reve d'amour

Rêve d’Amour – Partie 2

 

Elle avait perdu toute notion du temps. La seule trace infime de conscience qu’elle possédait encore était consacrée à jouer Liszt par cœur, sans fausse note. Elle avait heureusement interprété ses œuvres tant de fois qu’elle n’avait qu’à laisser ses doigts glisser sur le clavier par automatisme. Et le reste de son corps et de son âme était dévoué à faire vivre cette musique par l’intermédiaire de la puissance voluptueuse qui s’était emparée d’elle.

reve d'amour

Assise sur son fauteuil de concert, elle continuait de subir avec un plaisir délectable les dérèglements incompréhensibles de son vibromasseur. Parfaitement installé au milieu de son vagin, ce petit œuf vibrant qui lui avait semblé innocent était en train de la transporter vers des sommets d’orgasmes irréels. Il continuait de vrombir dans son sexe et il lui semblait même parfois qu’il gonflait, roulait, remuait, s’agitait en vagues vibrantes exceptionnelles…

Dans le public, on parvenait à peine à respirer. La musique qui échappait de l’immense piano avait envouté toutes les oreilles. Hypnotisés par la beauté somptueuse des morceaux qui s’enchainaient et surtout, par le désir violent qui s’emparait de chacun à la vue du corps de la pianiste qui se déhanchait sans pudeur au-dessus du clavier, personne n’avait alors conscience d’assister sans aucun doute à la plus belle interprétation de Liszt jamais offerte.

Elle avait la sensation que les vibrations se propageaient jusque dans ses cuisses et elle écarta les jambes progressivement pour que ces vibrations qui partaient du centre de son corps se propagent encore plus loin dans tout son être. On salivait dans la salle à la vue de ces jambes qui semblaient vouloir s’échapper de leur robe. Elle avait tellement écarté les cuisses que sa culotte était maintenant totalement à l’air libre. Seulement, personne ne pouvait la voir puisque la pianiste jouait de profil. On devinait l’exhibitionnisme, mais on ne pouvait profiter de la vue, ce qui rendait la sensation encore plus excitante.

Sa culotte de dentelle noire était maintenant tellement trempée de plaisir que le maigre tissu s’était enroulé au fur et à mesure de ses gesticulations. Elle sentait que l’une de ses lèvres s’était échappée et la petite caresse d’air frais sur ce bout d’intimité fit monter encore davantage son désir.

Le public sentit ce regain dans l’éclat encore plus sublime des notes qui s’entremêlaient avec une vérité unique. On ne savait plus si l’on perdait la tête à cause de la musique ou de la splendeur érotique de cette femme qui avait l’air de faire l’amour devant son piano. La tétanie délicieuse avait fait perdre toute notion de bienséance et on commençait dans la salle aussi à remuer sur son siège.

Certaines femmes aux jupes courtes écartaient exagérément leurs cuisses et les genoux des voisins ainsi touchés avaient provoqué des réactions. En quelques minutes, plusieurs mains baladeuses s’étaient aventurées sous des culottes en demande. Et comme les pénis durcissaient, certains s’échappèrent discrètement des pantalons pour voir cesser l’insupportable pression. De la même façon, les voisins et voisines trouvèrent tout naturel de les saisir et les caresser pour soulager l’excitation trop douloureuse. Jamais, dans un concert de musique classique, on avait assisté à pareille débauche. Et pourtant, personne dans la salle ne s’en offusquait. Dans l’atmosphère de volupté mystique qui s’était emparée de tous, ces gestes de stupre semblaient naturels.

On approchait la fin du concert et certains faisaient maintenant l’amour sur leur siège ou dans les allées. On apercevait ainsi des femmes de la haute bourgeoisie chevauchant des hommes qu’elles ne connaissaient pas une heure plus tôt, aux yeux de tous, les yeux fermés par le plaisir, et les seins exhibés gonflés par le désir. Et dans cette atmosphère étrange de stupre absolue, les couples qui s’adonnaient ainsi au plaisir autant que ceux qui jouissaient de caresses solitaires n’émettaient pas le moindre bruit. Aucun murmure, aucun cri de jouissance, pour ne pas rater une miette de la musique ensorcelante qui nourrissait leur désir. On remuait même les corps doucement pour éviter le son des frottements…

La célèbre pianiste continuait de jouer en sous-vêtement, sa robe s’étant déchirée au fil de ses déhanchements toujours plus violents, et elle dévoilait ainsi son corps sublime et rougi par le plaisir. Elle avait la sensation que l’œuf vibrant en elle était devenu totalement flexible et qu’il s’allongeait et s’épaississait au fur et à mesure qu’elle jouait. Elle n’en pouvait plus de tout ce désir solitaire, elle aurait voulu que son mari soit là, à ses côtés, qu’il lui fasse l’amour, qu’il la prenne avec toute l’énergie de leur amour.

Et tandis qu’elle pensait à lui, au fait qu’elle ne le reverrait jamais, elle commençait à jouer le morceau le plus triste de tout le répertoire de Liszt. La romance S.169, « O pourquoi donc ». Et les couples lentement se défirent, subjugués par la tristesse soudaine. Et tout le monde pleura. Sans un bruit, sans un reniflement ou un sanglot bruyant, la salle entière était en larme à moitié nue.

Quand elle eut fini tout le répertoire, elle resta longuement plantée devant son piano, en sueur. Tous les regards étaient rivés sur elle, certains étaient debout dans les allées, d’autre assis par terre, tous débraillés, des seins et des pénis encore sortis de leurs habits en tous les coins.

Puis elle se leva et se plaça face à la salle. Son soutien gorge noir défait avait libéré une de ses poitrines magnifiques et sa culotte trempée de sueur et d’excitation était roulée et pliée de toute part si bien qu’elle ne cachait presque rien de ce sexe totalement imberbe. Ce corps fin, suant, rouge, secoué par la respiration haletante de l’effort accompli était d’une splendeur incroyable. Le maquillage avait coulé sur son visage, du noir sous les yeux, du rouge qui débordait de ses lèvres… Nul n’avait jamais vu pareille perfection.

Elle sortit de scène sans aucun applaudissement et chacun se rhabilla en silence. Ce qu’ils avaient vécu, ce qu’elle leur avait donné ce soir… des applaudissements apparaissaient tellement dérisoires. Le silence était le seul hommage possible pour exprimer ce qu’ils ressentaient. Très lentement, le public sortit de la salle, chamboulé par ce concert unique.

Dans sa loge, la pianiste saisit une photo de son homme qu’elle avait scotché sur le miroir. Elle l’embrassa. Puis une boite attira son regard au milieu des tubes de maquillage. Elle l’ouvrit. C’était son vibromasseur et sa télécommande. Elle fronça les sourcils… Si elle avait oublié d’emporter le sextoy avec elle sur scène, d’où était venu ce festival de vibrations ? Elle ne remarqua pas que sur la photo, son mari affichait un sourire étrange…

Fin