Angelique et les marins

Angélique et les Marins – Partie 2

La Grosse Eva fronçait les sourcils. Elle réfléchissait au compte rendu que venait de lui faire Angélique. Il n’était pas bon. « La Sirène Bleue » ne devait pas survie à quelques fidèles qui habitaient les environs, mais aux arrivées massives de marins qui n’avaient pas vu de filles depuis plusieurs semaines. Laisser passer une opportunité comme ce bateau plein à craquer de matelots n’était pas envisageable.

Angelique et les marins

— Tu dis que c’est juste à cause du capitaine ?

— C’est ce que m’a dit le matelot, Eva. Depuis que le capitaine est morose, tout son équipage l’est aussi. Apparemment, il est très apprécié par ses hommes. Il est presque comme un père pour la plupart d’entre eux. Alors quand ils ont compris qu’il ne pourrait plus aller voir de filles, ils ont préféré s’abstenir aussi et rester à ses côtés.

— Et le matelot que tu as croisé, pourquoi il était avec Marianne ?

— Il dit que le charme du capitaine n’opére pas sur lui, et comme personne ne l’a interdit de débarquer…

Angélique se demandait quel genre de capitaine pouvait exercer une telle influence sur son équipage. La plupart des hommes qu’elle avait croisés se seraient entretués pour quelques secondes entre les cuisses d’une femme après une si longue abstinence… Depuis la fenêtre du bureau de la Grosse Eva, elle devinait la silhouette du bateau sur le port. Une étrange fascination l’envahissait. Elle avait envie de monter à bord et de rencontrer ce mystérieux capitaine.

— C’est arrivé il y a combien de temps ?

— Il y a un peu plus d’un mois. Il a escaladé le mat pour attraper une corde en pleine tempête et il est tombé.

— Ses jambes ne fonctionnent plus, mais peut-être que son sexe est encore d’attaque ?

— Vous voulez que j’aille vérifier ?

La Grosse Eva regarda Angélique avec surprise. Voilà que sa jeune employée encore mélancolique le matin-même se portait volontaire pour aller secouer le chibre d’un capitaine handicapé et déprimé.

—  C’est d’accord, mais fais très attention. Si son sexe est mort, il va mal le prendre… Ne le vexe pas. Et tâche de le convaincre de m’envoyer son équipage… Dis-lui que ses marins ont besoin de réconfort, joue la carte de la culpabilité… débrouille-toi mais envoie-les moi !

Angélique ajusta son maquillage et sa tenue pour s’assurer de la force de ses charmes, puis elle se rendit, décidée, vers le mystérieux bateau. Toutes les filles de le « La Sirène Bleue » s’était rassemblée devant l’établissement pour l’encourager.

Arrivée devant l’immense navire, elle héla un marin en train de nettoyer le pont. Elle désirait monter. Il mit du temps à refuser, la beauté d’Angélique l’ayant hypnotisé un instant.

— Pas de femme à bord d’un navire, ça porte malheur.

— Je vis depuis suffisamment longtemps dans un port pour savoir que cette légende minable ne tient que pour les traversées. Vous êtes à quai, vous ne craignez rien.

— Qu’est-ce que tu veux faire sur ce bateau ?

— Parler à votre capitaine.

L’homme s’immobilisa et disparut. Angélique tenta de le rappeler, en vain. Elle jura. Sa mission était en train de capoter avant même d’avoir commencé. Un homme plus âgé apparut soudain sur le pont et se pencha vers elle.

— Qu’est-ce que vous lui voulez, au capitaine ?

— Lui parler.

— Il ne veut voir personne.

— Je sais ce qui lui est arrivé, laissez-moi le voir. Je suis une amie…

Elle ne savait pas pourquoi elle avait menti. Sans doute pour éviter de crier par-dessus le pont qu’elle était une prostituée chargée par sa maquerelle d’aller titiller le pénis de son chef…

— Vous vous appelez comment ? Je lui dirai que vous êtes passée.

