La piscine – Partie 3

 

Clémence n’arrivait plus à s’arrêter de rire.

— J’en reviens pas que t’aies fait ça ! Tu te rends compte ?

Elle répétait inlassablement que je m’étais tripotée devant le vieux, comme pour se convaincre que ça s’était effectivement passé. On gloussait dans le canapé du salon, avec nos verres de vin à la main et nos chemises de nuit sur le dos. On ressemblait à deux adolescentes se remémorant leurs insolences de la semaine. On plaisantait, on pouffait, Clémence imitait à la perfection le regard ébahi du vieux, hypnotisé par mes doigts qui s’agitaient sous mon maillot de bain. Elle soutenait même qu’à un moment j’avais commencé à pousser des petits cris de plaisir. Je ne savais pas si elle enjolivait, pour rendre la scène encore plus insolite. Je ne me souvenais presque de rien, une brume épaisse dans mon esprit.

Il n’y avait que les sensations qui laissaient en moi une trace forte. Des sensations délicieuses, une impression de virevolter au-dessus de la piscine, comme si mon âme s’était détachée de mon corps pour aller vivre son plaisir plus haut. Je me souvenais aussi de mon doigt, baguette magique appuyant à un rythme frénétique sur mon clitoris en feu, je me souvenais de mes lèvres ouvertes et de la cyprine dégoulinant à l’intérieur de mon maillot, et le regard du vieux… J’ai dû entrouvrir les yeux et voir son regard intense, sage, tout à la fois brûlant de désir, hurlant son envie de me posséder et d’une maîtrise extrême, envoûtant, ne perdant jamais le contrôle qu’il avait sur moi. Et j’ai joui. J’ai joui tellement fort, et ce n’était pas seulement mes caresses intenses mais ce regard puissant, cette force rassurante dans son regard, cette impression qu’il aurait pu m’avaler toute entière, que quoi qu’il arrive j’aurais été en sécurité sous son emprise.

— T’es toujours avec moi ?

Pas vraiment, mais je lui ai répondu que si, bien sûr. Comment lui expliquer que notre voisin tyrannique de soixante-dix ans m’a rendue dingue ? Que si je m’écoutais, je retournerais dans sa piscine, pour m’y baigner nue pendant qu’il me materait de son regard tellement…

L’envie remontait doucement en moi. Je sentais de petites fourmis dans tout mon sexe qui réclamait d’être à nouveau gratté, frotté, titillé, tiré, défoncé… De nouveau le désir gravissait mon corps. Qu’est-ce qui m’arrivait ? Clémence parlait en faisant de grands gestes, mais je n’écoutais plus. Je me laissais submerger par le besoin de sexe qui prenait le contrôle sur moi. Et puis j’ai vu ses seins pointer sous sa chemise de nuit transparente qui m’appelaient. Ils me réclamaient. Assise en tailleur sur le canapé, je devinais sa culotte en coton qui me suppliait d’être arrachée. Toute forme de volonté, de retenue, de mesure des conséquences disparaissait de mon esprit d’habitude si enclin à peser le pour et le contre.

— Clémence ?

Elle s’est interrompue, étonnée par ma voix lointaine, douce.

— Clémence, tu te souviens de quelqu’un qui aurait secoué ton corps de désir, une envie presque violente ?

— Tu veux dire, Marc ? Tu sais, je suis avec lui depuis le lycée, j’ai pas connu d’autre mec à part lui…

— Mais il n’y a pas un seul type à part Marc qui t’aurait excitée au point d’avoir envie de le tromper, un mec qui ne serait ni beau, ni spécial mais qui aurait déclenché en toi une envie de sexe incontrôlable, animale ?

Elle rougissait et bafouillait, elle tentait de m’expliquer qu’elle ne voyait pas de quoi je parlais. J’avais touché un point sensible. J’allais la faire parler. J’étais galvanisée par une énergie nouvelle, comme si le vieux m’avait transmis son charisme électrisant via son désir pour moi. Je continuais d’interroger Clémence, elle était mal à l’aise, mais petit à petit, elle lâchait du lest, se laissant transporter par ma voix.

