Le sac ouvert (Orgie partie II)

 

J’étais très satisfaite de ma première orgie. Tout avait été agréable, le champagne était bon, les cigares de haute qualité et le taxi retour inclus. Manifestement, l’hôte m’avait apprécié, j’avais même la jalousie de soupçonner qu’il avait pris plus de plaisir que moi, qu’il savait mieux en profiter, que son expérience le rendait non pas plus sage mais plus amateur. Le lendemain je gardais la sensation du cunnilingus, jusqu’au soir où, bien qu’émoustillée de souvenirs encore odorants, je m’endormais souriante et sereine.

Le mercredi, je reçus un texto m’invitant à une nouvelle partie pour samedi. Ma chatte miaula.

J’arrivai cette fois-ci seule. Je portais un ensemble bordeaux et chair : un bustier avec un dos lacé et un slip tanga assorti. Par dessus, j’avais choisi une combinaison de couleur grise très claire avec les chevilles qui se resserrent, la ceinture élastique et les épaules élargies, mais en moins brillant. Pas mal d’hommes me jetèrent un œil déçu, déçus de ne pas voir clairement mes jambes, déçus de devoir deviner mes seins, fatigués de fantasmer, trop habitués à consommer sur place. Mon hôte m’accueillit avec une courtoisie joyeuse, me laissant m’installer, me proposant champagne et whisky en me tendant des cigares. Profondément assise dans un pouf, les jambes croisées, je parcourais le salon du regard, en me donnant des airs de nouvelle Emmanuelle. Quelques hommes vinrent à moi, nous plaisantâmes jusqu’à ce que ma fumée les indispose.

Puis T*** arriva. Heureux de me retrouver. Il était seul lui aussi. Nous trinquâmes au whisky, l’un au plaisir et l’autre aux plaisirs. Les derniers rayons de soleils disparaissaient, les rideaux se fermèrent et mécaniquement T*** commença à se masturber. Il suivait en cela ce qu’un jeune athlète avait déjà lancé à quelques mètres de nous. Je sais qu’il voulait que je le déshabille, mais je n’aimais pas ça. C’était souvent excitant d’ouvrir une chemise, de déchirer un maillot, mais c’était ridicule, pénible et rabaissant d’enlever le pantalon d’un mec ; pis encore, de lui enlever les chaussettes. Il se leva, dirigea vers moi son sexe bandé encore à moitié enfermé dans son falzar, espérant sans doute que j’allais le lui retirer et plier son linge en le suçant. Au lieu de ça je tirai une bouffé de mon cubain, puis mis en bouche une gorgée de single malt tourbé. Les lèvres pincées, j’y glissais sa bite, laissant le whisky la désinfecter éventuellement, la brûler peut-être, et lui donner un goût attrayant certainement. Puis j’ouvris la bouche pour laisser le restant de la salive fortement alcoolisée, couler sur son entrejambe, jusqu’au sol. Il sourit. Je me levais pour lui verser le restant de mon verre sur le pantalon. Puis, d’un parfait sourire symétrique, j’articulais sans un son « à poil ». Il s’exécuta. Rejouant la prêtresse, je fis glisser le zip de ma combinaison, de la gorge au pole sud. Je la fis tomber de mes épaules, dévoilant enfin mes dessous et observant les mines satisfaites des voyeuristes nous entourant. Je pris une laisse sur la table, la passai au cou de T*** et l’emmenai bandant dans une chambre.

