- Lire la première partie de l’histoire : Odieux Plaisirs – Partie 1
Barnabé était serein, sûr de lui. La nervosité de la journée l’avait quitté. Il était déterminé et cette certitude le rendait fort. Il ne pensait plus, il n’était plus assailli par les doutes de sa conscience. Il contemplait sa jolie voisine en train de dormir. Il jeta un œil à l’heure sur le réveil. Il attendrait une demi-heure. Pour être sûr qu’elle dormait profondément.
Cinq minutes avant que l’heure choisie ne s’affiche, il commença à saliver. Le désir le faisait frissonner. Ce n’était plus une envie dont il voulait se débarrasser, au contraire. Il la savourait. Il se leva doucement, s’approcha du lit et souleva les draps sans bruit. La jeune femme eut un léger mouvement, mais elle dormait toujours, allongée sur le dos. Il souleva le bas de sa chemise de nuit, dévoilant son sexe si merveilleux. Barnabé sentait les larmes embuer ses yeux invisibles. Il approcha son visage de ces lèvres intimes offertes et les huma à pleins poumons. Quelle odeur divine… Il les effleura du bout de sa langue et une vague chaude l’envahit aussitôt. La jeune femme esquissa un nouveau mouvement dans son sommeil.
Barnabé retint son souffle, attendant d’être certain qu’elle ne s’était pas réveillée. Il souleva ensuite davantage la chemise de nuit et glissa ses mains sur les deux seins endormis. Son sexe était dur comme la pierre et il avait de grandes difficultés à contrôler sa respiration. La voisine était profondément endormie et elle ne réagit pas aux doigts qui se fermaient doucement sur ses seins.
Barnabé devait contrôler sa fougue, prendre son temps. La sensation de danger et la patience dont il fallait faire preuve l’excitaient et l’agaçaient en même temps. Mais ces seins tellement doux sous ses mains invisibles firent chavirer sa raison. Il les pressa plus fortement encore, les malaxant avec rage, puis il aspira un téton dans sa bouche, puis l’autre… La voisine fronça les sourcils dans son sommeil sans se réveiller encore. Barnabé était déjà allé beaucoup trop loin. Il le savait, il refusait d’y penser. L’alcool n’avait pas encore quitté complètement son cerveau et l’ébriété nourrissait les noirceurs de ses actions, empêchant sa conscience de le retenir.
Alors la tête fourrée entre ces seins veloutés et superbes, il écarta les cuisses de la jeune femme à l’aide de ses genoux et la pénétra sans ménagement. C’est à cet instant qu’elle ouvrit les yeux. Il la pilonna alors avec une énergie mauvaise, libérant toutes ses frustrations accumulées en la regardant droit dans les yeux. Au moment où elle s’apprêtait à hurler, il plaqua sa main invisible contre sa bouche sans cesser ses va-et-vient violents. Il pouvait lire la terreur dans ses yeux, et il aimait cette sensation de pouvoir.
Il poussa des gémissements graves, inquiétants, dans le but sournois d’attiser encore davantage sa peur. Elle ne bougeait pas, cherchant à se réveiller de ce cauchemar insupportable. Une bête immonde qu’elle ne pouvait pas voir était en train d’abuser de son corps, de le souiller. Que faire contre pareille abomination sinon attendre que le monstre se soit repu ?
Barnabé poussa un gémissement rauque au moment où sa semence se répandit au fond des entrailles de la jeune femme tétanisée. Il resta un instant sur elle à savourer son plaisir, à l’observer dans sa rigidité immobile. Puis il retira son sexe très lentement, pour sentir une dernière fois les parois de son intimité se frotter contre son pénis. Et il sortit du lit. La jeune femme était pâle, les yeux hagards et sa respiration saccadée. Elle murmurait des phrases inaudibles et son corps commençait à trembler. Barnabé se dépêcha de sortir. Un goût amer se répandait sa bouche, et il savait que plus il resterait, plus cette amertume se glisserait dans tout son être et ne le lâcherait plus. Le remord de ce qu’il venait de faire tentait de lui gâcher son plaisir.
Le lendemain matin, le soleil pointait déjà haut lorsque Barnabé émergea de son lit. Un mal de crâne sévère obscurcissait ses pensées et ce ne fut qu’après une tasse de café serré que l’odieux crime qu’il avait commis la veille lui revint à l’esprit. Il se précipita dans la salle de bain pour vomir. Le dégoût de lui-même d’abord. Puis la peur. Et si elle allait trouver la police ? L’évocation d’un agresseur invisible décrédibiliserait son témoignage, mais il suffirait qu’un médecin l’examine pour trouver des traces de violence et on mettrait alors cette histoire d’invisibilité sur l’état de choc. Et il avait largement répandu son ADN dans le corps de cette femme.
Il prit une douche glacée, une poignée d’antidouleurs et sortit prendre l’air pour mettre de l’ordre dans ses idées. Même s’il croisait la voisine, il n’avait rien à craindre, elle n’avait aucun moyen de l’identifier. Et même si la police s’en mêlait, il lui suffirait de se concocter une quantité suffisante de son breuvage d’invisibilité et de disparaître pour toujours. Cette perspective le rassura et il quitta son appartement le cœur plus léger.
En sortant de l’immeuble, il trouva la gardienne pleurant à chaude larme. Un mauvais pressentiment. Avec une voix doucereuse, il lui demanda ce qui la mettait dans un tel état… C’était la petite du quatrième, elle était devenue folle. On l’avait retrouvée errant dans la rue en chemise de nuit. Elle hurlait des phrases incohérentes et des ambulanciers l’avaient embarquée.
Barnabé fut pris de sueurs froides. Il questionna encore la gardienne : quel genre de phrases avait-elle prononcée ?
— C’était horrible, Monsieur Barnabé, horrible. Je l’ai vue se tordre de douleur et d’épouvante, les yeux révulsés. J’ai tenté d’aider les ambulanciers, de lui parler pour la calmer, mais rien n’y faisait, elle criait sans cesse les mêmes mots atroces.
Barnabé sentait ses jambes fléchir. Sur un ton plus sec que la gardienne ne releva même pas, il lui demanda à nouveau quels étaient ces mots.
— Le diable, Monsieur Barnabé, elle disait que le diable en personne était venu posséder son corps !
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