L’après-midi d’été, orangé, était trop chaud pour faire quoi que ce soit.
Le climatiseur de l’appartement de Carey ne parvenait pas à évacuer la chaleur. Il ne soufflait que de l’air chaud.
Elle avait attaché ses cheveux en chignon pour garder sa nuque au frais. Elle avait pris une douche froide, mais ses effets n’avaient pas duré longtemps.
Elle n’avait d’autre choix que de paresser, vêtue uniquement d’un short de sport moulant et d’un t-shirt fin.
Une boisson fraîche aurait été la bienvenue. Cependant, elle avait oublié de mettre au réfrigérateur le pack d’eau en bouteille qu’elle avait monté dans les escaliers étouffants plus tôt ce matin-là. Le porter l’avait épuisée et elle avait fini par s’affaler dans le fauteuil inclinable. À présent, l’eau avait atteint la température ambiante. Et l’eau à température ambiante n’avait pas bon goût.
C’est alors qu’elle se souvint de ce que contenait son congélateur.
Elle y avait rangé, bien cachée dans la glace, une boîte de Rocket Pops.
Les bâtonnets glacés étaient rouges, blancs et bleus. La partie supérieure était aromatisée à la cerise rouge. Le milieu était au citron vert et le tiers inférieur à la framboise bleue. Le bâtonnet glacé avait une forme de fusée, épaisse avec une pointe effilée.
Carey les avait achetés par nostalgie des étés lointains de sa jeunesse. Ces glaces étaient celles qu’elle préférait avec ses amis du quartier. Elles étaient rafraîchissantes par temps chaud et humide.
Lorsque Carey ouvrit la porte du congélateur, l’air froid tourbillonna, tel un fantôme. Elle attrapa une Rocket Pop et retira son emballage. Elle se réinstalla dans le fauteuil inclinable pour déguster sa glace et admirer la vue sur les toits de la ville depuis la fenêtre de l’appartement. Les bâtiments avaient la forme du haut des glaces.
Les saveurs sucrées de la Rocket Pop la ramenèrent à son adolescence, sur les routes de campagne et dans les champs. La cerise rouge lui rappelait le rouge à lèvres frais. Avec ses amies, elles faisaient semblant de porter du rouge à lèvres rouge. Puis elles se pavanaient sur le toboggan aquatique glissant, jouant les mannequins sur un podium de mode. Leur jeu attirait l’attention des garçons. Elle aurait aimé embrasser Heath Cooper, avec son visage rond, avec toute la fougue d’un flirt adolescent. Mais il s’enfuyait toujours.
Toutes ces années plus tard, elle sourit en repensant à la façon étrange dont les garçons se comportent avant d’entrer dans l’adolescence.
En souvenir du bon vieux temps, elle se peignit les lèvres avec le bout fondu de la glace à la cerise.
La Rocket Pop détourna l’attention de Carey de la chaleur étouffante de son appartement vers des souvenirs plus frais. Il y avait le jeu d’enfance du « Ice Tag ». Tout le monde rentrait son t-shirt dans son short, puis courait à toute vitesse pour échapper à l’enfant qui portait la glace. Cet enfant attrapait le col du t-shirt de n’importe qui et renversait la glace à l’intérieur.
Le simple souvenir de la glace glissant le long de son dos était terrifiant. Son corps se contorsionnait et se tordait pour empêcher la glace de toucher directement sa peau lisse. Ce souvenir la faisait encore frissonner aujourd’hui.
Néanmoins, dans la chaleur de ces étés, la glace fondait rapidement sur leur peau. Bientôt, les enfants avaient les t-shirts trempés et le haut de leur short humide. Ils finissaient tous par rire, épuisés. Elle sourit en suçant la friandise sucrée. Elle regarda par la fenêtre.
Mais, tandis qu’elle fouillait dans ses souvenirs, la glace Rocket Pop coula sur son t-shirt blanc. Elle jura.
La glace entière dans la bouche, elle se précipita vers l’évier.
Posant le bâtonnet sur une petite assiette, elle retira son t-shirt. Elle frotta le tissu sous l’eau chaude, espérant faire disparaître la tache rouge. Elle devint seulement rose. Elle jeta le t-shirt trempé sur le dossier d’une chaise de cuisine.
Elle attrapa le bâtonnet glacé et s’affala sur le fauteuil inclinable, seins nus. Quelques instants plus tard, ses coups de langue et la température de l’appartement avaient réduit considérablement la taille de la glace.
Carey déballa une autre sucette glacée. Celle-ci était plus froide que celle qui venait de fondre. Elle eut une impulsion.
Elle approcha la pointe cerise glacée de son téton rose. Elle poussa un cri aigu au contact de la glace sur sa peau sensible. C’était comme si de la glace avait été déversée sur son téton, mais avec beaucoup plus de douceur.
Ses épaules se baissèrent, comme une réaction naturelle au contact de la glace sur sa peau. Mais elle n’en avait pas assez.
Elle prit son sein dans sa main et fit glisser la pointe rouge vif de la glace jusqu’à son extrémité bleue le long de son mamelon. Puis elle la ramena, de la framboise bleue à la cerise rouge. Pendant tout ce temps, elle siffla et retint son souffle. Elle grimaça et se mordit la lèvre, jusqu’à ce que son mamelon s’habitue au froid glacial. Avec la pointe rouge cerise, elle dessina le contour de ses aréoles ovales, provoquant un rétrécissement naturel de la peau.
Elle tenait le bâtonnet glacé dans une main tout en soulevant son sein pour lécher les gouttelettes de cerise rouge.
Elle s’occupa ensuite de l’autre sein, passant la glace sur son mamelon et faisant glisser la pointe rouge autour de son sein.
