Vous est-il déjà arrivé de vous retrouver allongée à côté de votre partenaire masculin après l’amour, l’observant sombrer dans un sommeil profond immédiatement après l’amour du sommeil du juste ? Pas de place apparemment pour un câlin, une discussion, l’envie de partager un petit truc à grignoter, de regarder un film ou de faire quoi que ce soit d’autre…
Cela peut parfois sembler un peu impoli. Pourtant rassurez-vous : votre partenaire n’a pas l’intention de vous manquer de respect. Ce sommeil soudain ne signifie pas non plus qu’il s’ennuie en votre compagnie.
En réalité, il existe une explication biologique solide à cette somnolence masculine après le sexe. Alors, quelle est-elle ? Pourquoi les hommes s’endorment-ils après l’éjaculation ? La réponse tient en un mot : la prolactine.
Qu’est-ce que la prolactine, l’hormone libérée après le sexe ?
La prolactine est une hormone produite par l’hypophyse. Elle possède de nombreuses fonctions.
Dans le cas qui nous intéresse, cette hormone est libérée après un rapport sexuel et joue un rôle clé dans la période réfractaire masculine (le laps de temps avant qu’une nouvelle érection ne soit possible).
Le taux de prolactine augmente brusquement après l’orgasme et provoque des sensations de somnolence, une baisse de l’excitation sexuelle et une profonde détente. En résumé, la recette idéale pour… dormir !
Mais alors, pourquoi les hommes ne s’endorment-ils pas systématiquement après la masturbation ? Eh bien, parce que les orgasmes post-coïtaux entraînent chez eux une libération de prolactine quatre fois supérieure à celle observée après la masturbation.
Cela dit, la prolactine n’est pas la seule hormone responsable de cette irrépressible envie de dormir…
Pourquoi les hommes s’endorment-ils après l’éjaculation ? Un sacré cocktail d’hormones !
Si la prolactine joue un rôle majeur dans la somnolence post-sexe chez les hommes, d’autres hormones contribuent également à cet effet.
Après l’éjaculation, le taux de dopamine (l’hormone du bien-être) chute. Comme la dopamine est un neurotransmetteur stimulant qui maintient l’éveil, sa baisse provoque l’effet inverse : la fatigue.
En parallèle, l’ocytocine et la vasopressine – les hormones du lien et de l’attachement – augmentent. L’ocytocine aide à réduire le stress et procure un sentiment de sécurité propice à la relaxation, tandis que la vasopressine favorise l’apaisement : rythme cardiaque ralenti, vigilance en baisse et passage du corps en mode récupération.
De plus, la sérotonine monte en flèche, ce qui prépare le cerveau à « basculer au repos ».
Ce mélange d’hormones – associé au contexte (rapport sexuel souvent de nuit, lumières éteintes, dans un lit, etc.) – induit un profond état de calme et de somnolence. L’horloge biologique envoie alors le signal au cerveau et au corps qu’il est l’heure de dormir et la mélatonine, hormone du sommeil, prend le relais.
Pourquoi les femmes ne s’endorment-elles pas comme les hommes après le sexe ?
Vous vous demandez sûrement pourquoi les femmes ne s’endorment-elles pas aussi rapidement que les hommes après l’amour ?
La réponse est simple : elles ne connaissent pas la même poussée de prolactine que les hommes. En réalité, elles en sécrètent bien moins après l’orgasme.
Certes, elles libèrent aussi de l’ocytocine, mais chez elles, cette hormone accentue davantage les sensations de lien et de stimulation, plutôt qu’un effet de sédation comme chez les hommes.
Autre différence notable : les femmes n’ont pas de période réfractaire stricte. Elles peuvent rester excitées et enchaîner plusieurs orgasmes sans ressentir le besoin de « se reposer ».