— Je ne raconterai rien à Marc. Qui c’était ?

— Tu te souviens le gars bizarre avec les cheveux en bataille, en TD de littérature médiéval ?

— Je crois.

— Au début je le trouvais mignon, sympa, mais sans plus. Et à force de le voir, et le revoir, j’ai commencé à ressentir un truc bizarre. J’avais toujours peur qu’il sèche le cours, j’attendais chaque fois de le voir avec impatience, et quand il me souriait je me sentais toute faible. Et au fur et à mesure de l’année, j’ai commencé à imaginer des trucs avec lui. Je quitterais jamais Marc, mais juste en imaginant ce type me faire des trucs, ça me faisait du bien. Je sais pas pourquoi je te raconte tout ça…

— Ferme les yeux.

— Quoi ?

— Ferme les yeux. Visualise-le, il est devant toi. Qu’est-ce qu’il fait ?

— Je sais pas trop…

— Il te dévore des yeux ?

— Oui, c’est ça…

Je lisais sur son visage la transformation progressive au fil de mes descriptions. Elle entrait petit à petit dans le jeu d’imagination dans lequel je la plongeais. Je l’aidais à visualiser l’ambiance, la pièce dans laquelle ils se trouvaient, et son plaisir se dévoilait doucement.

— Et maintenant, qu’est-ce qu’il fait ?

— Il me déshabille…

— Comme ça ?

J’ai retiré doucement sa chemise nuit. Elle a levé les bras pour m’aider dans une demi conscience. Elle était seins nus maintenant, les yeux toujours fermés, la bouche entrouverte de désir.

— Il m’embrasse…

J’ai posé mes lèvres sur les siennes et j’ai glissé doucement ma langue dans sa bouche, caressant ses dents et chatouillant son palais. La flamme qui brûlait en moi n’en était que plus attisée.

— Il me caresse les seins…

Et tandis que ma main pressait ses tétons pointus, elle a poussé un cri aigu, langoureux, un soupir de plaisir infini… J’ai pris son sein dans ma bouche, petit, tendre, doux, je pouvais presque l’avaler entièrement. Elle a serré ma tête contre ses seins en murmurant des « encore » indécents et qui continuaient de faire redoubler mon désir.

— Sa main, elle me…

Elle n’est pas parvenue à terminer sa phrase, un filet de salive coulait du coin de sa bouche. Elle a saisi ma main et l’a collée contre son sexe. Elle s’est allongée sur le dos et m’a attirée contre elle, les yeux toujours fermés. J’ai glissé ma main dans sa culotte et enfoncé deux doigts entre ses lèvres dégoulinantes. Elle a répondu en attrapant mon visage et en fouillant ma bouche avec sa langue avec une rage qui me rendait folle.

Mes doigts allaient et venaient en elles et son bassin soubresautait sous mes coups toujours plus violents. Je la regardais jouir sous moi. Clémence… Jamais aucune de nous n’aurait pu imaginer un jour que nous…

J’ai poussé un cri en sentant ses doigts qui s’occupaient à leur tour de mon entrejambe. À un rythme effréné, nous nous masturbions l’une l’autre et nos deux corps transpirants tremblaient de plaisir. Elle a ensuite attrapé mes cuisses et a glissé sa tête jusqu’entre mes jambes. Elle n’a pas eu de mal à déplacer le tissu de ma culotte trempée et a aussitôt plonger sa langue sur mon clitoris. Je me suis redressée pour bien sentir sa bouche tiède sur mon sexe en m’asseyant complètement sur son visage.

Elle murmurait parfois « Grégoire »… J’apprenais ainsi comment s’appelait notre collègue de TD ébouriffé. Mais je ne me vexais pas. Sa langue était spectaculaire et même si elle en appelait à ce « Grégoire », c’était bien sur un clitoris qu’elle s’acharnait avec frénésie. Sur le mien en l’occurrence. Jamais je n’aurais cru qu’un jour une femme dévorerait ainsi mon entrejambe, jamais je n’aurais cru que ça pourrait être Clémence et jamais je n’aurais cru que ça pourrait être aussi bon…

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