Plaisirs Lesbiens

Une Extase Masquée

 

Je connaissais parfaitement ma réputation auprès de mes trois amies, et j’en ressentais une certaine fierté. Je savais que ma vision libérée du sexe me valait une certaine admiration de leur part et même si elles étaient incapables de suivre un chemin similaire, j’étais celle à qui elles demandaient conseil dès lors qu’une question de stupre les agitait.

Plaisirs Lesbiens

« Et toi Caroline ? Il a bien dû t’arriver une bonne dizaine d’aventures aux rebondissements intéressants… me demanda Jeanne. »

L’ambiance de gaieté un peu mise à mal par le récit de Camille avait besoin d’être réinstallée et Jeanne cherchait visiblement un moyen de changer de sujet pour de bon. J’avais effectivement plusieurs histoires à leur proposer. Je choisis l’une des plus récentes, et sans aucun doute parmi les plus étonnantes…

« Je vais vous raconter une des plus belles expériences érotiques que je n’ai jamais vécue. Elle ne s’est déroulée ni dans un pays lointain comme Jeanne ni sur un magnifique bateau comme Camille, mais dans une modeste maison de campagne, quelque part dans un hameau alsacien dont j’ai oublié le nom. Une amie d’amis y organisait un week-end festif sur le thème du « carnaval de Venise ». J’avais bien sûr refusé poliment cette invitation qui comportait deux éléments me faisant parfaitement horreur : passer tout un week-end avec des inconnus et devoir me déguiser.

Mais c’était sans compter sur l’appel du cœur et du corps. Il y avait en effet dans le groupe d’amis de l’Alsacienne, un garçon loin de me laisser indifférente. Je sortais d’une rupture un peu houleuse et la perspective de conquête de ce délicieux jeune homme me semblait valoir la peine de côtoyer quelques inconnus le temps d’un week-end costumé. Quelques jours avant la date fatidique, j’informai donc mon amie de ma présence et je louai un costume à la fois parfaitement vénitien et résolument sexy.

A mon arrivée dans cette vieille et jolie maison de campagne avec l’amie qui faisait le lien, la maitresse des lieux nous pria d’enfiler d’abord nos costumes avant de rejoindre le reste des invités dans la salle de réception, afin que l’ambiance reste vénitienne du début à la fin. Notre hôte nous mena à notre chambre et je passai rapidement mon costume, impatiente d’aller me pavaner dans ma longue robe noire et sous mon masque de velours afin de me faire remarquer par le beau jeune homme convoité. Évidemment, les choses ne se passèrent absolument pas comme prévu…

– L’Apollon avait fait faux bond ?

– Exactement, Ana. En fait, il n’avait jamais été question qu’il vienne. Je m’en étais persuadée parce que je le savais ami avec l’organisatrice du week-end. Mon désir d’aventure s’était ensuite occupé de fabriquer le reste. L’amie qui m’avait accompagnée tenta de me remonter le moral, mais j’étais trop en colère contre moi-même et contre les motivations futiles qui m’avaient conduites dans ce village alsacien. Pendant que la soirée se déroulait dans la bonne humeur vénitienne, la quarantaine de convives riant, parlant, buvant, dansant… je maugréais dans un coin, assise sur une chaise, dans ma robe ridiculement sexy.

C’est alors que je l’ai remarquée. Ce qui attira mon attention surtout, c’est qu’elle était comme moi, immobile dans un coin, le dos appuyé contre un mur, observant la fête sans réellement y participer. Comme tous les invités, elle portait un costume vénitien, une belle robe noire et dorée, très simple, et un loup couvrant la moitié de son visage et par dessus lequel un léger voile en dentelle accentuait la touche un peu mystérieuse. Elle avait une élégance aussi étonnante qu’évidente. Je ne voulais pas passer la soirée à me morfondre sur ma bêtise, je partis donc à sa rencontre avec l’envie d’en savoir un peu plus sur elle.

