Une Belle Première – Partie 4

 

Déborah embrassa François dans leur couloir désert, puis elle retourna au rez-de-chaussée pour rejoindre la foule. Elle sentait son sang battre dans ses tempes, tout son corps était encore en feu après ces délicieuses caresses. Elle croisa Lyla qui lui fit un large sourire. La jeune fille était contente que son ami François et Déborah se soient absentés quelques minutes. Elle se dit que Déborah avait fait le bon choix. La jolie lycéenne lui rendit son sourire et poursuivit son chemin.

Elle voulait profiter de son état d’excitation pour aller à la rencontre de Damien qui venait de sortir de la piscine. Elle savait que François était en train de s’activer à lui écrire un poème, elle avait un peu de temps à consacrer à Damien. Il s’apprêtait à aller se changer dans le cabanon prévu à cet effet derrière la maison. Dans ce coin de terrain, l’endroit était désert et Déborah héla l’apollon en maillot de bain.

– Je t’avais pas entendu arriver. T’étais où ? T’avais disparu.

– Je n’aimais pas voir toutes ces filles en pamoison devant ton corps musclé.

Il y eut un silence, puis Damien se pencha et embrassa Déborah. Elle eut d’abord un petit frisson de culpabilité. Elle avait embrassé François de la même façon il y avait quelques minutes à peine. Puis le délice de son baiser et son torse musclé contre son corps firent disparaître rapidement toute mauvaise conscience. Il avait plus de fougue que François. Moins de douceur. Ce n’était ni moins bon, ni meilleur, juste différent. Et la tête lui tournait. Le désir l’embrasait. Damien, François, peu importait, elle les désirait tous les deux autant et à cet instant, elle savait qu’elle avait fait le bon choix en décidant de ne pas choisir.

Ils entrèrent dans le cabanon et Damien la souleva. Entre ses bras, elle était aussi légère qu’une feuille. Il la posa sur la petite table qui trônait au milieu de la pièce et se positionna devant elle. Elle encercla son bassin de ses jambes pour le ramener contre elle. Il l’embrassa à nouveau, avec la même fougue sauvage. Déborah promenait ses mains sur les pectoraux de Damien en tachant de contrôler sa respiration qui s’emballait.

Assise sur la table, sa jupe trop courte était totalement remontée, laissant apparaitre sa culotte rose. Elle sentait le sexe dur de Damien sous son maillot de bain, et elle rêvait de le sortir pour le regarder, le toucher. Tout en continuant de l’embrasser, Damien écarta les jambes de Déborah avec ses mains. Elle faisait maintenant presque le grand écart. Il fit glisser son index le long du mollet droit de Déborah, remontant jusque derrière le genou, puis la cuisse… Il arriva à l’aine et Déborah gémit. Elle avait envie de sentir son doigt en elle, mais au lieu de soulever le tissu de sa culotte, il l’effleura du bout de l’index, passant tout près de son clitoris, et il poursuivit vers l’autre jambe. Il savait mêler douceur et brutalité. Puis, comme l’avait fait François plus tôt, il passa son autre main sous le tee-shirt de Déborah pour aller saisir un sein et le titiller.

Déborah avait envie que Damien la prenne là, sur cette table, dans la pénombre du petit cabanon, mais ce n’était pas le plan initial. Et si la main sur son sein la fit gémir d’excitation, elle rappela également François à son bon souvenir, et elle repoussa doucement Damien.

– Attendons encore un peu… Savourons le moment, profitons de la soirée pour retarder l’instant au maximum. Nous ferons l’amour dans la maison. Ici, il fait trop froid.

Puis elle sortit du cabanon précipitamment, laissant Damien avec la douceur de cette promesse : ils feraient l’amour ce soir. Son corps tout entier en frémissait de désir et de bonheur. Il n’avait qu’à attendre qu’elle lui fasse signe.

