille et pour chasser toute crainte.

Puis Julia entendit de l’eau jaillir du robinet de la salle de bain. Elle savait que Buzz ne pouvait pas être ici, car il était à la réception.

« Jared ? » dit-elle. « Tu ne devrais pas être ici. C’est le moment pour Buzz et moi d’être seuls. »

Le témoin de Buzz aimait bien faire des farces, alors il avait peu-être voulu lui faire une petite blague.

Julia s’approcha sur la pointe des pieds de la porte de la salle de bain, toujours nerveuse et s’attendant à ce que Jared saute pour lui faire peur. Elle jeta un coup d’œil dans le coin mais ne vit personne. Seul le robinet était complètement ouvert.

« Bonjour ? Il y a quelqu’un ? » Sa voix s’était brisée sous l’effet de l’inquiétude.

Elle marcha sur le linoléum froid de la salle de bains et s’arrêta. Une ombre longue et sombre était là, constituée d’une forme noire et non pas d’une ombre ou d’un jeu de lumières. Elle s’étendait du bout de ses orteils le long du sol, sur le côté de la baignoire, remontant le long du mur carrelé, jusqu’au plafond.

Elle haleta et se couvrit la bouche. « Tu es là. »

Elle l’avait rencontré deux autres supplémentaires après la nuit où LeAnne les avait faits se rencontrer. Cela avait été des nuits fascinantes de désir. Elle avait été laissée folle et ravagée, salivant et respirant lourdement. Et surtout, elle en redemandait.

Julia s’avança et toucha le mur. « Salut », dit-elle d’un ton profond et froid. Elle fit glisser sa main sur le carrelage. Puis elle toucha la longueur. Sa main a immédiatement saisi la bite chaude et sombre de la Silhouette, la bite dont elle avait envie. Puis elle pensa à son mari et à la bite – sa bite – qu’elle s’attendait à aimer. Elle se demanda à quel point les deux seraient différentes. Buzz pouvait arriver dans la chambre à tout moment et lui donner une nouvelle expérience de l’amour. Puis la bite dans sa main fit un bond. Elle la regarda. L’envie la faisait bouillonner de la tête aux pieds. Cependant, sachant que son mari allait apparaître d’un instant à l’autre, elle décida qu’un baiser sur la Silhouette serait suffisant. Et ce serait tout. Elle posa un genou sur le bord de la baignoire et s’agenouilla en avant. Posant ses lèvres sur l’obscurité dure, elle se souvint de la dernière fois où la Silhouette lui avait rendu visite.

Elle séjournait chez sa sœur et sa famille, alors qu’ils réglaient les derniers préparatifs du mariage et réglaient tous les contretemps de dernière minute.

Margaret et sa famille vivaient dans une belle maison à deux étages à la campagne. Elle était située sur une colline, près d’un pont rouge couvert qui enjambait un ruisseau.

Lorsque Margaret vit Julia descendre du taxi, elle se mit à courir et Julia lâcha sa valise à ses pieds. Les sœurs poussèrent un cri et se jetèrent dans les bras l’une de l’autre. Cela faisait un an qu’elles n’avaient pas été ensemble. Au cours des quinze dernières années, Margaret s’était mariée, avait déménagé et était vite devenue mère. Ces trois étapes importantes de sa vie l’avaient tenue occupée, concentrée sur sa maison et sa famille et loin de Julia.

« Je suis si heureuse que tu sois là. Nous avons beaucoup à faire », dit Margaret à Julia, l’embrassant à nouveau comme pour s’assurer qu’elle était bien réelle.

Tôt le lendemain, le couple travaillait à l’organisation du mariage. Tout au long de la matinée, le ciel s’était assombri avec des nuages gris d’orage. Dans l’après-midi, les averses de pluie firent monter les eaux du ruisseau qui coulait sous le pont couvert. Tard dans la soirée, une forte pluie s’abattit sur le toit et frappa les fenêtres.

Pendant qu’ils étaient encore en train de travailler pour le mariage, Harold, le mari de Margaret, était allé se coucher, et ses deux jeunes fils dormaient aussi. Finalement, un peu après minuit, Margaret dit à Julia qu’elle était fatiguée et que sa journée recommencerait dans quelques heures au réveil d’Harold et de ses fils. Julia s’installa donc dans la chambre d’amis. Elle était au deuxième étage, juste au-dessus de la chambre de Margaret et d’Harold.

La chatte tigrée et brune de la famille, prénommée Coco, l’accompagna à l’étage puisque, comme Margaret le lui avait dit, Julia logeait dans la chambre du chat. Elle était satisfaite du caractère pittoresque de la chambre. Un lit étroit, un lampadaire avec un abat-jour en forme de dôme qui diffusait une lumière douce et orange au plafond et dans toute la pièce, une armoire en chêne foncé et un rocking-chair en osier.

