À bord du Train – Récit érotique – Première partie

Assis dans la voiture d’observation du train entre Winnipeg et Churchill, Derrick regardait défiler les conifères et le muskeg alors que le train filait vers le nord du Canada. Il se relaxa, s’enfonça dans son siège, les mains derrière la tête. Une aération située sous son siège lui soufflait de l’air chaud sur les pieds et une tasse de café au lait d’amande lui permettait de rester à la bonne température. Dehors, il faisait très froid. Il avait touché la fenêtre et un frisson avait parcouru sa main et son bras. Sa main tiède avait laissé une trace sur la fenêtre, à l’endroit où elle était entrée en contact avec le Canada si froid.

Derrick était arrivé à Winnipeg le jour précédent après un vol, sans incident, depuis la Floride. Le soleil de Manitoba était d’un blanc éclatant et l’air semblait ne pas contenir d’humidité, ce qui offrait un sacré contraste avec son marécage. En sortant de l’avion pour se rendre rapidement dans le terminal, il avait fermé les yeux un instant, le temps d’inspirer un grand bol d’air canadien frais.

Son corps battait la chamade, rebondissait contre son sternum, toute à son excitation de se rendre dans le nord.

C’était la première étape de son voyage vers le nord. L’idée de remonter si loin vers les pôles l’avait saisi lorsqu’il avait acheté ses billets et réservé son hôtel. Il aurait tout aussi bien pu annuler son voyage et ses réservations. Le klaxon du train Winnipeg-Churchill retentit et il n’avait à présent plus l’opportunité de faire demi-tour.

Le train se mit en branle et commença à avancer vers le nord. Le Winnipeg-Churchill effectue en deux jours le voyage de 1 700 kilomètres vers la vaste région subarctique du nord du Manitoba.

Il avait essayé de se couvrir, le mieux qu’il avait pu, avec un lourd manteau de nonchalance comme moyen de calmer son excitation. De la même façon qu’une parka d’hiver ne protège jamais totalement du froid, cela était impossible. Et l’excitation s’était infiltrée.

Il se détendait dans la voiture d’observation pendant plusieurs heures lorsqu’il y eut un grand claquement et que toutes les lumières de la cabine s’éteignirent. Il s’assit, confus et surpris par le bruit, mais quelques instants plus tard les lumières se rallumèrent. Il haussa les épaules, se disant que cela devait être fréquent dans le grand nord, qui n’était pas une terre de technologie avancée.

Il reprit son observation à travers la fenêtre. S’apprêtant à lever son pied pour le reposer sur le chauffage, une autre secousse suivie d’un grésillement virent plonger le wagon dans le noir. Seulement cette fois-ci, les lumières ne se rallumèrent pas. Et l’aération qui soufflait son ait chaud s’arrêta elle aussi.

Les autres voyageurs étaient aussi surpris que lui. Ils commençaient à se lever de leurs sièges et à se demander si tout était normal, si la météo avait pu endommager le système électrique.

« Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce qu’une réparation est en cours ? » demanda-t-il.

« Mesdames et Messieurs les voyageurs, dit une voix d’homme lentement et calmement, le conducteur du WCT demande à tous les passagers de retourner à leur place ou dans leur cabine immédiatement jusqu’à ce que le personnel ait réussi à déterminer la cause de la panne et qu’il ait pu la réparer. Nous nous excusons pour la gêne occasionnée. Merci. »

Derrick traversa plusieurs wagons plongés dans le noir, plein de voyageurs qui discutaient de ce qui se passait et se demandaient combien de temps cela prendrait à être réparé. Rejoignant sa cabine située à l’avant du train, il devait ouvrir à la main les portes qui séparaient les wagons. En arrivant devant son wagon pourtant, la porte s’ouvrit toute seule comme à l’accoutumée. Toutes les lumières fonctionnaient et les aérations soufflaient un délicieux air chaud.

« La panne doit se situer à l’arrière. Tant mieux pour moi. » se dit-il en entrant dans sa cabine bien chauffée.

Environ une heure plus tard, il entendit toquer à sa porte.

« Bonjour Monsieur », lui dit l’employé de la compagnie de train-couchette. C’était un homme de petite taille qui portait une casquette ronde mais haute comme une boîte de conserve et avec un bord noir. Son uniforme marine était agrémenté de boutons dorés et une montre à gousset était reliée à sa veste par une chaîne.

« Comme vous l’avez entendu, nous avons un problème électrique qui concerne les voitures de l’arrière du train – la classe économique. Il se trouve que nous devons transférer quelques passagers vers l’avant en raison de la température très basse dans les wagons non ou à peine chauffés. La WCT souhaiterait vous offrit une réduction sur votre prochain voyage ne notre compagnie si vous acceptiez de partager votre cabine avec un autre passager. »

« Avec qui est-ce que je devrais partager ma cabine ? Je ne veux pas d’un taré. »

« Et bien, c’est là que les choses se corsent Monsieur. Nous avons une dame qui est prête à vous rejoindre. »

« Je ne veux pas paraître impoli, mais je prends quand même un sacré risque à partager ma cabine avec une femme étrange, surtout une personne qui voyagerait jusqu’ici. » Derrick souleva ses sourcils, essaya de sourire gaiement mais réalisa qu’il avait peut-être insulté le steward qui travaillait aussi loin dans le nord. Il se sentait comme s’il avait reçu un coup de poing dans le ventre. « Excusez-moi, je ne voulais pas dire cela comme ça. »

En signe de repentance, il accepta de partager sa cabine.