Je pris une coupe de champagne et la rejoignis près de son mur. Elle semblait contempler la petite foule qui dansait devant nous avec une indifférence teintée de mélancolie. J’engageais la conversation avec une question banale, probablement à propos de la soirée, de qui elle connaissait, si elle était contente d’être là… Elle tourna sa tête vers moi et murmura quelques mots. Je fus immédiatement saisie par la pureté de sa voix. Elle prononçait ses phrases en un seul souffle tranquille avec des intonations apaisantes et un timbre grave et profond. Il était impossible de détourner son attention de cette voix majestueuse et je tombais immédiatement sous le charme. Nous parlions de tout et n’importe quoi, de ce qui nous avait conduit dans le fin fond de l’Alsace, de nos vies, de nos rêves, de nos amours… Je cherchais toujours de nouvelles questions à lui poser pour emplir mes oreilles du son voluptueux de sa voix.

Comme la musique était un peu trop forte, elle me proposa d’aller dehors pour continuer notre conversation. Il faisait maintenant totalement nuit, une nuit chaude du milieu de l’été, et assises sur un banc de pierre au milieu du gazon avec nos loups sur le visage, la tournure devint alors plus romantique, plus sensuelle. Je la faisais parler encore et encore, hypnotisée par sa voix qui vibrait en moi et je ne parvenais plus à quitter des yeux le mouvement de ses lèvres susurrant des phrases dont le sens m’échappait mais que j’écoutais comme une mélodie exceptionnelle. Subjuguée par ses paroles, je n’avais pas sentie le rapprochement de son corps contre le mien, de sa cuisse qui touchait maintenant la mienne. Sans doute enhardie par ma passivité dans ce rapprochement progressif, elle prit finalement ma main dans la sienne et l’embrassa tendrement. C’est à cet instant seulement que je pris conscience que je l’avais laissée faire sans réagir. Comme je cherchais comment lui expliquer que je n’éprouvais pas d’attirance pour les femmes, elle pencha son visage masqué vers le mien et glissa quelques mots dans le creux de mon oreille. Sa voix ensorcelante et si proche me figea et alors que j’entrouvrais la bouche pour tenter de dire quelque chose, elle y engouffra sa langue et m’embrassa doucement, langoureusement, paisiblement, avec la même chaleur envoutante qu’elle savait mettre dans sa voix. Mon corps tout entier frissonnait, plus rien n’était réel, j’embrassais un fantôme vénitien à la voix fantastique et ce fantôme était une femme…

L’aventure me grisait, la situation m’excitait et je lui rendais son baiser avec la même ferveur. Elle parcourra ensuite mon cou avec ses lèvres et je la suppliais de me parler, de ne pas arrêter de faire sonner le timbre de sa voix pendant ses caresses et comme elle obéissait, je me retrouvais à nouveau saisie d’un vertige plus grand, prise par un désir aussi nouveau qu’irrésistible. Lorsque je retournai quelque peu à la raison, nous étions maintenant toutes les deux étendues sur l’herbe tiède, et de ses doigts agiles, elle détachait les agrafes de ma robe. Toutes les deux entièrement nues, enlacées l’une à l’autre, nous nous noyions chacune dans nos baisers fougueux. Elle décolla ensuite sa bouche de la mienne et parcourut mon corps de caresses du bout de ses doigts, de ses lèvres et de sa langue. Ses mouvements rapides et sensuels étaient aussi étranges à observer que délicieux jusqu’au fond de ma chair. Avec une dextérité exceptionnelle, elle passait d’une zone sensible de mon corps à une autre, comme une pianiste prodige effleurant un clavier pour en faire sortir toute la puissance mélodique. Tout le potentiel de délice dont mon corps était capable se réveillait sous ses doigts.

