M. Électricité – Fiction érotique

Un petit van venait de se garer dans mon allée. Le nom de la société y était inscrit sur le côté : M. Électricité, en grosses lettres jaunes au-dessus d’un éclair. J’étais encore en train de me demander si j’avais pris la bonne décision. J’avais l’intention de faire décorer l’extérieur de ma maison. M. Électricité serait-il en mesure de le faire sans que je passe pour une ringarde aux yeux de mes voisins ?

J’avais envie que ma maison soit lumineuse pour les fêtes. Des lumières blanches encadrant le toit. Des arbustes clignotant en rouge et vert. Le pin dans la cour avant, éclairé par des projecteurs qui donneraient une ambiance de vacances. Je ne voulais pas le faire moi-même, je n’avais surtout pas envie de grimper sur le toit. Les échelles et moi ne faisions pas bon ménage.

Ces derniers mois – les fêtes et tout le reste – m’avaient tristement rappelé le manque de piquant dans ma vie ces dernières années. Les hommes avec qui j’étais sortie étaient des ratés. Certains étaient même carrément des abrutis. J’étais à la recherche de l’homme qui ferait pétiller ma vie comme un bon champagne –  du Moët & Chandon s’il vous plaît. Bon sang, j’en étais à un tel point que je me contenterais même d’une bouteille très moyenne. J’avais siroté des canettes de bières pendant trop longtemps.

La porte du van s’ouvrit, et un bel homme en est sorti. Cela m’étonna.

Honnêtement, en imaginant M. Électricité, j’avais plutôt pensé qu’il porterait des vêtements de travail industriels, usés aux coudes et effilochés aux poignets. Des cheveux blancs, ébouriffés, comme Einstein, à cause de toutes les fois où il avait reçu des décharges électriques.

En voyant ce type, je me dis qu’avoir engagé un installateur de lampes de Noël n’était peut-être pas un mauvais choix, même si je devrais sans doute réorganiser les choses à ma façon une fois que l’homme serait parti.

En dépit de son apparence, j’étais certaine de ne pas être entièrement convaincue par la qualité de son travail. Ce n’était pas très intelligent de présumer du résultat trop tôt. Est-ce qu’un employé de chez M. Électricité ne pourrait pas m’installer des lumières de Noël avec style et grâce et mettre en place les plus belles décorations du quartier ?

Avant qu’il n’entre, je me suis précipitée dans ma chambre pour me regarder dans le miroir. Ma tenue était décente, pas géniale, mais je ne pouvais pas faire mieux dans le temps imparti. J’arrangeai mes cheveux et vérifiai mon maquillage puis m’assurai que mes sourcils étaient réguliers. Je déteste avouer cela, mais une grande partie de la vie d’une femme tourne autour de son apparence. C’est une vérité.

Il frappa à la porte. Le coup était fort et me provoqua un étrange sursaut d’excitation. Du champagne ? J’avais l’impression que mon bouchon venait d’être libéré de ses fils de fer et que la douceur allait bientôt exploser. Une pensée stupide.

Je pris une grande inspiration et me dirigeai vers la porte. Ça allait être amusant.

Il m’adressa un grand sourire. « Bonjour, je suis ici pour… »

« Pour accrocher mes lumières de Noël. Entrez, entrez. »

Il inspecta la maison, levant le cou vers les plafonds voûtés, grimaçant devant la cheminée en pierre, fixant les grands tableaux abstraits.

« Je peux vous offrir quelque chose à boire ? Du cidre de pomme, du lait de poule… un scotch ? » lui proposai-je avec un sourire.

Il leva les épaules. « J’opterais volontiers pour un Johnny Walker, mais aujourd’hui, il faut que je me comporte comme un véritable Ebenezer Scrooge. »

De l’esprit… Ça le rendait encore plus beau. Cela rend n’importe quel homme plus beau.

« Être prudent me paraît est idéal pour M. Électricité lorsqu’il y en a dans l’air. » Je lui tendis la main. « Charlotte. »

Il prit ma main. « Charles. »

Ses mains étaient grandes et ses doigts étaient épais. Ils étaient forts, rugueux, secs. J’aimais les mains calleuses. Des mains molles peuvent ruiner le charisme d’un homme. Toute robustesse ou machisme peut se dissoudre avec la première giclée de crème hydratante.

Ce type de mains me fait en général me sentir bien. Je me sens en sécurité et calme entre des mains rugueuses. Je peux être pleinement féminine, sans pression. Si je devais tomber, il me rattraperait sans hésiter.

« On commence par où ? » lui demandai-je.