— J’ai fait beaucoup de chemin pour venir ici, vous ne pouvez pas me laisser là, à attendre. Il ne se souvient peut-être pas de mon nom, je suis une amie de sa sœur.

— Sa sœur ?

— C’est elle qui m’envoie.

Elle était peut-être aller trop loin cette fois… Mais expliquer qu’elle venait racoler au nom de la maison close sur le port n’aboutirait pas. L’homme soupira puis fit signe à la jeune femme d’emprunter le ponton pour monter à bord. Elle jubilait intérieurement, heureuse d’être parvenue à ses fins et impatiente de rencontrer le capitaine.

L’homme avec qui elle avait conversé se présenta. Il était le bras droit du capitaine et son plus vieil ami. Le capitaine avait demandé à être seul, mais l’homme expliqua à Angélique qu’il souhaitait que son ami reprenne goût à la vie. Pour lui-même, mais aussi pour le bienêtre de tout l’équipage qui dépérissait à ses côtés. Il la conduisit donc jusqu’à la cabine où le chef s’était réfugié.

Son ami annonça à travers la porte qu’une femme venait le voir, mais le capitaine répondit qu’il souhaitait rester seul. Angélique demanda à l’homme de partir et de la laisser faire. Sitôt qu’il se fut retiré, elle attrapa une broche dans ses cheveux et força la serrure. Toutes les filles de « La Sirène Bleue » avaient appris à forcer les serrures, pour le cas où l’une d’entre elles appellerait à l’aide, enfermée avec un client.

Elle se précipita à l’intérieur et referma la porte derrière elle. La chambre était spacieuse et joliment meublée mais il faisait très sombre. Elle aperçut le capitaine assis dans un fauteuil au fond de la pièce, derrière un grand bureau. Il regardait le port par la petite fenêtre, seule source de luminosité.

Sans prononcer un mot, elle alluma quelques bougies pour mettre un peu de lumière et le capitaine finit par tourner la tête dans sa direction. Il ne semblait ni étonné ni agacé. Son beau regard pénétrant électrisa aussitôt Angélique. Elle comprenait la fascination que de tels yeux pouvaient exercer. Mais l’insondable tristesse qu’ils trahissaient lui brisa le cœur. Le capitaine sentit que son désespoir touchait la jeune femme et il détourna le regard.

— Vous êtes une prostituée, n’est-ce pas ? Je vous ai vue arriver depuis la maison close de l’autre côté du port. Qu’est-ce que vous voulez ? Je ne possède plus de quoi satisfaire les femmes.

— Je suis venue vérifier.

Il l’observa à nouveau et Angélique tira sur un fil en haut du dos. Aussitôt, sa robe tomba à ses pieds, faisant apparaître son corps entièrement nu. Le regard du capitaine s’éclaira l’espace d’un instant. Elle usait parfois de ce stratagème efficace. Elle avait arrangé cette robe exprès. Le capitaine ne parvenait pas à détacher son regard des courbes parfaites d’Angélique.

Elle se tenait bien droite, les bras le long du corps, et les yeux du capitaine allaient et venaient de ses jambes à ses épaules. La peau semblait si douce, le corps si ferme, et les seins durs et dressés étaient la promesse de ravissements nombreux… Et pendant un instant, le capitaine oublia que son sexe ne réagissait pas. Angélique savait qu’elle jouait avec le feu, que la frustration et la fureur pourraient laisser place à la fascination. Elle devait l’hypnotiser le plus longtemps possible.

Dans une posture provocante, elle mit ses mains sur la taille et posa son pied gauche sur une chaise près d’elle, obligeant ainsi ses cuisses à s’ouvrir. Sous la toison bouclée, le capitaine pouvait ainsi presque deviner le sexe d’Angélique.

— Et bien capitaine, m’offrirez-vous enfin à boire ?

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