plaisirs chaotiques

Plaisirs Chaotiques – Partie 4

 

Le lendemain matin, j’avais emmené Caroline dans l’appartement du dessus, et nous y avions effectivement trouvé plein de vivres consommables. Cette découverte l’avait rendue particulièrement de bonne humeur. Elle avait gloussé en glissant les conserves et pots dans son sac, exprimant à voix haute la chance que nous avions de trouver encore et toujours de quoi nous nourrir, comme si le destin nous soutenait.

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Je fulminais sans rien montrer. Je savais d’où provenait réellement sa bonne humeur. L’autre abruti, notre prisonnier que nous avions épargné, l’avait sautée la veille et elle avait dormi comme un loir. Je revoyais sans cesse les images défiler dans ma tête, le pénis dans la bouche de Caroline, ses cris quand elle l’avait chevauchée, la mine ahurie du crétin… Je sentais que mon sens du sacrifice, ma consolation de la voir ainsi heureuse s’estompaient et que la jalousie et la rancœur montaient petit à petit.

Même si je ne m’étais pas montrée, elle savait que je l’avais surprise en train de faire l’amour avec le crétin. Elle n’avait pas cherché particulièrement à se cacher. Mais elle ne m’en parlait pas non plus, comme si c’était normal, que ce que nous avions vécu jusqu’ici n’avait pas vraiment existé et qu’à ce titre, elle n’avait pas besoin non plus de rompre officiellement.

A cette pensée que nous puissions « rompre » pour de bon, qu’elle me rejette, je sentis les larmes monter. Je détournai le regard trop tard, Caroline m’avait vue. Elle s’approcha de moi et me prit dans ses bras. Je m’y blottis immédiatement et pleurai à chaude larme. Elle caressa mes cheveux d’un geste tendre et je cherchai sa bouche pour l’embrasser. Elle me repoussa doucement.

— ­Je ne préfère pas…

C’est tout ce qu’elle dit. Elle n’ajouta rien et sortit de l’appartement avec son sac à dos rempli de vivres et en me laissant là. Je ne m’étais jamais sentie autant humiliée.

Lorsque je les rejoignis quelques minutes plus tard, elle était en train de réchauffer un cassoulet en boite dans une casserole posée sur un réchaud. Le crétin était assis en tailleur à côté d’elle, un sourire béat sur la figure. Il avait définitivement vrillé. On aurait dit un chien assis près de sa maitresse.

Le repas fut expédié en silence, seul le crétin éclatait de rire parfois sans raison, et alors Caroline lui sourirait. Puis Caroline lui proposa d’aller faire une petite sieste et les yeux du crétin s’illuminèrent. Il alla en trottinant dans la chambre en commençant à se déshabiller. Caroline le suivit avant de se retourner vers moi :

— Tu es la bienvenue…

Un frisson me parcourut l’échine. Elle avait murmuré ces mots avec une sensualité probablement involontaire mais qui m’avait pétrifiée. Je balbutiais une réponse que moi-même je ne comprenais pas et je la suivis, confuse et sans savoir si cette nouvelle me réjouissait ou m’horrifiait.

Le crétin était déjà entièrement nu, attendant assis en tailleur au milieu du lit. Caroline lui fit signe de nous laisser de la place et il obéit en poussant un genre de jappement. Puis elle se déshabilla à son tour complètement, avec une lenteur gênée, consciente que nous la contemplions tous les deux. Le pénis du crétin était déjà bien dressé et un petit filet de bave coulait de sa bouche.

Elle s’allongea au milieu du lit. Je m’installai à sa droite et le crétin à sa gauche. Comme je pris le sein lourd et beau à pleine bouche, le crétin m’imita et cajola celui de son côté. Caroline gémit en posant ses mains sur nos têtes respectives. Je n’avais aucune envie de partager Caroline, mais mon désir pour elle était plus fort que tout.

Je me déshabillai à mon tour sans cesser de caresser la moitié de Caroline de mon côté, n’ayant aucune envie de croiser la main du crétin. Ce dernier s’arrêta un instant et contempla mon corps avec son regard bovin, se penchant même pour apercevoir mon sexe. Il comprit à mon regard qu’aucune esquisse d’approche ne serait possible. Il sourit à nouveau et recommença à laper le sein de Caroline.