« Quelles sortes de décorations avez-vous ? »

« J’en ai plein. Dans la boîte là-bas, dans celle-ci, j’en ai une autre dans la salle à manger et deux dans le garage. »

Charles forca un sourire. Je sentis qu’il n’aimait pas ça.

« Votre annonce disait que vous facturiez 45 $ en forfait, mais je vous paierai 20 $ de l’heure comme j’ai énormément de déco. C’est ok pour vous M. Électricité ? »

Il fit brièvement le calcul dans sa tête. Ses yeux marquaient les signes plus et moins sur le tableau noir de son esprit.

Je lui adressai un sourire, le regardant droit dans ses yeux verts.

J’essayai de lui transmettre un peu de mon électricité. Mais je n’étais pas sûr que ça l’ait secoué. Il était peut-être encore devant son tableau, à multiplier les heures par les dollars.

Honnêtement, je me disais qu’il ferait exprès de prendre son temps pour obtenir au moins 45 $ pour le travail effectué. S’il travaillait trop vite, il ne recevrait pas assez d’argent. S’il travaillait trop lentement, je commençerai à taper sur ma montre. Il ne pouvait pas savoir que je n’avais pas envie de me plaindre s’il restait longtemps chez moi.

« Ça marche », me dit-il finalement avec nonchalance.

« Commençons alors », lui répondis-je.

Très rapidement M. Électricité se retrouva sur le toit, en train de fixer les cordons verts garnis de lumières colorées sur les gouttières. J’étais contente de le regarder. Il bougeait bien. Un travailleur acharné, concentré et déterminé à travailler avec soin.

Plus je le regardais, plus il m’intriguait. En un rien de temps, j’étais excitée par sa présence.

Il tendit les guirlandes lumineuses le long du toit, installa les projecteurs sous le pin dans ma cour avant, programma la projection du Grinch sur ma porte de garage pour le coucher du soleil. Pendant ce temps, je plantais des sucres d’orge lumineux dans l’herbe. Je me suis assurée d’être penchée dans sa direction. Un cul peut électrocuter un homme, et n’essayez pas de me dire le contraire.

Un peu plus tard, je le regardais descendre l’échelle.

« Vous avez fait du bon travail », lui dis-je aux pieds de l’échelle.

« Vous avez de bons matériaux pour travailler. Les fils de tes guirlandes lumineuses de Noël n’étaient pas emmêlés. » Il sourit.

« Vous avez de mauvaises expériences en la matière ? »

« Terribles. Certaines personnes font pas du tout attention lorsqu’elles enlèvent leurs décorations. Elles sont mises en vrac dans un carton jusqu’à l’année prochaine. »

« J’ai d’autres bons matériaux … à l’intérieur. »

C’est à ce moment précis qu’il prit conscience de mon électricité. Il rata la dernière marche de l’échelle et glissa dans mes bras.

Il se releva pour retrouver un semblant de masculinité.

« Je suis désolé. C’est embarrassant », s’excusa-t-il. « Je n’ai pas l’habitude de tomber dans les bras d’une femme. »

« Peut-être que je ne suis pas une femme comme les autres. »

J’achevais de lui donner une décharge électrique avec ce commentaire.

Apparemment, M. Électricité appréciait mon traitement de choc.

Il transporta l’échelle sur son épaule jusqu’à son van. Je le voyais garder un œil sur moi. Pile l’effet que j’avais recherché.

Il revint vers moi. « Besoin d’aide à l’intérieur ? »

« Je pourrais en avoir besoin en effet. »

« Je suis là pour vous. »

Ce fut à mon tour de recevoir une décharge électrique. Un choc violent.

Dans la maison, Charles et moi avons disposé les guirlandes à feuilles persistantes avec des rubans rouges et mes santons de Noël sur la cheminée. Je lui donnai des brins de guirlandes argentées pour les entremêler dans les branches du sapin. Il était beau à s’étirer ainsi autour de l’arbre.

Il plaça les dernières guirlandes autour de mon sapin et agença les boules tout autour. Il avait fait un travail correct. Rien d’extraordinaire en termes de décoration. Néanmoins, j’avais aimé le regarder se tenir sur le tabouret et se tendre pour atteindre les différentes branches de l’arbre. Je ne me lassais pas de son joli cul. Il avait une certaine rondeur. J’avais cette envie de le presser, de mettre mes mains dessus, de le claquer. Cependant, mes mains restaient sous contrôle. Je ne voulais pas le faire tomber une nouvelle fois.

Je lui tendis l’étoile. « Ça, ça va sur le dessus. »

Il m’arrêta. « C’est mieux si vous l’accrochez vous-même. Ça porte bonheur. »

« Oh, vraiment ? »

« C’est ce qu’on m’a toujours dit, et la chance a toujours été de mon côté. Je veux dire qu’aucun sapin ne m’est jamais tombé dessus. »

J’acceptai de mettre l’étoile.