Trop vite, la pointe rouge disparut à nouveau, laissant la saveur citron vert comme un bout émoussé.
Pour rafraîchir davantage son corps surchauffé, elle pressa ses seins l’un contre l’autre et fit glisser la sucette glacée dans le passage étroit entre eux, puis traça une ligne sur son ventre. Elle laissa un cercle de citron vert autour de son nombril. Elle suivit le chemin de la sucette glacée jusqu’à sa poitrine.
Elle se sentait mieux avec la fraîcheur qui persistait sur elle. C’était un moyen d’éviter de cuire dans son appartement étouffant.
La saveur cerise rouge lui rappelait les joies de l’enfance, mais le lime, pour une raison mystérieuse, lui rappelait Wayne Harlan. C’était un homme qui aimait mettre en avant ses contrastes. Ses cheveux bien coiffés à la manière grunge en étaient un exemple. Son sens de la mode élégant, à la manière d’un boys band, avec des tatouages dessinés au stylo à bille. Il avait aussi une façon bien à lui de lui enlever son t-shirt.
« Quelqu’un les a déjà vus ? » lui avait-il demandé alors qu’ils patientaient au feu rouge dans sa voiture.
Elle était trop choquée pour répondre.
« Alors ? » demanda-t-il à nouveau.
« Vu quoi ? »
« Tes seins, bien sûr. »
Elle couvrit naturellement sa poitrine avec ses mains. « Non. »
« Je veux être le premier. Je suis très doué pour sucer les seins. » Il la regarda et lui adressa un clin d’œil.
Jusqu’à ce qu’il arrête sa voiture sur le parking d’un centre commercial, elle n’avait pas l’intention de laisser ce garçon la voir nue. Qui aurait eu envie de ça ? Elle n’envisageait pas ses seins comme autre chose que des excroissances apparues un beau jour qui l’avaient contrainte à porter un dispositif terrifiant appelé brassière.
Mais lorsqu’il se tourna vers elle, son regard bouleversa son esprit. Elle retira son t-shirt.
Elle lécha le bâtonnet glacé tout en glissant sa main libre dans son short. Sentant la chaleur emprisonnée et ravivant ses souvenirs, elle pensa que le bâtonnet glacé allait pouvoir l’aider.
Elle descendit son short au niveau de ses genoux et l’extrémité sucée au citron vert du bâtonnet glacé se retrouva à seulement quelques centimètres au-dessus de son clitoris. Elle pouvait déjà sentir la fraîcheur de la glace. Un seul contact suffirait à électrocuter son corps. Il se tordrait et la ferait peut-être sursauter. Elle pensa aux personnes qui se faisaient taser.
Pourtant, la chaleur la poussa à le faire. La glace la toucha. Elle sursauta et inspira profondément. La glace lui causa presque de la douleur. Mais elle recommença. Un contact rapide et doux. Même ses fesses se contractèrent pour se défendre. Au troisième contact, elle maintint la glace en contact avec son clitoris pendant quelques secondes. Elle lutta pour contrôler sa respiration et empêcher son esprit de forcer sa main à la retirer. Les convulsions de son corps incarnaient une interrogation fondamentale sur le bien-fondé de ce supplice.
Bientôt, elle était toute sale. La glace avait fondu. Elle coulait le long du bâtonnet jusqu’à ses doigts. Sa main était rouge et bleue. Ses tétons étaient colorés et son clitoris palpitait sous le coup de la torture.
Plutôt que d’aller chercher une autre glace, elle se précipita dans sa chambre pour chercher son DOT Travel, un jouet pointu ressemblant à un étui de rouge à lèvres. C’était ce qui se rapprochait le plus d’une Rocket Pop avec la garantit qu’il ne fondrait pas en quelques minutes.
Le DOT était silencieux, comme la glace. Mais il était plus précis que la Rocket Pop et ne causait aucune forme de torture.
Grâce à ces caresses, son corps se détendit. Elle oublia le chaud et le froid. Les souvenirs d’enfance s’estompèrent. Les adolescents s’effacèrent.
Ils furent remplacés par les vagues de l’océan qui s’écrasaient contre son corps et une douce douche d’eau fraîche. Ses doigts se crispèrent sur l’étui à rouge à lèvres et son extrémité effilée.
Il lui sembla qu’on l’observait depuis les immeubles face à l’appartement. Des étages et des étages de fenêtres la fixaient avec ce qui semblait être des sourires narquois.
Elle écarta les jambes afin que tout le monde puisse la voir. Elle posa ses pieds de chaque côté du rebord de la fenêtre. Cette précision lui permit de présenter ses excuses à toutes les parties de son sexe qui exigeaient réparation pour les torts causés par le Rocket Pop.
L’arrière de ses genoux picotait sous l’effet des sensations. Son sexe vibrait de plaisir. Sa lèvre supérieure se retroussa en un rictus jusqu’à ce qu’elle parvienne à le transformer en sourire.
Elle imagina la bouche de Wayne sur ses seins, les suçant avec passion.
Elle se pavanait à nouveau sur la piste du parc de jeux.
Elle s’étalait du rouge à lèvres sucré sur la bouche.
Puis tout devint flou alors que son corps sombrait dans l’orgasme. Les souvenirs précis ça serait pour une autre fois. Le souffle de la douceur l’enveloppa comme une lotion. Ses pieds tombèrent du rebord de la fenêtre et ses genoux se dérobèrent. Elle laissa le DOT sur ses genoux alors qu’elle succombait à une nouvelle chaleur dans cet été orangé.
* Cette fiction érotique a été écrite en anglais par Claire Woodruff. Pour la lire dans sa version originale, c’est par ici.
Et pour toujours plus de plaisir :