Julia s’était installée dans le rocking-chair, se balançant doucement, écoutant les gouttes de pluie frapper la fenêtre. Coco bondit sur les genoux de Julia et s’y blottit profondément. Elle caressait le chaton affectueux. Julia était heureuse d’être loin de M. et Mme Schantz. Le couple en avait aussi assez de sa présence. La maison des Schantz était petite pour trois personnes. Et, après la visite de la Silhouette cette nuit d’orage, LeAnne était devenue distante et rancunière. Elle jetait souvent des regards furieux à Julia depuis l’autre côté du salon. Maintenant, Julia pouvait être elle-même chez Margaret. Ses neveux eux aussi étaient heureux de sa visite.

Julia rêvait de Buzz et du jour du mariage. Les invitations décorées. La robe dont elle avait rêvé. Le bouquet de fleurs. Elle se languissait du moment où elle descendrait l’allée, tous les regards braqués sur elle. Mais surtout, celui de Buzz Meadows, son mari. Elle ne pouvait s’empêcher de sourire à l’idée de devenir bientôt Mme Buzz Meadows.

Soudain, l’oreille de Coco se dressa et ses griffes sortirent. Julia sentit ses griffes s’enfoncer mais ne vit ni n’entendit rien. La fourrure sur le dos de Coco se dressa et ses griffes s’enfoncèrent à travers la chemise de nuit de Julia, lui griffant les cuisses.

« Oh ! Coco, calme-toi. Il n’y a rien de grave. » Elle la dorlota comme un bébé, et lui parla comme une mère l’aurait fait. « Tu es trop sensible. Tout va bien. Je suis là. »

Coco se détendit. La chatte se réinstalla sur les genoux de Julia. Puis il y eut comme un bruit de cliquetis dans le couloir. Julia l’entendit, tout comme Coco. Cette fois, Coco émit un doux ronronnement. Le cliquetis retentit à nouveau. Coco sauta légèrement des genoux de Julia vers la porte. Le bruit se transforma, devint de plus en plus fort, jusqu’à ce que l’on frappe rapidement à la porte de la chambre d’amis.

Sans attendre une réponse de Julia, Margaret se précipita à l’intérieur. Elle respirait difficilement et son visage était blême d’inquiétude.

« Tu vas bien ? » balbutia-t-elle.

« Je vais bien. Qu’est ce qui t’as fait penser que quelque chose n’allait pas ? » lui demanda.

« Il y a eu un grand bruit. Puis le plafonnier de ma chambre a vacillé comme s’il était sur le point de tomber. Je me suis dit que tu avais dû t’effondrer ou faire tomber quelque chose de très lourd. J’ai eu peur pour toi. »

Julia regarda autour d’elle. « Rien n’est tombé ici. Et je ne suis pas tombée. Et du côté des garçons ? »

« Leur chambre est à côté de la nôtre, en bas. Le son venait de cet étage. Et », ajouta-t-elle, « j’ai jeté un coup d’œil dans leur chambre avant de monter. »

« Nous pouvons aussi vérifier l’autre chambre ici. » Julia se leva. Margaret les guidait.

« Je suis sûre d’avoir entendu quelque chose tomber, » se rassura Margaret. « Harold aussi l’a entendu, mais il n’était pas inquiet. Il m’a dit de l’ignorer. Typiquement masculin. »

Les deux sœurs quittèrent la chambre de Julia. Elles marchaient d’un pas léger dans le petit couloir et arrivèrent dans l’autre chambre du deuxième étage. Margaret entra la première. Elle alluma la lampe. À l’intérieur se trouvait sa salle de couture. La pièce était en désordre. Des rouleaux de tissus de toutes les couleurs et de tous les motifs s’étalaient sur plusieurs tables.

Margaret balaya la pièce du regard en entrant sur la pointe des pieds. Elle passa devant les deux machines à coudre et passa devant les trois bustes de mannequins drapés dans des blouses inachevées.

En regardant à l’intérieur, Julia eut une surprise.

« Cette pièce est pleine à craquer ! Tu deviens comme Grand-mère. » Julia se mit à rire.

Le dos arqué et les épaules tendues de Margaret se sont détendirent, alors que Julia avait ruiné son entrée discrète dans la pièce.

« C’est un passe-temps qui a ses avantages pour moi, mes fils et Harold », dit Margaret, cherchant toujours ce qui avait bien pu tomber. Elle sortit bientôt de la pièce en enjambant les fournitures.

« Tu as trouvé quelque chose ? » demanda Julia.

« Non, » répondit-elle. Elle était encore perturbée par tout cela. « Il doit bien y avoir quelque chose. Le bruit sourd était trop fort que ce ne soit rien. » Ses épaules tendues se détendirent davantage et elle se tapota la poitrine. « J’abandonne. Je suis perdue. Tout est si bizarre. »

« C’est peut-être la tempête. »

« Alors cela veut dire qu’il y un trou dans la maison. Peut-être sur le toit. » Margaret éteignit la lampe et ferma la porte. « Et tu me dis que tu n’as rien entendu ? »

« Je n’ai rien entendu, mais Coco oui. Elle l’a entendu ou elle savait ce qui était là. Elle m’a même griffée. »

« J’aurais dit que c’était un rêve si Harold ne l’avait pas entendu lui aussi ».