La soirée se poursuivit avec la même bonne humeur, Damien et François observant attentivement les réactions de Déborah pour se tenir prêts. François fit un signe discret à la jeune fille pour lui signifier que son poème était prêt. Elle riait, dansait, tout le monde s’amusait, et même les deux hommes rongés par le désir impatient se laissaient aller et profitaient de leur soirée. Séverine guettait quelques fois son amie Déborah et Lyla observait François qui resplendissait de bonheur. Fred, le meilleur ami de Damien s’amusait de l’euphorie de son camarade, et les rires fusaient.

Mais sous ses airs innocents, Déborah que tout le monde admirait dans sa tenue estivale, crevait de désir. Elle n’avait jamais ressenti cette impatience du corps. Les deux hommes l’avaient mises tour à tour dans un état d’excitation qui ne retombait pas, pour sa plus grande joie. Elle décida alors, un peu avant vingt-trois heures qu’il était temps.

Elle fit une œillade provocante à François qui fut saisi d’un vertige. Ca y est, c’était son heure. Elle attendit un peu et offrit un même regard à Damien qui en resta tout autant pétrifié. Les deux hommes avançaient maintenant à armes égales, il ne restait plus qu’à mettre en route la dernière phase de son plan.

Suivie du regard par les deux hommes, elle traversa précipitamment le salon et grimpa les marches qui menaient à l’étage. Elle ralentit ensuite sa course en traversant le couloir. Dès qu’elle entendit un mouvement dans son dos, elle attaqua le deuxième escalier qui menait à l’espace parental. Là où personne ne les entendrait. Elle entra dans la salle de bain, referma la porte et attendit. Elle ne tarda pas à s’ouvrir.

Elle donna ses ordres sans se retourner, laissa son bel inconnu enfiler la cagoule, se mettre nu et l’approcher… Après quelques caresses, elle avait également enfilé une cagoule mais à l’envers, pour s’assurer de ne pas deviner avec lequel des deux hommes elle s’apprêtait à faire l’amour. Ils étaient maintenant tous les deux nus et face à face, tachant de faire se rencontrer leurs langues à travers le tissu de la cagoule de Déborah. Puis, Déborah avait murmuré…

Je voudrais te sentir en moi…

L’excitation de l’inconnu redoubla, il prit les deux seins magnifiques entre ses mains, pour profiter encore de l’instant, et comme il se rapprochait de la machine à laver sur laquelle Déborah était à moitié allongé, sans même qu’il le décide, son sexe dur comme la pierre pénétra l’intimité de Déborah, trempée et ouverte. Elle poussa un cri. Alors sans plus attendre, poussé par l’urgence de son excitation, il effectua des va-et-vient d’abord lents, puis de plus en plus rapides. Comme le sexe de Déborah était doux… chaud… caressant… Elle poussait des petits cris perçants, la tête basculée en arrière… Elle le suppliait de continuer, de la prendre encore et encore. Il contemplait son corps sublime remuer doucement au rythme de sa pénétration. Il plaça une main de chaque côté de son bassin et il accéléra une dernière fois le mouvement avant d’exploser en elle.

Il en avait des vertiges de plaisir, tout son désir accumulé se soulageait en elle, il avait l’impression que sa semence ne cessait de couler, déchargeant encore et encore. Il enfonçait son pénis au plus profond et elle criait de plaisir, de jouissance. Puis ce fut le calme. Un moment de flottement doux, un instant de grâce. Leurs deux corps étaient épuisés par la jouissance qui les avait secoués, et ils auraient pu s’endormir l’un contre l’autre. Mais ce n’était pas ce qu’avait prévu Déborah. Elle voulait conclure son plan.

Alors que l’homme s’apprêtait à parler, à lui dire combien lui faire l’amour avait été extraordinaire, elle prit la parole.

– Ne dis rien. C’était bon, tellement bon… Unique. Ne dis rien. Habille-toi et va-t-en. Ne pose aucune question, ne sois pas déçu. C’est comme cela que j’avais rêvé ma première fois, avec toi, comme ça. C’était délicieux, j’ai joui, je n’oublierai jamais. Je ne t’oublierai jamais, mais ne m’en parle pas, d’accord ? Ne réponds pas, ne dis rien. Va-t’en. Je t’aime.