Du poignet jusqu’à la cheville, du nombril jusqu’au genou, des zones du corps dont j’ignorais les plaisirs se révélaient sous ses caresses multiples et aériennes. J’étais transportée dans un autre monde, les yeux à demi clos vers le ciel étoilé, goutant à une extase subtile et délicate que je découvrais pour la première fois. Tandis que j’observais le ciel en silence, béate de plaisir et d’ivresse, une petite décharge de plaisir plus intense, plus profonde, plus directement sexuelle vint envahir mon bassin. Puis une autre, plus forte encore, puis encore une autre toujours un peu plus puissante… Cette montée de jouissance progressive fit alors cambrer mon bassin, trembler mon corps. Comme je voulus serrer les cuisses par un réflexe de plaisir, je compris d’où venait cette explosion soudaine : sa bouche couvrait entièrement mon sexe et sa langue venait s’abattre, avec une fougue somptueuse et une précision infernale, sur mon clitoris, soulevant mes lèvres, pressant au millimètre à l’endroit parfait, remontant quand il fallait, enfonçant la langue plus en avant dès que nécessaire… C’était irréel : derrière ce masque vénitien se cachait une maitrise parfaite et presque divine des jouissances du corps.

L’escalade de plaisir continuait et je cherchais maintenant à toucher son corps à le sentir près de moi car je voulais le saisir et l’embrasser pour calmer le désir qui me brûlait. Tout en continuant de faire virevolter divinement sa langue entre mes cuisses, elle bougea progressivement son corps et dès que je vis sa cuisse près de mon visage, je l’attrapai rageusement et plongeais à mon tour ma langue dans son sexe. Elle arrêta alors quelques secondes ses caresses, soupirant et gémissant sous mes assauts sur son clitoris. Ma bouche gourmande saisissait pour la première fois un sexe féminin et mon excitation était à son comble. Je serrais ses fesses dans chacune de mes mains, comme pour ne pas laisser son sexe se décoller de ma bouche et ne rien perdre du doux liquide qui en sortait.

Lorsque nos corps épuisés et transis cessèrent enfin leurs caresses, le soleil était sur le point de se lever. La maison était silencieuse, sans que nous ne puissions dire à quelle heure la fête s’était terminée. Les nuits d’été alsaciennes n’étant pas les plus chaudes, nous étions maintenant serrées l’une contre l’autre, toujours nues, nos robes nous servant de couverture. Malgré la sensation de bienêtre et de plénitude, si nous ne voulions pas terminer ce week-end si bien entamé en tombant malade, il fallait rejoindre nos chambres. C’est à ce moment que j’ai compris.

– Que tu as compris quoi ? demanda Camille. »

J’avais laissé volontairement un temps dans mon récit pour obliger mes spectatrices à réclamer la suite. Je bus une gorgée de café et terminai mon histoire.

« Nous nous étions toutes les deux rhabillées, prêtes à rejoindre la maison silencieuse afin de nous glisser dans des draps plus accueillants que l’herbe couverte de rosée. Comme je commençais à avancer, je constatai que ma mystérieuse amie était restée sur place, immobile. Elle avait toujours son loup sur le visage et elle me souriait. Avec sa voix envoutante, elle murmura : « Je vais avoir besoin de ton aide Caroline, maintenant que la maison est silencieuse ». Il me fallut encore quelques instants pour comprendre : derrière ce masque vénitien recouvert d’une dentelle noire, ses yeux ne voyaient pas. Elle était aveugle. Rien dans l’obscurité de la soirée ou dans nos enlacements de la nuit n’avait pu me donner le moindre indice et comme elle ne m’en avait rien dit, à aucun moment je ne m’étais doutée de ca cécité. Je ne sais pas si c’était là l’origine de son excellence dans l’art de caresser ou de la beauté du timbre de sa voix, mais elle m’avait fait passer une nuit à la sensualité exceptionnelle et ce week-end alsacien masqué devait rester à jamais gravé dans ma mémoire autant que dans mon corps. »

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