Un Chant Ensorcelant

Depuis quelques semaines, Éric s’est retiré dans une petite maison au bord d’une falaise avec vue sur la plage. Tous les soirs, il s’assoit sur le perron pour admirer les vagues frapper les rochers et déposer quelques débris sur le sable. Il écoute le bruit du vent et a toujours l’impression qu’une voix s’y mêle, douce et apaisante. Ça lui fait du bien après avoir vécu toute sa vie dans le brouhaha de New York.

Ce soir, la voix se fait plus proche. Elle se détache du vent et des vagues, presque réelle. L’eau laisse habituellement derrière elle des carcasses de poisson, des coquillages, des algues. Mais l’instant d’une seconde, il croit avoir aperçu une silhouette. Ce doit être l’abus de son Chivas. Il regarde son verre et scrute la plage à nouveau; plus rien. Il est temps de fermer la bouteille et d’aller se coucher.

En se levant, il la voit, là, sur sa plage, marchant nue. Elle avait la grâce et la légèreté d’une nymphe. Il n’avait pas rêvé. Elle avait bel et bien échoué avec la dernière vague. Éric était intrigué par cette femme. Est-ce elle qu’il entendait chanter chaque soir? Il commençait à se poser des questions sur sa santé mentale. Trop longtemps seul, reclus, à admirer la mer chaque soir lui faisait croire qu’il venait de voir une sirène! Mais elle marchait sur deux jambes, comme un humain. Il reste quand même qu’il devait élucider ce mystère ne serait-ce que pour se prouver à lui-même que les contes de fées n’existent pas.

Il pose la bouteille sur la table et descend sur la plage discrètement pour ne pas lui faire peur. Vêtu seulement d’un maillot et pieds nus, il ne devrait pas faire trop de bruit en marchant. Il se rapproche le plus possible d’elle sans se faire voir. Elle est assise et dessine dans le sable tout en chantant. Sa voix est envoutante, presque ensorcelante. Plus il se rapproche et plus il a envie de la toucher, de la prendre, de la suivre. Il se sent vaciller dans un autre monde, une autre réalité. C’est à peine s’il se souvient que sa maison est tout près et qu’il n’a qu’à rebrousser chemin pour reprendre ses esprits. Mais il n’en a pas envie. Il la veut, elle.

Il s’arrête sur un petit rocher, s’assoit et la regarde. Elle est nue, des cheveux longs, brillants comme la lune descendant en pointe jusqu’au commencement de la fente entre ses deux fesses. Il y a quelques petites fleurs et des coquillages minuscules accrochés sur des mèches ici et là. Sa peau est couleur ivoire, comme si elle avait été façonnée dans le coquillage le plus magnifique. Elle a l’air d’un ange, une beauté pure et brute que rien, ni aucune épreuve ni aucun temps n’a altéré.

S’il reste encore sur ce rocher, elle va finir par s’en rendre compte. Depuis combien de temps il est là, il ne sait plus. Éric est hypnotisé par cette femme. À tel point qu’il ne réagit même pas lorsqu’elle arrête de chanter, se lève et se dirige tranquillement vers lui. Il reste assis alors qu’elle est là, debout, à quelques centimètres de lui. Elle lui fait signe de se lever. Il revient peu à peu à la réalité puisque son chant s’est arrêté. Il n’y a que les sirènes qui ont le pouvoir d’ensorceler les hommes ainsi avec leur voix et leur beauté. Nul doute maintenant; c’en est une !

Leurs regards se croisent. Elle a les yeux bleu gris comme l’océan. Ses cheveux blonds comme le blé tombent de chaque côté de son visage et cachent la pointe de ses seins. Il l’appellerait Sirenia, puisqu’elle ne parle pas.

Éric prend une mèche et la déplace de façon à pouvoir contempler son mamelon pointant vers lui. Il est d’un rose à peine plus foncé que sa peau. Il a envie de la toucher; elle a l’air si douce. Mais quelque chose l’en empêche, comme s’il avait peur de toucher un fruit défendu. Si jamais il la brusquait, Poséidon lui-même pourrait déchainer les eaux et le noyer dans les profondeurs des abimes. Il préfère la regarder et l’admirer pendant des heures et attendre qu’elle vienne à lui.

Elle pose une main sur son torse et semble se questionner sur la raison de ce petit duvet frisé noir qui pousse par-ci par-là. Éric est amusé et lui sourit. Elle lui rend un petit sourire timide. Elle parcourt le haut de son corps, ses épaules, descend sur ses bras jusqu’à ses mains. Elle prend ses deux mains et les lui dépose sur ses seins. Il avait raison; sa peau est douce comme celle d’un nouveau-né. C’est presque irréel. Il commence à la caresser, parcourant toute la rondeur de ces deux monts avec le bout de ses doigts en s’attardant quelques secondes sur leur sommet. Sirenia a l’air d’aimer. Elle ferme les yeux et sa respiration se fait plus forte. Éric bande. Voir cette beauté se laisser aller sous ses caresses commence vraiment à l’exciter. Il remonte vers ses épaules et glisse ses cheveux vers l’arrière. Il dépose une main sur sa joue et approche doucement son visage du sien. Elle comprend le geste et dépose ses lèvres sur celles d’Éric. Le baiser se fait doux, léger, lent, très lent.