Alors doucement, il retira son pénis toujours en elle. Et elle poussa un dernier soupir avant de reposer sa tête contre le mur derrière la machine à laver. Et tout en se rhabillant, il l’observa en silence. Il contempla son corps nu, son sexe encore entrouvert d’où coulait un peu de la semence qu’il avait laissée. Ses seins qui se soulevaient au rythme de sa respiration rapide, ses jambes lisses et douces… Il ne l’oublierait jamais. Elle était la plus belle femme qu’il n’avait jamais vue.

Lorsqu’il fut parti, Déborah se rhabilla, rejoignit la chambre de Séverine et passa par la fenêtre pour rentrer chez elle sans revoir personne. Elle ne voulait pas croiser Damien et François. Elle saurait immédiatement en les voyant avec lequel des deux elle venait de faire l’amour. Pour que le souvenir tienne ses promesses, il fallait qu’elle ne les revoie jamais. Elle ne lirait pas non plus leurs messages, elle disparaitrait de leur vie.

Et effectivement, elle ne les revit jamais. Elle s’en alla quelques jours plus tard pour le Canada où elle intégra une école de commerce. Elle y resta trois ans avant de partir travailler aux Etats-Unis. Elle rencontra et épousa un Américain, elle vécut dans ce pays le reste de sa vie. Elle n’oublia jamais sa première fois chez Séverine.

Séverine étudia le droit à Montpellier et devint avocate. Séparées par un océan, Déborah et elle échangèrent de moins en moins au fil des ans avant de bientôt ne plus se parler du tout. Pas de dispute ou de rancœur, juste deux destins qui ne se croisaient plus. Elle épousa un avocat comme elle, qu’elle avait rencontré alors qu’ils étaient tous les deux étudiants.

Lyla, la meilleure amie de François, rencontra Natascha pendant son année de césure à Berlin. Elles emménagèrent ensemble et montèrent une chaine de salons de coiffures Franco-allemands, ce fut un immense succès. Elle resta toujours en contact avec François.

François devint un prof de lettres respecté à la Sorbonne et un écrivain réputé dans le microcosme intellectuel parisien. Il s’était fait connaître très jeune grâce à la publication d’un poème exceptionnel qu’il avait écrit alors qu’il n’avait que dix-huit ans, celui-là même qu’il avait composé pour Déborah à la soirée chez Séverine. Il multiplia les aventures d’un soir avec des étudiantes avant de se faire rappeler à l’ordre par la direction de la Sorbonne. Il épousa alors une consœur avec laquelle il vécut une aventure fusionnelle, même s’ils n’habitèrent jamais sous le même toit.

Fred, le meilleur ami de Damien durant leur année de terminal, ne garda qu’un contact distant avec son ami de six mois. Il resta dans la petite ville de son enfance, la même que celle de leur lycée, où il ouvrit un restaurant. Il divorça deux fois avant d’en conclure qu’il était mieux tout seul.

Le beau Damien quant à lui se lança dans la politique après des études brillantes. Il rencontra sa future femme dans l’antenne du partie politique dans lequel il s’encarta dès sa première année d’école. Il fit une belle carrière qui le mena jusque sur les bancs du sénat.

Quant à Max, le petit frère de Séverine, soixante ans plus tard, du haut de ses soixante-quinze ans, il se demande encore ce qu’il avait bien pu faire au ciel pour avoir eu ce privilège insensé. Le soir de la fête de fin d’année de sa sœur, alors qu’il était entré dans la salle de bain de ses parents pour récupérer un nouveau tube de dentifrice avant d’aller se coucher, tout s’était enchainé tellement vite… À lui, l’adolescent boutonneux moqué par les filles de son âge, la meilleure amie de sa sœur et plus belle fille du lycée, avait offert sa virginité, son corps, son plaisir. Sur son lit de mort, il s’en souviendrait encore.

Fin