J’aurais voulu une chambre peu éclairée, avec des hauts plafonds, des bougies scintillant dans quelques miroirs inclinés, et s’étouffant dans le velours des tissus d’ameublement. La chambre était trop illuminée, des bibelots étaient réunis en vrac sur une commode, et un matelas supplémentaire prenait la place restante à côté du lit. Dans ce cadre fonctionnel, T*** enfila un condom, se baissa pour me lécher les seins, puis le nombril, puis le minou. Je le regardais, assez satisfaite de mon état, sans plus de sensations, l’ayant déjà vu faire sur C***, comprenant que c’était son protocole exécutoire. Il m’allongea sur le lit et, aidé de la main, dirigea son pénis dans mon antre. Il était satisfait et moi j’eus mal. Non pas de sa brutalité ou de la taille de son mandrin (car T*** n’en avait pas une grosse) mais j’eus mal de sa précipitation. Un petit « Aïe » et c’était tant mieux, car le plaisir restait de toute façon le même. Si j’eus mal une seconde, même très naturellement lubrifiée, c’est parce que j’avais été très bien poncée pendant la dernière soirée. Ma vulve était encore fragile. Courte fragilité, certes ! mais assez pour un petit sursaut quand le petit zizi y entra.

Puis j’en eus assez de le voir suer devant moi. Je voulais fantasmer, imaginer un autre homme, ou un prince, ou une bête monstrueuse, ou un terrible démon. Une jambe après l’autre, je me retournais, pointant mon cul en direction de sa verge. Naturellement et assez agréablement, il me prit par les hanches, juste sur l’os, et me pénétra. Pas de sursaut ici mais le plaisir d’être occupée. Ça bougeait à l’intérieur, ça allait et venait sans jamais réellement partir. C’était comme des animaux amicaux qui joueraient dans mon âme. Je bougeais du cul, pour les faire rire, pour les surprendre, pour les faire tomber, pour qu’ils s’amusent bien en moi. Je me sentais remplie, j’étais un peu saoule, je respirais un mélange de mon eau de parfum, de whisky et de l’odeur corporelle que notre hôte laissait dans son lit, lorsqu’un couple entra.

La fille s’installa à côté de moi, sur le dos. Son partenaire, debout, commença à la labourer avec régularité en regardant alternativement ses seins, son clito et mon cul. Je m’approchais d’elle pour lui embrasser les seins. Les films pornos nous ont toujours raconté que ça excite les mecs, et ça n’a pas manqué, le mien éjacula presque immédiatement, le second tint peut-être une minute ou deux.

En attendant que les garçons repartent à l’assaut, nous nous amusâmes à jouer avec nos points érogènes et à nous masturber mutuellement par curiosité de découvrir par quelle dextre geste chacune éveillerait son clitoris à la jouissance. C’était amusant au début, mais rapidement, après quelques couinements un peu forcés, nous en eûmes assez. Ma partenaire fit semblant de jouir, moins pour moi que pour attiser la gente masculine qui se rinçait l’œil. Elle se leva comme une panthère, comme dans les films érotiques, posa un genou au sol, mis en bouche un pénis puis l’autre, et alterna en les regardant les yeux mi-clos, parce que ça fait croire qu’on apprécie la friandise, parce que ça nous laisse la possibilité de penser à autre chose de plus sérieux. Une fois les deux verges dures à souhait, elle quitta la pièce, à la recherche d’autres groupes à animer.