« Merci Monsieur. Et pas besoin de vous excuser. Nous avons parfois des voyageurs étranges qui s’aventurent dans le grand nord. En ce qui la concerne, je doute qu’il y a la moindre raison de s’inquiéter. » Il sourit à pleines dents comme s’il lui voulait lui faire passer un message. « Nous vous remettrons votre bon de réduction lorsque nous arriverons à Churchill. De la part du conducteur, de la WCT et de la mienne, nous vous remercions une fois encore Monsieur. » Il toucha le bord de son chapeau en forme de boîte et sortit.

Derrick était assis, anxieux, attendant sa compagne de cabine lorsqu’il entendit la voix étouffée du steward de l’autre côté de la porte.

Un instant plus tard, il toqua : « Monsieur, pouvons-nous entrer ? »

Derricks fit coulisser la porte poliment.

« Monsieur, voici Madeline. Madeline, voici… »

« Derrick » interrompit-il avec un sourire.

Elle était une femme avec une forte poitrine dont les cheveux tombaient sur ses épaules.

Il attrapa les bagages de la jeune femme. « Entrez, entrez. Je suis ravi de partager ma cabine avec vous. Elle est toute petite. Mais je ne pouvais pas supporter de savoir des gens dans le train sans chauffage. Le karma m’aurait rattrapé. »

“Merci de me laisser coucher ici. C’est gentil de votre part, et aussi un peu courageux » lui répondit-elle.

« Le conducteur vous remercie également » lui glissa le steward. Il toucha sa casquette à nouveau et Derrick attrapa son regard par-dessus l’épaule de Madeline. Il lui adressa un clin d’œil sachant que le cadeau qu’il venait d’apporter à Derrick avait plus de valeur que n’importe quel bon de réduction.

Ils rangèrent leurs bagages : “Il n’y a pas beaucoup de place, Madeline. Mais au moins il fait bon. » Il tapota l’accoudoir d’un siège. « Autant faire connaissance. Il y a environ 10 h de voyage et on ne peut pas dire que le train roule vite. »

Madeline s’assit. Derrick prit le siège près de la fenêtre.

« D’où est-ce que vous venez et qu’est-ce qui vous emmène vers cette terre oubliée des dieux ? »

« Je suis une exploratrice de la nature et ce depuis que je suis une toute petite fille dans le Montana. »

Derrick se dit qu’elle n’était plus une petite fille à présent.

« Et vous Derrick, c’est ça ? »

« Oui c’est ça, Derrick. J’ai toujours voulu tremper mes pieds dans l’Hudson Bay. Rien de plus. Un rêve tout simple. »

« Ah » répondit elle, trouvant sa réponse un peu étrange. « Tout ce chemin vers le nord pour une simple baignade ? »

« J’en ai envie depuis que je suis petit garçon. J’ai grandi en Floride. J’y habite toujours. C’est chaud et humide la Floride. »

« Mmmh. » Elle était toujours perplexe face à sa réponse. « J’imagine que tout le monde à une petite liste de chose à faire une fois dans sa vie. »

« Une bucket list. »

« Oui, c’est ça. Je suis une sorte de vagabonde. J’ai envie de voir ce qui se passe par ici, si loin dans le nord, pour voir si je pourrais avoir envie de m’y installer un jour. Le Montana m’ennuie. Je veux voir jusqu’où je suis capable d’aller. »

« Vous avez l’air d’être assez forte pour supporter un peu de mauvais temps et un style de vie un peu spartiate. Enfin, c’est juste une première impression. Je veux dire, les petites filles ont envie de jouer avec leurs poupées et leurs maisons avec n’importe qui pourvu qu’il endosse le rôle du mari et des enfants. Je me retrouvais toujours enrôlé à jouer le mari. Et il se trouve que je suis devenu le mari qui ne rentre pas à la maison. Mais peut-être que les filles sont différentes dans le Montana. »

Madeline fixait l’homme maigre assis à côté d’elle. Cet homme rasé de près, épargné par la vie et encore plus par la nature. « Elles sont différentes des filles en Floride. » Sa réponse avait été un peu brusque.

Ils étaient assis tous les deux sagement. Ils regardaient par la fenêtre alors que le train émergeant de la forêt verte, traversait un vieux pont ferré par-dessus un grand lac bleu. Le lac bleu foncé était bordé de pins. En un instant, le train disparut dans les arbres à feuilles persistantes.

C’était un territoire vierge. Il l’était également. Il n’avait pas été touché depuis si longtemps.

C’était une belle femme. Il se mit à penser un petit peu trop à elle et à ce que le steward avait laissé entendre et il s’imaginait ce que pourrait se passer s’il passait à l’action. Il se mit à trouver qu’il faisait chaud dans la cabine. Ou bien peut-être que c’était lui. Il retroussa ses manches et passa un doigt sous son col pour le soulever et y faire entrer un peu d’air.

« Il fait chaud ici non ? » demanda-t-elle.

Il acquiesça. « Je ne sais pas s’il y a un thermostat. Je n’en suis pas sûr. »

« J’ai beaucoup trop chaud. Je vais enlever une couche, ok ? »

Sans attendre de réponse, elle se leva. Derrick se tourna vers elle et fut happé par son postérieur large et rond. Le contraste était saisissant avec sa taille très fine qui apparut une fois débarrassée de son pull. Son t-shirt se souleva avec lui. Sa peau semblait douce et claire – différente de la peau de la plupart des filles de Floride. Ses yeux couraient le long de ses hanches, de sa colonne vertébrale jusqu’à ce qu’elle remette son t-shirt en place.

 

 

* La suite la semaine prochaine !

** Cette nouvelle, écrite par Claire Woodruff, a été traduite de l’anglais. Pour la lire en version originale, c’est par ici.