« Montez sur le tabouret. Je vous empêcherai de tomber. »

Lui et moi avons échangé nos places. Ses mains chaudes ont touché ma taille. Ce contact a été le pop du bouchon de champagne. Je positionnai l’étoile avant de me tourner vers lui. Sa tête était au niveau de mon nombril.

Il souleva légèrement ma chemise et posa doucement ses lèvres sur mon ventre. Mes genoux se mirent à trembler. J’attrapai ses épaules et je le laissait m’embrasser à nouveau, encore et encore, en descendant toujours plus bas.

Ses doigts déboutonnèrent mon jean, et il essaya de le faire glisser de façon sexy. Les jeans moulants permettent pas ce genre de choses. Je baissai moi-même le pantalon jusqu’à mes genoux. Voyant que la voie était libre, il revint à ma culotte. Ses doigts attrapèrent son élastique avant de la faire rouler, comme le papier d’une barre chocolatée. Ses mains glissèrent le long de mes cuisses et agrippèrent mes fesses. Puis il enfonça son visage mon sexe. Son nez contre mon clito et sa langue effleurant mes lèvres. Mes genoux vacillèrent et mon cœur s’emballa. Je lui ébouriffai les cheveux et l’encourageai. « Continuez. C’est exactement ce dont j’ai besoin. »

Il répondit en accélérant le rythme de sa langue sur ma chatte. Je couinai lorsque ses tirèrent les miennes.

Je repoussai sa tête. « Il faut que je me mette autrement sinon je vais tomber. »

La moitié inférieure de son visage brillait de mon humidité. Ses joues et son front étaient rouges. Une veine ressortait sur son front.

Je me mis par terre, envoyai valser mon jean et l’entraînai jusqu’à ma chambre. Il me jeta sur le lit. Les oreillers et la couverture se soulevèrent. Il écarta mes jambes, mes talons dans ses mains. J’étais exposée, les lèvres entrouvertes, ma chatte grande ouverte, en attente. Il enfonça à nouveau son visage en moi.

Pendant qu’il était tout à son ouvrage, le ventilateur du plafond et les lumières de la chambre se brouillèrent. Je ressentis une bouffée de chaleur, immédiatement suivie d’une 2e bouffée. Cet homme m’emmenait dans un endroit où je n’étais pas allée depuis longtemps. Il se leva brièvement et reprit son souffle avant replonger entre mes jambes. Quelques instants plus tard, l’électricité courait le long de mes bras, au sommet de ma tête, le long de ma colonne vertébrale, sur mes cuisses. Elle passa par mes genoux jusqu’au bout de mes orteils. Et ce n’était pas un choc unique ou une secousse singulière. Cette électricité bourdonnait dans mon corps, presque comme une douleur.

Dans cet état, j’entendis une sonnerie lointaine, un son étouffé. Je ne bougeai pas, craignant d’être frappée par une douleur brûlante. Mais le son résonna à nouveau.

J’ouvris lentement les yeux. Je vis que Charles était debout. Le téléphone contre l’oreille.

« Oui… Bien sûr… Maintenant ? Très bien. J’y serai. »

Il me regarda.

« J’ai reçu un appel à propos d’une panne électrique dans une résidence. »

« Finis-moi, s’il te plaît. Fais vite. »

Sa bite glissa profondément en moi. Le fait qu’il soit en moi était extraordinaire. La pression exercée par son sexe était parfaite. Son balancement d’avant en arrière était rapide. Les picotements qui avaient circulé dans tout mon corps se concentraient maintenant dans ma chatte. Tout se mélangea en un tourbillon de sensations. Les choses tournaient plus vite, de plus en plus profondément en moi. Puis la pression se relâcha, et mon corps se retrouva comme enveloppé dans ce qui aurait pu être une couverture chaude bien serrée autour de moi par une nuit où la température extérieure serait tombée bien en dessous de zéro. J’entendis entendu un grognement. Il avait fini lui aussi. Je pouvais sentir sa chaleur alors que la couverture chaude recouvrait mon corps.

Il dit quelque chose. Mon cerveau ne fut pas capable de l’enregistrer. Tout ce que je pus dire fut : « Ce que je vous dois est sur la table de la cuisine… M. Electricité. »

Plus tard ce soir-là, je m’ouvris une bouteille de champagne bon marché. Elle avait le même goût que les meilleurs crus.

Je me dis que Charles de chez M. Électricité avait été la meilleure décision que j’avais prise depuis longtemps.

 

* Cette nouvelle a été écrite en anglais par Claire Woodruff. Pour la lire dans sa version originale, c’est par ici !