Elle caressa mon dos jusqu’aux fesses, et je fermai les yeux pour profiter de l’instant. Puis, comme chaque fois que nous faisions l’amour, elle appuya doucement sur ma tête pour me demander d’aller l’embrasser plus bas, là où elle savait que je lui donnerais toujours tellement de plaisir.

Je plongeai ma tête entre ses cuisses et goutai avec frénésie sa vulve déjà trempée. Je m’empêchai de lever les yeux pour ne pas la voir en train de donner du plaisir au crétin. Mais j’avais beau presser mes paupières le plus fortement possible, j’entendais le son de sa bouche aspirant et suçant le pénis. Et les petits soupirs du crétin satisfait…

Et rapidement, trop rapidement, Caroline retira doucement ma tête d’entre ses jambes et m’adressa un sourire reconnaissant. Puis elle fit signe au crétin de se mettre sur elle. Il obéit immédiatement. Elle écarta les jambes pour lui laisser la place et guida de sa main le pénis dans son sexe que j’avais préparé… Elle se pinça les lèvres quand il la pénétra. Elle plaqua les mains sur les fesses du crétin et établit le rythme de cette façon. Leurs bassins ondulaient, bien emboités l’un contre l’autre, et j’étais hypnotisée par la vue de ce pénis entrant et sortant de son entrejambe. Son visage rayonnant de plaisir attisait mon désir, mais la vue du corps du crétin me rendait jalouse…

Finalement, quand elle commença à crier de plus en plus fort sa jouissance, je sortis de la chambre. De toute façon, je n’avais plus de rôle à y jouer.

Je quittai l’appartement pour m’aventurer dans les rues. C’était pure folie d’y aller sans nécessité, mais j’étouffais en présence de Caroline et de son plaisir procuré par le crétin. Elle venait officiellement de me reléguer à la deuxième place. En errant dans le Paris vide et détruit, je ruminais.

J’aurais dû me douter que ça finirait ainsi. Comme nous étions seules au monde, je m’étais contentée de cet amour par défaut que j’avais voulu croire réel. Et maintenant, à peine avions-nous croisé la route d’un homme que je n’existais plus. Un homme ayant perdu la raison, fou et bête, un pantin dont Caroline pourrait faire ce qu’elle voulait.

La nuit n’allait pas tarder à tomber. J’avais eu de la chance jusqu’ici, je n’avais croisé aucun danger, ni rôdeurs ni chiens errants, mais ce n’était pas nécessaire de jouer avec le feu. De toutes les façons, ils devaient avoir fini depuis longtemps. Excité comme il était, il n’avait pas dû pouvoir se retenir longtemps. Cette pensée me provoqua un haut le cœur. Je devais parler à Caroline, la raisonner. Elle devait choisir entre lui et moi.

Je gravis les escaliers de notre immeuble avec une boule dans la gorge, puis je pénétrai dans notre appartement après avoir poussé un soupir fataliste. Tout était silencieux. Ils avaient dû s’endormir.

Mais quand j’aperçus la cuisine ouverte de loin, je compris qu’il y avait un problème. J’y entrai précipitamment et découvris que les placards avaient été ouverts, la totalité des vivres avaient disparu. Les conserves envolées. Tout avait été dévalisé.

Je courus jusqu’à la chambre et tombai à genoux en passant la porte. Caroline était allongée dans le lit, nue, les yeux ouverts, la gorge tranchée. Sur le mur, on pouvait lire, écrit avec son sang : « un partout, nous sommes quittes » avec un smiley souriant.

Je serrai les poings en me retenant de hurler. Le crétin avait parfaitement mené son coup, je n’avais rien vu venir. Après que Caroline avait tué son ami, il avait joué son rôle de débile à la perfection, nous faisant baisser la garde. Les larmes coulèrent tandis que je relisais le mot en boucle sur le mur. Oh, non, nous n’étions pas quittes. Nous ne le serions jamais. À partir d’aujourd’hui, il n’y aurait pas un seul jour où je ne le traquerais pas, jusqu’à ce que je le trouve et que je le tue. J’attrapai mon sac à dos, mon fusil à pompe, et je quittai l’appartement sans me retourner, certaine que je n’y retournerai plus jamais.

Fin