Elle a le goût de toutes les saveurs de la mer qui font d’elle une pure merveille. Ce baiser fait naître en elle une foule de sensations qu’elle ne connaissait pas. Ses frissons n’étaient pas dus à la brise venant du large et ses jambes en compote qui avaient de la misère à la supporter n’étaient pas à cause de sa maladresse à marcher. Elle sent toutes les nuances du plaisir lui traverser le corps. Tout ça après un simple contact de leur bouche. Elle en veut plus. Elle se colle contre lui et sent l’érection d’Éric contre son pubis et fait un petit saut. Ça aussi, c’est nouveau. Éric lui agrippe les deux fesses pour la maintenir collée contre lui. Il a envie de s’allonger sur elle et de lui faire l’amour, sur la plage, comme on voit dans les films.

Comme si chacun lisait les pensées de l’autre, ils s’allongent sur le sable. Les vagues dansent sur le sable, mais ils sont encore assez loin pour ne pas se faire submerger. Leurs baisers et leurs caresses semblent durer des heures. Éric balade ses doigts sur tout son corps et se faufile entre ses jambes.

Son pubis est aussi doux et soyeux que le reste de sa peau. Les poils ne poussent donc pas du tout sous l’eau. Ses doigts dansent sur son clitoris et à chaque mouvement, se rapprochent de l’entrée de sa caverne. Il se demande si ce qu’elle y cache comme trésor et s’en va explorer. Un petit cri sort de la bouche de Sirenia. Éric veut qu’elle chante pour lui alors il la pénètre avec deux doigts et commence à faire des mouvements de va et vient lents tout en caressant son clitoris avec son pouce.

La respiration de la belle se fait plus rapide et plus saccadée mais aucun son ne sort. Faire l’amour en silence est assez inhabituel pour lui mais il ne déteste pas. Ça laisse planer le mystère entre eux, quelque part entre le mythe et la réalité. Il a envie d’être en elle maintenant. Il retire ses doigts de son vagin et relève un peu le bas de son corps pour pouvoir enlever son maillot. Sirenia en profite pour prendre la situation en main, le pousse et le met sur le dos à côté d’elle. Elle est maintenant assise sur lui, prête à s’empaler, mais elle regarde son membre dur et voudrait le caresser, découvrir cette chose qu’elle n’a pas.

Les sirènes mâle n’ont pas de pénis alors comment peuvent-ils faire l’amour? Est-ce qu’il suffit simplement de sortir de l’eau et prendre une forme humaine? Elle ne s’en rend pas compte car elle en voit un pour la première fois. Elle parcoure le long de sa verge et lui malaxe les testicules comme quelqu’un qui a de l’expérience. Éric n’en peut plus !

Il attrape ses hanches et la soulève pour pouvoir entrer en elle. Elle est tellement mouillée qu’il n’y a aucune résistance. La sensation est assez forte pour lui faire sortir un cri de plaisir. Elle comprend tout de suite qu’il faut bouger les fesses, onduler le bas du corps et faire des mouvements de va-et-vient pour faire monter le plaisir. Plus elle est excitée, plus elle mouille et plus il est facile d’accélérer la cadence. En quelques minutes l’orgasme arrive tel un tsunami et ils jouissent en même temps. La sirène jouit en silence alors qu’Éric sort des sons rauques et primitifs. Après que la vague est passée, elle s’allonge à côté de lui, se blottit au creux de son épaule et s’endort.

Éric ne sait pas depuis combien de temps ils sont ainsi. Il regarde les étoiles alors qu’elle sommeille toujours au creux de ses bras lorsque qu’une sensation humide le ramène à la réalité. Il sursaute lorsqu’il voit la longue queue de poisson d’un vert émeraude lui frôler les orteils. Sirenia dort toujours. Les vagues vont maintenant jusqu’à eux. Lorsque les sirènes ont la forme humaine, il suffit qu’elles mettent les orteils à l’eau pour retrouver leur queue. Il la contemple de tout son long avec un émerveillement de petit garçon. Une plus grosse vague réveille sa créature et en voyant qu’elle est redevenue sirène, elle panique et se réfugie dans la vague qui la transporte au loin. Éric n’a même pas le temps de lui dire au revoir.

Chaque soir, il s’assoit sur son perron avec son verre de Whisky espérant revoir Sirenia. Il commence à se demander s’il n’a pas rêvé d’une sirène et si la solitude ne le rend pas fou lorsqu’un soir, il entend une voix au travers du bruit des vagues. Elle est là, assise sur un rocher perdu au milieu de l’eau. L’eau est suffisamment peu profonde pour la rejoindre. Il laisse son verre tomber par terre et court vers elle. Elle le regarde venir sans fuir et sans s’arrêter de chanter. Il s’arrête devant le rocher, la regarde intensément comme lorsqu’on retrouve quelqu’un perdu depuis des lustres. Il peut lire de la tristesse mêlée à de la joie dans son regard. Pourquoi ne peut-elle pas parler et lui expliquer pourquoi elle n’est pas revenue depuis tout ce temps ? Avec un geste timide et un peu effrayé, il dépose une main sur ses écailles. Il s’imagine toucher quelque chose de visqueux et mouillé mais c’est aussi lisse et soyeux que sa peau.

Sirenia continue de chanter et se penche pour l’embrasser. Son chant ne s’arrête pas malgré leurs lèvres mêlées l’une à l’autre. Ensorcelé par son chant, Éric ne s’aperçoit pas qu’elle le guide au fond des mers. Elle a senti une solitude en lui, la même qu’elle ressentait jour après jour depuis qu’ils avaient fait l’amour. Elle ne pouvait plus vivre sans lui alors ce soir, elle est revenue pour être à ses côtés, éternellement.

CindyArticle écrit par Cindy

Comptable de jour, rêveuse de nuit. Cindy nous livre ses fantasmes à travers ses nouvelles remplies d’érotisme, d’aventures et bien sûr, de sexe !