La piscine – Partie 2

 

Depuis le jardin où nous sirotions nos verres d’eau fraiche, nous avions une vue dégagée sur la piscine du voisin. Assis dans son transat, il faisait semblant de ne pas nous voir sans pouvoir résister à la tentation de jeter parfois un regard dans notre direction. Et non, vieil homme, aujourd’hui nous n’irions pas chez toi.

Après cinq jours à nous reluquer quotidiennement dans nos maillots de bain mouillés, nous accordions à sa libido un peu de vacances. En nous invitant à profiter de sa piscine en échange du spectacle de nos corps, il avait immédiatement eu l’ascendance sur nous. Quelque chose d’autoritaire dans sa voix, sa posture, nous avait mis sous son joug. Mais lorsqu’il avait aperçu mes seins libérés la veille, sa décomposition avait montré clairement son point faible : nous-mêmes.

Clémence et moi étions bien décidées à en profiter. Et pour affirmer officiellement cette inversion des rôles, nous resterions chez nous aujourd’hui. En attendant de décider à quoi nous occuperions notre journée, nous l’observions souffrir en silence de la cruelle attente.

Une fois nos verres terminées, nous avons rejoint la maison et Clémence a tenu à me montrer quelque chose : elle avait dans sa valise deux ensembles de lingerie ultra sexy en dentelle transparente. Elle me fit part rapidement de son idée, à savoir montrer le lendemain à notre objet de torture un aperçu de nos corps en lingerie au moment de nous changer. Les hostilités coquines allaient reprendre de plus belle.

Nous avons passé la journée à jouer aux cartes, à lire, à ne rien faire, toujours acculées par la chaleur et en résistant à la tentation d’aller plonger dans la piscine voisine. Le soir venu, le vieil homme n’était plus dans son jardin. Nous imaginions sa déception avec une certaine cruauté, mais nous étions résolues à retourner nous rafraichir dès le lendemain.

Et effectivement, le jour d’après, nous nous rendions chez notre hôte, notre lingerie sexy dissimulée sous nos robes légères et nos maillots à la main. On a attendu une bonne minute devant le portail après avoir sonné. Comme le vieil homme ne venait toujours pas nous ouvrir, nous avons appuyé plus longuement sur la sonnette. Et au bout d’un temps assez long, le portail s’est enfin ouvert. Et de nouveau devant sa stature imposante, son corps svelte et droit de papy autoritaire, nous redevenions toutes petites, toute notre assurance s’était envolée. Il nous a toisée puis il a dit :

— Pas aujourd’hui.

Et il a refermé le portail. Nous étions bouche-bée. Aucune de nous n’avait envisagé qu’il pourrait nous refuser sa piscine. Nous étions tellement sûres de nos appâts et de notre pouvoir… La sensation qui commençait à monter doucement, ce n’était pas de la colère, mais de la honte. Avec notre belle lingerie et nos grands airs, on venait de se faire mettre dehors. La lingerie… Sans réfléchir, j’ai tambouriné le doigt sur la sonnette sous le regard médusé de Clémence. Le portail s’est rouvert peu de temps après et le vieil homme a passé la tête, visiblement irrité par ce rappel.

J’ai défait aussitôt les bretelles de ma robe qui est tombée à mes pieds, laissant apparaître mon corps vêtu seulement de la lingerie sexy de Clémence. Le vieil homme a observé le spectacle en silence. Il a commencé par mes jambes fines et élancées en partant de mes pieds pris dans le tissu de ma robe. Il a remonté doucement les yeux, a observé mes cuisses une par une avant de se concentrer sur la dentelle de la culotte qui cachait subtilement mon pubis. Il a passé la langue sur ses lèvres et a remonté encore vers mon ventre plat et bronzé, il a jaugé visiblement ma taille bien dessiné puis a levé encore le regard pour le poser sur mes seins. Le soutien-gorge les faisait apparaître encore plus gros qu’ils ne l’étaient, comme gonflés, prêts à éclater. Il les a contemplés un long moment et je commençais à me sentir ridicule. Quand enfin il m’a regardé dans les yeux, toute expression avait disparu de son visage.

— À partir de maintenant, c’est moi qui décide quand vous venez ou quand vous ne venez pas. J’ai dit non pour aujourd’hui, donc c’est non. Demain à 14h le portail sera ouvert et vous viendrez vous baigner. Si vous n’êtes pas là demain à 14h05, ce n’est plus la peine de revenir.