Julia la rassura. « Retourne au lit, allonge-toi. Tu dois te lever bientôt, alors repose-toi un peu. »

« Si j’y arrive. » Margaret descendit les escaliers, faisant glisser sa main le long de la rampe. « Oui, si j’y arrive. »

« Sache que je vais bien. Et que rien n’est tombé ici – d’après ce que nous avons vu. Donc il n’y a pas de problème. » Julia sourit à sa sœur épuisée. Margaret laissa Julia.

Une fois seule à nouveau, elle pensa à se balancer dans le fauteuil, mais elle se dit que c’est peut-être ce bruit qui a réveillé Margaret, bien que ce soit exagéré. Ce n’était pas assez fort.

Coco se faufila entre les pieds de Julia, se frottant contre elle. « Tu veux plus d’attention, n’est-ce pas ? » Elle prit le chaton et s’assit sur le bord du lit. Elle le caressa de la tête jusqu’au bout de la queue. « Comment tu trouves ça, bébé ? Ah oui ! Tu aimes ça. »

Coco miaula et se mit à ronronner.

Julia profitait du calme retrouvé lorsqu’elle entendit un grondement en bas, puis des bruits de pas qui montaient les escaliers. Margaret fit irruption dans la chambre sans frapper.

« Si tu n’arrêtes pas de faire du bruit, tu vas contrarier Harold et réveiller les garçons », déclara-t-elle.

Coco sauta des jambes Julia et se retrouva sur le sol.

« Moi ? »

« Oui, toi ! » La main de Margaret tenait toujours la porte de la chambre. « Qui d’autre est là-haut ? »

« Je suis toute seule, mais je ne fais rien d’autre que de caresser Coco ici ou là où elle s’est installée. Je suis restée hors de la chaise à bascule, au cas où elle ferait du bruit. »

« Sérieusement, Julia, ne fais pas ça. Harold est difficile à gérer quand il est en colère. »

« Je vais me coucher et dormir. » Elle s’écrasa sur le lit, les bras écartés, et ses cheveux formait comme explosion derrière sa tête. Elle roula sur le côté et posa sa tête sur sa main, regardant sa grande sœur.

« Regarde-moi ça ! » grogna Margaret, comme les fois où Julia l’avait agacée lorsqu’elles étaient plus jeunes. « Je savais que c’était toi. Ne te moque pas. Va te coucher. Nous travaillerons sur les préparatifs du mariage demain. Je t’emmènerai même déjeuner. »

« Oh ! Super ! » dit Julia.

« Mais si je t’entends à nouveau, » avertit Margaret en levant les yeux au ciel, « nous n’irons nulle part. »

« Je ne ferai pas de bruit, mais ce n’était pas moi ! Si tu entends encore quelque chose, ce n’est pas la peine de revenir ici. » Julia fixa Margaret.

Margaret relâcha sa prise sur la porte. « Sois sage. »

En refermant la porte, Julia lui dit : « Tu parles exactement comme maman. Les menaces et tout le reste. »

À travers la porte, Julia entendit : « Tais-toi ! »

Seule dans sa chambre, Julia a, du mieux qu’elle put, retenait un fou rire en enfouissant son visage dans l’oreiller alors qu’elle sentait l’éclatement imminent de son rire. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas reçu une réprimande aussi maternelle. Elle se sentait comme une petite fille. Il y avait des années de cela, Margaret et elle se mettaient à rire de manière incontrôlable lorsque leurs parents se fâchaient contre elle, Margaret ou les deux. Alors Margaret et elle s’enfuyaient dans leur chambre pour rire dans leurs oreillers.

Les envies de rire de Julia se calmèrent lorsque Coco se blottit contre sa poitrine, réclamant tranquillement de l’attention. Elle caressa le chat et calma rapidement ses gloussements.

Avant d’être trop fatiguée, Julia se glissa hors du lit pour éteindre la lumière. Dans l’obscurité, seuls les yeux de Coco étaient visibles, dardant de droite à gauche. Julia se débarrassa de sa robe de chambre et s’allongea à côté du chaton. Avec un petit cri, Coco s’enfuit.

« Où es-tu allée ? Je ne voulais pas m’allonger sur toi », s’excusa Julia. Elle tapota sur le lit dans le noir. Puis elle glapit quand sa main toucha ce qu’elle crut, au départ, être Coco. Elle toucha le chat à nouveau, passant sa main le long de son corps chaud et maigre. Mais celui-ci n’avait pas de fourrure, contrairement à celle qui recouvrait le corps de Coco. De plus, il palpitait à son contact.

Julia retira sa main du corps glabre lorsque le chaton frôla son nez et sa joue. Réalisant que Coco était sur son visage et que sa main touchait autre chose, elle bondit hors du lit et frotta sa main contre sa chemise de nuit, comme si elle était maculée de crasse. Julia laissa Coco sur le lit et retourna s’installer sur la chaise. Son corps était agité et elle avait la chair de poule.

« Qu’est-ce que c’était ? » demanda-t-elle.

 

***

 

* La suite la semaine prochaine !

** Cette nouvelle a été écrite en anglais par Claire Woodruff. Pour la découvrir en version originale, c’est par ici !