Le cerveau joue également un rôle déterminant. Des études d’imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle, PET scan) ont montré qu’après l’orgasme, l’activité cérébrale masculine diminuait dans les zones liées à l’attention et à l’excitation – d’où la détente et la somnolence. Chez les femmes, en revanche, ces mêmes zones restaient actives, voire s’intensifiaient, traduisant une vigilance accrue et un engagement cognitif prolongé.
D’un point de vue évolutif, il est possible que le corps féminin soit plus « réceptif » après le sexe dans une logique de soin, de lien et d’attachement (via l’ocytocine). Les hommes, eux, semblent davantage programmés pour conserver leur énergie et récupérer après l’éjaculation.
Les comportements post-sexe
Il est clair désormais qu’hommes et femmes présentent des comportements différents après le sexe. Et lorsque l’un adopte une attitude qui questionne l’autre – comme le fait de s’endormir immédiatement une fois l’acte sexuel achevé – cela peut susciter un sentiment de vulnérabilité.
Sachez que, selon certaines études, si vous êtes satisfait·e de ce qui se passe après l’acte sexuel, vous êtes plus susceptible de l’être aussi de la relation sexuelle elle-même, ainsi que de votre relation amoureuse en général.
En ce sens, il peut être judicieux de porter une attention particulière au moment post-coïtal, et pas uniquement au sexe en lui-même.
Comme le rappelle la sexothérapeute Ashley Grinonneau-Denton :
« Nous sommes dans l’un de nos états émotionnels et physiques les plus vulnérables lorsque nous sommes intimes avec quelqu’un, surtout si des sentiments forts sont impliqués. Le moment qui suit le sexe est une occasion cruciale de renforcer les liens intimes, pas d’ériger des murs émotionnels. »
La sexothérapeute Rachel Needle ajoute :
« Les couples devraient faire l’effort de se connecter après l’amour. Le temps passé ensemble après le sexe peut augmenter l’intimité, le sentiment de lien, l’engagement, ainsi que la satisfaction sexuelle et relationnelle. »
La sexothérapeute Emily Jamea, propose quant à elle un conseil simple pour les partenaires qui ont tendance à rejoindre Morphée immédiatement après l’amour :
« Au lieu de lui tourner le dos, tournez-vous vers votre partenaire. Il suffit parfois de se rapprocher, de dire doucement combien vous tenez à lui ou à elle, et de l’enlacer en position de « câlin-cuillère » pour nourrir le sentiment de connexion. »
Comment ne pas le prendre personnellement lorsqu’un homme s’endort après le sexe ?
Malgré toutes ces explications, il peut rester difficile de ne pas le prendre personnellement lorsque son partenaire s’endort aussitôt après l’acte. Voici quelques rappels importants :
- C’est biologique : comme nous l’avons vu, tout cela est surtout une affaire d’hormones et de physiologie, pas un reflet de ses sentiments à votre égard.
- Ce n’est pas une attitude de rejet : s’endormir ne signifie pas qu’il s’ennuie ou qu’il se désintéresse de vous. C’est simplement un mécanisme naturel de récupération de son corps.
- Communiquez : si cela vous peine, exprimez-le sans reproche. Par exemple : « J’aime bien être proche de toi après l’amour, mais je me sens parfois un peu seule quand tu t’endors tout de suite. » Cette approche ouvre le dialogue sans jugement.
- Créez un rituel post-coïtal : vous pourriez convenir ensemble d’un rituel que vous aimez tous les deux après l’amour : un câlin, une discussion, ou le visionnage d’un épisode de série par exemple.
- Relativisez : si votre partenaire est attentif, aimant et présent au quotidien, le fait qu’il s’endorme après le sexe n’est probablement qu’une réponse physique naturelle.
Alors, n’était-ce pas une leçon de biologie passionnante ?
Ainsi, si vous vous êtes déjà sentie un peu blessée de voir un homme s’endormir aussitôt après l’amour, ou si vous êtes un homme qui s’est toujours demandé pourquoi son sommeil était si paisible après un rapport sexuel… désormais, vous connaissez la réponse !
Et pour toujours plus de plaisir :