Et il a fermé la porte en nous laissant à nouveau comme deux idiotes. Je me suis rhabillée en retenant un sanglot et nous sommes retournées dans notre maison sans un mot. Une fois dans le salon trop chaud, Clémence a enfin brisé le silence.

— Quel gros con.

Et je me suis mis à pleurer et rire en même temps. Elle m’a pris dans ses bras, a insulté copieusement le bonhomme comme s’il avait été là et nous avons fini par rire de bon cœur. Après une longue discussion sur le sujet nous avons décidé que nous profiterions de sa piscine en oubliant sa présence, au moins tant que le plaisir du rafraichissement serait plus grand que le déplaisir de nager sous yeux.

Le lendemain, un peu avant l’heure dite, nous avons donc enfilé nos maillots de bain pour ne pas avoir besoin de nous changer devant lui, puis nous nous sommes mises en route. Le portail était ouvert, comme convenu, et en arrivant devant la piscine, il ne s’y trouvait pas. En revanche, deux femmes en blouse blanche attendaient, raides comme des piquets.

— Bonjour mesdemoiselles, installez-vous, nous sommes là pour vous masser.

D’abord un peu méfiantes, nous nous sommes installées chacune sur un transat et avons laissé les deux femmes s’occuper de nous. Quel bonheur… Pendant de longues minutes leurs mains expertes ont détendu nos corps crispés. Toute la colère accumulée s’envolait et lorsque le massage a pris fin, Clémence et moi affichions un sourire béat. Il ne restait plus qu’à barboter dans la piscine pour nous rafraichir et mettre un point d’orgue à notre relaxation parfaite.

Nous avons remercié les deux femmes et dès qu’elles sont parties, nous avons plongé dans l’eau turquoise. Nous étions tellement bien dans l’eau fraiche… Il devait faire pas moins de quarante degrés à l’ombre et le contraste était délicieux.

Nous ne l’avions pas vu arriver. C’est Clémence qui l’a remarqué en premier. Le vieil homme était assis sur le bord de la piscine, les pieds dans l’eau, et il nous observait avec un visage souriant, nouveau, rien à voir avec la dureté de la veille. Il apparaissait sympathique.

— Merci.

Il a répondu à Clémence par un signe de tête amical, puis nous sommes retournés à nos jeux aquatiques en riant sans plus nous occuper de lui. Parfois nous jetions un œil dans sa direction. Son visage serein prenait le soleil et il ne semblait pas particulièrement intéressé par nos corps de naïades. Et au bout d’un moment, Clémence a murmuré dans mon oreille :

— Même s’il avait un truc à se faire pardonner, c’était quand même vraiment sympa le coup du massage, non ? Ça devait coûter un bras. On pourrait peut-être lui montrer qu’on est reconnaissantes ?

On s’est assise sur le bord de la piscine, exactement en face de là où il s’était installé, puis nous avons retiré toutes les deux nos hauts de maillots. Nos mains à plats légèrement derrière nous, le visage tourné vers le ciel, en position bronzage, nous sentions que le vieux nous dévorait des yeux. Je sentais les gouttes d’eau glisser le long de ma peau, rouler le long de mes seins… La puissance du désir qui emplissait notre spectateur commençait à avoir un effet étrange sur moi. Une sensation agréable, douce… Je réalisais que mon corps ainsi convoité attisait mes propres envies. Lentement, au fond de moi, mon désir aussi grandissait. L’eau, la chaleur, nos corps sveltes et parfaits, notre admirateur… Toute cette combinaison d’éléments faisait doucement bouillir en moi des envies coquines.

Combien de temps s’était écoulé depuis ma dernière aventure sexuelle ? six mois ? Peut-être plus ? Et là, dans cette ambiance caniculaire, l’envie grimpait soudainement en flèche. Je rêvais d’une main caressant mon corps, d’une langue effleurant mes cuisses, d’un pénis chaud qui viendrait se fondre en moi… Je me suis redressée lentement, et sans ouvrir les yeux, rêvant toujours à des caresses de plus en plus chaudes, j’ai posé ma main sur mon ventre et je l’ai laissée descendre lentement jusqu’à disparaître sous le tissu de mon maillot de bain…

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