Le nouveau alla vers ma bouche, s’apprêtant à m’embrasser, mais il se souvint que cela ne se faisait pas ici. Alors il ne cessa de me fixer des yeux, puis regarda la racine de mes cheveux, une oreille, ma bouche, l’autre oreille. On aurait dit qu’il me dessinait dans son esprit. Il prit mes mains dans les siennes et regarda attentivement toutes mes lignes, mes plaines et mes vallées. T*** continuait de vivre le plus simplement du monde. Arrivant dans mon dos, il se colla à moi en pétrissant mes seins. C’était souvent agréable, mais là c’était déplacé : il en faisait trop, pour ressembler aux films X. Il voulut tenter une sodomie. Je sentais bien sa verge se plier et se ratatiner à l’entrée de mon anus. Comme répondant à une question je me retournais vers lui en posant une main sur sa tête pour fermement la diriger vers mon cul en reprenant le regard de celui qui ne cessait de m’épier. Je repris sa main et calmement je m’arrêtais sur cette image : un homme, face à moi, me dessine mentalement pendant que l’autre, à genou derrière, me lèche la raie. Mon cul aimait bien. C’était moins une sensation qu’un sentiment d’érotisme un peu vicieux. Je me détendais à sentir celui qui allait m’enculer faire une prière de remerciement anticipatif à mon cul. Il léchait de moins en moins, et commençait à fourrer la langue. Pendant ce temps je branlais le vit de mon inconnu. Il était plutôt laid de visage, des traits durs et inattendus, presque déformés. Par contre, il avait un corps d’athlète parfaitement ferme et gonflé. L’autre mit un doigt, puis deux, puis écarta doucement et pu enfoncer une langue très curieuse. Je la sentais dans mon intestin remuer contre le cadre intérieur de la porte. D’un pas en arrière, il s’assit, non sans me ramener en me tenant par les hanches. Ses doigts courageux écartèrent mes fesses, et il positionna son dard. Je m’appuyais sur ses épaules et décidai de le faire entrer doucement. Au début cela faisait mal, puis encore un peu plus, et après une longue seconde sourde, cela faisait autant de bien que dans le vagin. La magie opérant, j’aurais bientôt encore plus de plaisir que par devant. Patience, la jouissance était au bout du tunnel.

Nous y étions. Ma rondelle avait accepté l’intrus et s’était adaptée à ce dernier. Je l’entendais respirer comme un marathonien en me faisant sautiller sur lui. Je regardais ses poils désordonnés sur ses jambes. À chaque rebond, une vibration me parcourait les fesses, en vagues. Je me dis que c’était bon contre la cellulite. C’était d’ailleurs assez bon, tout court. Les petits chocs de ces bam-bam-bams continus finissaient par remonter jusqu’à mes oreilles ; je m’assourdissais. J’imaginais qu’il avait une belle vue, celle de mon cul gobant son pénis.

Je retirais mes escarpins, je me penchais en arrière pour m’appuyer sur ses épaules des deux mains, puis je posais mes pieds sur ses genoux, prenant ainsi le contrôle du mouvement. C’était plus fatigant, je ne jouirais pas, mais j’étais contente de sentir mon abricot ouvert au vent, mes seins tendus au ciel, mon ventre rentré, mes cuisses tendues et mes cheveux se coller à mon front et à ma gorge. J’étais belle et il était mon piédestal.

L’autre, l’athlète, réagit enfin, souriant et chaussé d’un condom, et les yeux fixés sur un objectif simple à atteindre : mon vagin. Il se positionna. Je m’allongeais sur T***. L’athlète pris mes jambes. Je tins son pénis et il entra un peu. T*** ne bougeait plus, ou plutôt il tâchait de bouger mais sans que son pénis ne fasse un quelconque mouvement. Il faisait semblant de continuer. L’athlète était maintenant au fond. Leurs bites s’écrasaient l’une contre l’autre, avec une fine membrane vagino-anale pour les séparer. Leurs couilles se disaient bonjour, sans doute même qu’elles se faisaient la bise. L’un était plus à l’aise devant, alors que l’autre derrière n’osait pas bouger, de peur d’être sorti et de ne plus avoir l’amplitude pour retourner au chaud.

Prise entre deux hommes, l’un touillant derrière, l’autre ramonant devant. J’étais en plein lâché prise. Les sensations se mélangeaient, s’amplifiaient. Au poids qui m’écrasait, au bruit des chocs répétés, aux petites insultes qui perlaient, aux odeurs de sueur qui me traversaient, je percevais la satisfaction d’être prise pour mon plaisir. Ils voulaient que je prenne plaisir, que je jouisse, que je sois heureuse. Ils avaient placé leur virilité dans l’éphémère bonheur d’une inconnue. Alors je les encourageais en leur parlant de mes trous ouverts pour eux, du profond plaisir, du spectacle de ma déchirure, de leur force, de leur virilité. Et, entraînée dans l’euphorie du sexe pour le sexe, j’en voulais plus. Ma main droite attrapa une tignasse de cheveux de T***, la gauche une de l’athlète et je les haranguais à propos de l’animalité que j’étais en droit d’attendre d’eux. L’athlète déchargea son feu d’artifice le premier ; il sortit et voulu se branler sur moi. Bien qu’il conservât sa capote, je ne voulais pas prendre le risque qu’il la retire pour admirer la pluie séminale qu’il aurait pleurée sur mon con. C’était nul. D’un coup de pied, je le repoussai clamant que je n’avais pas fini. Cet excès d’autorité plut à T*** qui en jouit immédiatement, débandant presque aussitôt. Deux hommes à terre et la bataille n’était pas finie. Deux inconnus arrivèrent, peut-être attirés par ma clameur.

Du même mouvement, je sortis de mon petit enculeur et repoussai facilement le premier inconnu sur le lit. Bien et durement membré, mon bassin l’avala d’un mouvement. L’autre comprit l’appel et entra presque immédiatement par-derrière. Ces deux-là se connaissaient bien, car ils avaient un mouvement régulier, coordonné et fort. Je n’étais plus au stade du plaisir. Je ne pourrais plus atteindre l’extase. J’étais dans l’incarnation de la volonté d’être défoncée. Et je l’étais. Le voyou d’en haut eu l’idée d’ajouter un doigt. L’écartement se faisait. Puis deux. Et je me sentais comme dans un vêtement trop serré. Puis trois doigts accompagnaient sa bite pour me passer le rabot de l’intérieur. Mon anus séchait vite, il ajoutait régulièrement du lubrifiant. Je me sentais ouverte, et capable de plus encore, je me sentais forte dans la capacité d’absorption d’un mec, capable d’avaler la force, capable de résister à toute épreuve animale. Je me sentais réalisée comme trou. Mon cul avait atteint une force martiale, en vide.

Le voyou d’en haut dut y penser lui aussi. Il retira sa bite pour y mettre ses cinq doigts et chercher avec vice et sadisme à y entrer sa main. J’avais atteint le maximum. Après, c’était la déchirure. J’étais à cette frontière où au-delà le plaisir disparaît définitivement ne laissant que la douleur. Ce chacal n’en restait pas là, il entra sa queue dans ma chatte, déjà occupée. Et je me voyais sur l’échafaud, doublement empalée par-devant, et tenue comme une marionnette par-derrière. Entièrement remplie, j’allais exploser, et je restais en suspens de ce trop-plein, cherchant à respirer le moins possible, de peur qu’une goutte d’air me tue, contemplant ce fragile moment d’apesanteur, n’osant ouvrir les yeux de crainte que la lumière ne m’enflamme. J’étais dans une douloureuse jouissance qui n’était pas montée progressivement, qui était apparue de trop en trop. Doucement, par à-coups suffoqués, je m’écrasais sur l’épaule du voyou d’en bas. Je me sentais comme un sac, un beau sac en cuir, un superbe sac ouvert.

Tellement absente, ils semblaient m’avoir oubliée. Je les entendais murmurer des compliments qui ne m’étaient pas adressés. Ils étaient sans doute en couple. Celui d’en haut jouit en déclarant que j’étais superbe et bonne. Celui d’en bas en fit autant en nous déclarant parfaits tous les deux. Je me laissais rouler sur le côté, dans un état de fatigue rarement atteint. Ils m’embrassèrent sur la joue et partirent après m’avoir bordée d’un drap. Je devais être belle comme une accidentée de la route oubliée sur un brancard, immobile comme dans le coma, profondément esquintée, incapable de recommencer, abîmée, inquiète des séquelles, heureuse des blessures.

Fin

BénédicteArticle écrit par Bénédicte

Parisienne de 25 ans, de tendance bi, Bénédicte s’habille d’un minimum de tabou, pour vivre ses expériences amoureuses.

Journaliste lifestyle et sexo sur Ô Magazine, elle joue de cet espace privé pour vous raconter sa sexualité curieuse, intense et parfois dangereuse.

Philosophe excentrique, Bénédicte n’est pas qu’excitante, elle est un piège.